Monsieur Alix Didier Fils- Aimé, Premier ministre,
Monsieur le Premier ministre,Le Bureau Exécutif de l’Union Nationale des Normaliens/nes d’Haïti (UNNOH), les Directoire du Syndicat du Personnel du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (SPEMENF),du Syndicat des Défenseurs des Employés de l‘,SE/OAVCT, du Collectif des Enseignants pour la Nouveauté de l’Éducation en Haïti (CENEH),de l’Association Nationale Syndicale des Transporteurs Visionnaires d’Haïti (ANSTVH),Syndicat des Employés du Système National de la Formation Professionnelle(SESNFP/INFP), Association des Motocyclettes pour le Bien-être de la Communauté (AMOBIC),de la Fédération des Associations d’Enseignants du Nord et du Nord-Est (FAENNE) Regroupement des CFEFiens /nes Engagés pour une Nouvelle Éducation (RCENE),Syndicat des Consommateurs Haïtiens (SYNCOH), Syndicat Mouvement des Enseignants des Écoles Nationales (MEEN),du Rassemblement des Enseignants Progressistes d’Haïti (REPROH) ,Syndicat des Employés du Bureau de Monétisation et des programmes d’Aide au Développement(SE-BMPAD), de l’ Association Nationale des Greffiers Haïtiens (ANAGH),Syndicat National des Huissiers de la République d’Haïti (SNHRH),vous saluent et tiennent à attirer votre attention sur la responsabilité de votre gouvernement à se pencher avec la plus grande sélérité, à la fois sur l’évolution de la crise éducative particulièrement, et sur le cahier de revendications des enseignants/tes en vue de les satisfaire, ainsi que sur l’urgence d’adresser de manière plus conséquente le tragique problème de l’insecurité qui entrave le fonctionnement global de notre pays et celui d’un grand nombre d’établissements scolaires obligés de fermer leurs portes.
LE CAHIER DE REVENDICATIONS DES ENSEIGNANTS ET LA CRISE ÉDUCATIVE
Monsieur le Premier ministre, le cahier de revendication des enseignants/tes comporte, entre autres, l’octroi d’une carte de débit, la remise des chèques le 25 au plus tard de chaque mois, l’ajustement salarial suivi d’une augmentation salariale, le paiement de tous les arriérés de salaire, la nomination de tous les enseignants qualifiés et des enseignants stagiaires avec deux chaires, l’alignement de salaire du personnel administratif, l’adoption d’une grille salariale avec un salaire de base raisonnable, la fin de l’insécurité planifiée, l’accès assuré à la formation continue, à un matériel pédagogique adéquat, la disponibilité régulière d’un plat chaud au profit des enseignants/tes, des élevés et autres, la réforme de l’école haïtienne qui va très mal.
En effet, la journaliste et écrivaine Katia Hacène affirme dans son ouvrage, » Des mots qui pansent les maux » avance ce qui suit : « Là où l’école va mal, le mal devient école« .
Monsieur le Premier ministre, l’école haïtienne va mal et cause ainsi beaucoup de maux à notre pays. Pour s’en rendre compte, il suffit de considérer son mode de fonctionnement et la qualité du produit humain livré
L’École haïtienne va mal à cause du manque de volonté des dirigeants passés d’effectuer les réformes nécessaires, de satisfaire le cahier de revendication des enseignants/tes et notamment parce qu’elle ne forme pas à la citoyenneté ou ne forme pas suffisamment à la citoyenneté, ce qui produit un grave déficit de citoyenneté aux conséquences extrêmement désastreuses pour notre pays. Le comportement incivique, insouciant et immoral de certains dirigeants politiques, ou de quelques hommes et femmes d’affaires et autres totalement dépourvus de sens de l’intérêt collectif ou de sens patriotique en dit long. L’exemple affligeant le plus récent de déficit de citoyenneté constaté, renvoie à la déclaration d’un dirigeant du PHTK sur la radio Majik9 informant, sans aucune forme de gêne, que la coalition de gangs terroristes dénommée « Viv Ansanm » qui a tué, selon l’ONU, au cours de l’année 2024, plus 5600 de nos compatriotes, a endossé de concert avec plusieurs autres organisations politiques alliées un document de proposition transmis à la CARICOM. Un tel fait extrêmement grave atteste, une fois de plus, un déficit terrible de citoyenneté, de sensibilité humaine, autant que le degré d’immoralité de certains acteurs politiques et leur complicité avec les gangs armés terroristes et consorts qui sèment quotidiennement la mort et contribuent à fabriquer et à renforcer le chaos actuel.
Si nous voulons changer de cap, il est péremptoire ou fondamental de prendre en considération les justes et légitimes revendications des enseignants/tes et repenser l’École haïtienne pour qu’elle puisse parvenir à produire un autre profil d’hommes et de femmes, d’autres types de leaders doués de sens de responsabilité, de sens éthique et patriotique. D’où la nécessite de revisiter le mode de fonctionnement de notre école marquée par l’insuffisance quasi totale de moyens de fonctionnement, de matériels pédagogiques, une condition enseignante délétère, un enseignement inadéquat des valeurs humaines et citoyennes, de l’histoire nationale, un mépris de la culture nationale etc.
La condition enseignant laisse à désirer et le corps enseignant est ainsi maltraité et ne bénéficie pas de la considération sociale qu’il mérite. Cela indigne les enseignants/tes et les révolte et c’est pourquoi ils/elles se lèvent pour exiger, pour le plus grand bien de la nation, une nouvelle école qui va bien et qui cesse d’être un mal pour le pays.
En ce sens, les enseignants/tes exigent un traitement digne, la satisfaction de leurs justes et légitimes revendications devant leur permettre d’accomplir correctement ce travail difficile et délicat d’éducation comme l’indique le philosophe, *Emmanuel Kant*. Comment l’enseignant pourrait-il former adéquatement des citoyens/nes pour la République si ses conditions de vie et de travail sont exécrables ou inhumaines ? Comment pourrait-il aider à construire le présent et l’avenir de la République si son présent et son avenir ne sont pas assurés ? Il y a lieu de ne pas suivre l’exemple mauvais de nombreux dirigeants passés cyniques qui, dépourvus de sens de responsabilité et de volonté politique, ont préféré utiliser toutes sorte de manœuvres de dilatoire pour ne pas obliger d’apporter les réponses attendues. Donc, Monsieur le Premier ministre, il est impératif pour votre Gouvernement d’adopter, sans délai et conjointement avec le Ministère de l’Éducation nationale, les mesures qui s’imposent afin de satisfaire toutes les revendications des enseignants/tes et d’opérer au niveau de l’école les changements qui s’imposent.
II- LA RESPONSABILITÉ DE VOTRE GOUVERNEMENT SUR L’URGENCE A ADRESSER LE PROBLÈME DE L’INSÉCURITÉ
Monsieur le Premier ministre, l’insécurité bat son plein en Haïti, les gangs armés terroristes tuent, massacrent le peuple et ôtent la vie comme bon leur semble. La capitale est quasiment encerclée par les gangs terroristes et devient presqu’une prison à ciel ouvert où le droit à la libre circulation est interdit, ainsi que celui de la laisser pour se rendre facilement dans le grand Nord comme dans le grand Sud sans crainte de perdre sa vie. Dans ces conditions infrahumaines, la vie des citoyens/nes n’est aucunement garantie. Le peuple est littéralement livré à lui-même ou à la violence inouïe des scélérats terroristes.
Monsieur le Premier ministre, le premier rôle de l’État est de garantir la sécurité au sens le plus large de la cité. Dans cet ordre d’idée, la femme philosophe * »Hannah Arendt »* à travers son ouvrage titré » Qu’est que la Politique » rappelle : « La tâche et la fin de la politique consistent à garantir la vie au sens le plus large« . Or aujourd’hui en Haïti l’État ne parvient-il à garantir la vie des citoyens/nes qui sont quotidiennement exposés à la violence aveugle des gangs terroristes. Donc, dans cette situation chaotique qui perdure, quel est le sens de la présence de votre équipe gouvernementale à la tête de l’État haïtien si elle n’arrive pas à accomplir encore sa tâche fondamentale de garantir la sécurité, la vie des citoyens/nes? Votre gouvernement, a-t-il fait montre d’une assez grande volonté politique de combattre, comme il le faut, ces groupes de terroristes organisés et disséminés à dessein à travers divers Départements géographiques du pays ? A-t-il les mains libres pour combattre ces groupes de terroristes, en mission commandée, qui sont financés, équipés et protégés par des patrons visiblement puissants ici et ailleurs ? A ce propos, deux autres interrogations demeurent pertinentes : Quelles sont les mains étrangères liées à cette insécurité ? Et quelle est la réponse ferme et décisive que votre équipe gouvernementale entend y apporter ?
Sans doute, nous avons remarqué quelques avancées notables ou efforts marquants déployés au niveau du Département de l’Artibonite et au niveau du département de l’Ouest où deux arrestations significatives viennent d’être effectuées. C’est important mais cependant cela reste loin d’être suffisant, car aucun des grands chefs terroristes connus n’a été encore appréhendé voire exposé dans le couloir de la mort ; tous les grands axes routiers restent encore bloqués, les milliers de déplacés forcés se retrouvent encore dans les rues, dans les camps de fortune ou dans les locaux des écoles, etc
Monsieur le Premier ministre, selon un rapport d’enquête de l’Office des Nations Unies Contre la Drogue et le Crime (ONUDC), publié en mars 2023, les armes et minutions utilisées par les gangs terroristes en Haïti proviennent des Etats Unis d’Amérique en passant par l’État de la Floride. Ensuite le colonel retraité de la marine, Mark Cancian a affirmé dans le journal américain Miami Herald en date du 12 Avril 2024 que : La politique américaine a armé les gangs mieux que la Police et l’Armée par inadvertance. Par ailleurs, la déclaration de l’actuel ambassadeur américain en Haïti Monsieur Dennis Bruce Hankins, indiquant qu’il entretient des rapports avec ces groupes terroristes particulièrement le nommé Vitelhomme, atteste une complicité américaine certaine dans ce chaos fabriqué que vit le peuple haïtien.
Monsieur le Premier ministre, le premier rôle de l’État étant celui de garantir la sécurité et la vie des citoyens, votre équipe gouvernementale s’engage-t-elle à prouver au peuple haïtien qu’elle est à la hauteur de ce rôle ? Monsieur le Premier ministre, l’équipe gouvernementale que vous dirigez aura-t-elle le courage de demander officiellement au gouvernement américain de mettre fin au trafic d’armes et de munitions vers Haïti comme l’indique la Résolution de l’ONU d’octobre 2023 ou le courage de défier la volonté des puissants patrons des gangs terroristes qui les protègent, pour parvenir à les combattre systématiquement afin de libérer le pays, rétablir la sécurité, débloquer tous les grands axes routiers pris en otage et faciliter enfin la libre circulation à l’ échelle nationale?
Monsieur le Premier Ministre, pour mériter de rester à votre poste actuel vous avez, de concert avec toute l’équipe gouvernementale et le Conseil Présidentiel de Transition, la lourde et l’impérieuse tâche de rétablir la sécurité, de garantir, à tout prix, la sécurité et la vie des citoyens/nes. Sinon, il faudrait envisager de vous retirer pour faire place à une autre équipe composée non pas de ceux-là qui s’agitent et réclament à cor et à cri la démission de cette équipe sans être en mesure de proposer au peuple un autre projet politique plus viable, porteur d’espoir. Il s’agit pour nous, au cas où cette actuelle équipe au pouvoir se révèlerait totalement incapable de combattre les malfrats, de la remplacer par une autre équipe d’hommes et de femmes dynamiques, honnêtes, autonomes, des gens de courage, de vision, prêts à se sacrifier pour sortir notre pays de ce chaos insoutenable. Si vous voulez avoir le soutien du peuple, si vous envisagez de rester au pouvoir, vous avez donc pour parler un langage kantien, l’impératif catégorique de combattre systématiquement tous les gangs terroristes et de rétablir la sécurité. Le peuple vous sera reconnaissant ! Mais, dans le cas contraire, vous allez avoir, sous peu, le peuple en face de vous et tout le reste en vue de résorber cette crise.
En conclusion, Monsieur le Premier ministre, nous vous invitons à vous hisser à la dimension d’un Premier ministre hautement responsable afin de pouvoir apporter les réponses impatiemment attendues à savoir la satisfaction pleine et entière de nos justes revendications, la résolution correcte de la crise éducative, de la crise sécuritaire responsable en grande partie de la crise humanitaire.
Espérant que vous comprendrez le sens profond de notre démarche, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Premier ministre, nos salutations patriotiques.
Pour authentification du Conseil d’Administration de la CUTRASEPH :
Pour le Bureau Exécutif de l’UNNOH, Josué MERILIEN, Coordonnateur Général
Pour le Directoire du SPEMENFP, Garry LAPIERRE, Président
Pour le Directoire du SDE/OAVCT, Alexis BATHOL, Président
Pour le Directoire de l’ANSTVH, Wilson CHARLES, Président
Pour le Directoire du CENEH, Ferdinand JEAN-MARY, Coordonnateur Général
Pour le Directoire du MEEN, Alexis Adler, Secrétaire Général
Pour le Directoire du RCENE, James Bellony, Vice-Président
Pour le Directoire de la FAENNE, Jean François Lingston, Coordonnateur Général
Pour le Directoire du SESNFP/INFP, Hérold Charles Civil, Vice-Président
Pour le Directoire de l’AMOBIC, Jean -Kenson CHERY, Porte-parole
Pour le Bureau exécutif du SYNCOH, Me Jean Garby BRITUS , Coordonnateur Général
Pour le Directoire du SE-BMPAD, Lentz jika Maignan, Vice-Président
Pour le Directoire l’ANAGH), Ainé Maten, Secrétaire Général
Pour le Directoire du SNHRH, Schelomith Dorvil, Vice-Président