une minute de la redaction
Prisonnier d’une crise sans précédent, Haïti se trouve doublement bloqué. Alors que la violence des gangs s’abat sur Port-au-Prince, laissant peu de place à l’ordre institutionnel, le pays est physiquement et symboliquement isolé. La frontière avec la République dominicaine est fermée, privant les Haïtiens d’un passage vers un sentiment de sécurité. En mer, les côtes sont gardées par des dispositifs maritimes américains, empêchant toute fuite. Ce blocus informel s’apparente à un huis clos pathétique, où la population déjà exsangue est abandonnée à son sort, piégée dans un territoire qui s’effondre.
Les Nations Unies, par l’intermédiaire d’Antonio Guterres, ont tiré la sonnette d’alarme. Selon les derniers rapports, Port-au-Prince est presque entièrement sous le contrôle des gangs. Mieux équipés et mieux organisés que la police nationale, ils font la loi dans une capitale qui bascule dans l’anarchie. Pourtant, l’appel à une intervention internationale se heurte à une certaine inertie. Une force multinationale, bien que promise, ne suffit pas à enrayer la spirale de la violence. Pendant ce temps, les Haïtiens subissent en quasi-impunité les enlèvements, les pillages et les meurtres.
Mais le paradoxe qui caractérise Haïti se manifeste aussi dans la démesure. Alors que le pays croule sous le poids d’une crise sécuritaire et humanitaire, le gouvernement planifie le Carnaval. Considérée par beaucoup comme déconnectée des réalités du pays, cette décision interroge sur les priorités des « dirigeants » haïtiens, si tant est qu’on puisse les appeler ainsi. En effet, dans un contexte où près de 60% de la population est en situation d’insécurité alimentaire, où des milliers de familles ont été déplacées et où la peur règne dans toutes les rues, l’organisation de festivités relève d’une forme de désinvolture institutionnelle. Ce contraste cruel entre le désespoir collectif et les ambitions festives des autorités fait ressortir un fossé moral béant.
Aujourd’hui, Haïti est à un carrefour historique, à un point où l’espoir vacille face à la passivité et à l’abandon. Si la communauté internationale ne réagit pas rapidement et fermement, en mettant fin aux violations flagrantes de la Constitution par des dirigeants de fait et illégitimes, ce pays, déjà meurtri par des décennies d’instabilité, pourrait devenir un territoire entièrement livré aux gangs fédérés par le régime PHTK, dont les membres Line Balthazar, André Michel et Claude Joseph sont toujours aux commandes, sans véritable autorité de l’Etat. La population, isolée et sans issue, menace de sombrer dans un désespoir encore plus profond. Désormais, la question est simple : Haïti sera-t-elle sauvée ou définitivement abandonnée au chaos ?
A qui profite le crime ?
