Haïti, blessure du temps
Aucun drapeau ne flotte, aucune gerbe ne fleurit,
Nulle main ne se tend vers les fosses de Ti Tanyen.
L’État, paralysé par la crainte des gangs,
Se réfugie dans le vide d’un communiqué.
I
La terre rugit ce jour du 12 janvier,
Sous les pieds d’un peuple déjà ébréché.
En trente battements, tout fut brisé :
Les murs, les rêves, les vies espérées.
Port-au-Prince pleura sous un ciel en feu,
Et dans la poussière montaient les adieux.
II
Quinze ans plus tard, un autre séisme gronde,
Non plus des pierres, mais des hommes immondes.
Les gangs règnent, les balles dansent la nuit,
Sous les regards d’un État anéanti.
Le peuple saigne, l’espoir s’efface,
Prisonnier d’une ombre, sans étreinte de grâce.
III
Haïti, ta force défie l’effroi,
Malgré les ruines, tu dresses ta foi.
Tes chants s’élèvent dans l’aube amère,
Contre les décombres, contre les guerres.
Car sous tes plaies bat un cœur vibrant,
Un jour, la lumière vaincra les tourments.