CE QUE JE PENSE
LA DIASPORA VEUT METTRE HAÏTI DEBOUT
Par Pierre Robert Auguste
Fatigués de voir des dirigeants haïtiens « à plat ventre ou à plat dos », selon la fameuse expression de Sténio Vincent, des leaders de la diaspora se concertent, ouvrent le dialogue, l’amplifient et appellent, avec les meilleures dispositions, à mettre HAÏTI DÉBOUT, aussi verticale, unie, solidaire qu’elle s’était dressée le 1er janvier 1804 aux Gonaïves face à un monde inégalitaire, esclavagiste, colonialiste, pour défendre la dignité humaine universelle. Il faut redresser notre pays à la hauteur de sa naissance glorieuse.
Il convient enfin de donner corps et âme au régime républicain voulu par nos aïeux, une nation existant non pour un petit groupe, mais pour tous ses fils, qu’ils soient noirs ou mulâtres, riches ou pauvres, quelle que soit leur origine sociale, leur fortune, leur statut ou leur référence patronymique.
Une telle incarnation, si incarnation il y a, bien comprise et assumée, aura besoin, pour s’enraciner socialement, d’un régime politique fondé sur les vertus citoyennes, l’intégrité, la compétence, la grandeur d’âme, une haute sensibilité sociale. Or, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et le gouvernement actuel, marqués par des tendances prédatrices, une insouciance humaine et sociale, sont anachroniques, inacceptables et insupportables. Encore deux mois de plus, et les Haïtiens devront se nourrir de chair humaine, de poussière, des fientes de l’aide internationale.
D’abord, pour ne pas sombrer dans une logorrhée répétitive, la diaspora haïtienne doit prouver sa détermination à prendre en main le destin et la destinée de son pays. L’unité est essentielle, et il faut bannir – ou du moins repousser – toute discordance tapageuse et démonstrative. Ensuite, en joignant l’acte à la parole, elle doit mobiliser ses propres fonds pour la reconstruction du pays, et plus précisément, la refondation de la nation. L’investissement direct de la diaspora entraînera celui des étrangers.
Deux orientations peuvent être assignées :
- Une orientation générale, destinée aux grands travaux d’intérêt national.
- Une orientation optionnelle, liée à des interventions spécifiques, résultant d’un groupement d’Haïtiens partageant une même origine territoriale.
Par exemple, les originaires d’une même ville peuvent se cotiser et soutenir un projet en faveur de leur localité :
- Les Gonaïviens financent un projet aux Gonaïves.
- Les Capois financent un projet au Cap-Haïtien.
La crédibilité de ces initiatives repose sur un principe fondamental : tout doit transiter par la Banque centrale. Il reviendra aux spécialistes financiers haïtiens de s’atteler à cette tâche.
Un facteur préoccupant demeure : la menace d’expulsion des immigrants haïtiens visés par les mesures vindicatives de l’ancien président américain Donald Trump. Il est impératif de négocier un moratoire en leur faveur, tout en acceptant d’exclure ceux considérés comme hors-la-loi. Parallèlement, des mesures doivent être prises en Haïti pour leur réhabilitation et leur réinsertion.
Être Debout, c’est savoir élever sa dignité à la respectabilité, coopérer sans être dépendant, reconnaître ses besoins sans s’en décharger sur autrui. C’est être bon sans commettre le mal, être solidaire sans être faible, être courageux sans être arrogant ni prétentieux. C’est savoir être utile au bien-être des autres sans se laisser exploiter ni abuser. C’est comprendre que le pouvoir est une fonction et non une propriété.
Être Debout, c’est pouvoir rester grand même dans l’adversité. C’est aimer son pays, être fier de son origine et travailler à son prestige. C’est vouloir être Haïtien, toujours, d’abord Haïtien, fils de la Première République noire.
Gonaïves, le 11 février 2025
Pierre Robert Auguste
