Haïti : Entre violence, déplacés et ambiguïtés politiques
minute de la rédaction
En Haïti, où une crise multi- dimensionnelle s’aggrave de plus en plus, un dernier rapport des Nations Unies révèle un fait dramatique : plus d’un million de personnes ont été déplacées en raison de l’insécurité généralisée et de la violence des gangs. Cette tragédie humaine, révélatrice de l’effondrement de l’autorité de l’Etat, renvoie à un questionnement primordial : comment le gouvernement peut-il envisager l’organisation d’un référendum constitutionnel ou d’élections crédibles dans de telles conditions ? La situation des déplacés, réduits à survivre en des lieux à la fois insalubres et inhospitaliers, démontre que la priorité nationale devrait être la sécurité et le soutien humanitaire, et non pas les manœuvres politiques hâtives.
Le recours aux cartes de Dermalog de Martine Moise, objet d’une intense controverse depuis plusieurs années, ne fait qu’exacerber cette équation. Dénoncées pour leur manque de fiabilité et l’opacité qui entoure leur gestion, ces cartes sont un obstacle majeur à toute tentative de reconstruction démocratique. Les « responsables » haïtiens, malgré leur connaissance des dérèglements de ce système, s’obstinent à l’utiliser. Mais pourquoi n’ont-iIs pas encore procédé à un audit exhaustif pour garantir la transparence et la régularité du processus électoral ?
La planification d’un référendum constitutionnel pour mars ou avril 2025 laisse planer un doute sur la sincérité des intentions des dirigeants haïtiens. Comment justifier une telle entreprise alors que la Constitution elle-même l’interdit ? Comment garantir la participation des personnes déplacées vivant dans des conditions précaires et ne disposant pas de moyens d’identification valables ? Ces incohérences ne relèvent-elles pas d’une stratégie délibérée visant à brouiller davantage les cartes politiques ? L’obstination des autorités à poursuivre des objectifs manifestement irréalistes traduit-elle une réelle volonté de progrès ou une quête désespérée de légitimité par des moyens détournés ?
Le panorama est peu reluisant et les perspectives incertaines. La gestion d’un million de personnes déplacées exige des moyens considérables et une coordination sans faille. Or, les dirigeants de ce pays, face à cette crise sécuritaire sans précédent, se montrent incapables de proposer un programme de développement cohérent. Peut-on raisonnablement leur accorder le bénéfice du doute alors que chacune de leurs décisions aggrave la crise ? Au-delà des discours officiels, ces dirigeants cherchent-ils réellement à redresser Haïti ou exploitent-ils le désespoir collectif pour asseoir un pouvoir sans vision ? Tant que ces questions resteront sans réponse, l’avenir démocratique et institutionnel d’Haïti peinera à se dessiner.
Enfin, comment l’un de ces millions et plus de personnes déplacées choisira-t-il un représentant de sa circonscription, où il a élu domicile avant d’être contraint par les gangs d’abandonner sa résidence d’origine ?
