13 février 2025
Primature | 24 heures après le conseil des ministres : Des annonces au futur pour un pays en plein chaos
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Primature | 24 heures après le conseil des ministres : Des annonces au futur pour un pays en plein chaos

Une sécurité publique constamment proclamée, mais jamais atteinte

Le communiqué de presse publié par la Primature quelque 24 heures après un Conseil des Ministres présidé par M. Leslie Voltaire reflète les contradictions inhérentes à une administration qui se débat entre des objectifs irréalistes et des structures institutionnelles fragiles. Saturé de promesses et de perspectives d’avenir, le document contient davantage d’éléments destinés à impressionner l’opinion publique qu’à apporter des éléments de réponse aux préoccupations immédiates du pays.

Dès les premières lignes, le ton est donné : l’essentiel des actions évoquées est projeté dans un futur incertain. Des expressions comme « seront mises en œuvre » et « recevront un appui » tracent les contours d’une ambition qui reste éthérée, sans ancrage tangible dans le présent. L’absence d’un bilan des mesures déjà entreprises souligne une stratégie de communication délibérément tournée vers l’utopie pou nou pa di lè ti poul fè dan. Ce choix stylistique trahit une forme d’immobilisme déguisé, où la perspective d’un avenir radieux supplante l’urgence de résultats concrets.

Dans le lot des annonces, celle concernant l’organisation d’un référendum constitutionnel en 2025 se distingue par son caractère provocateur. Or, toute révision de la Constitution haïtienne par voie référendaire est formellement interdite par le cadre juridique actuel. Cette démarche, si elle était mise en œuvre par une équipe de facto, consacrerait une violation flagrante des principes constitutionnels, traduisant ainsi une volonté de court-circuiter les règles établies. Ce projet pose donc une double question : témoigne-t-il d’un mépris assumé pour l’État de droit ou s’agit-il d’une simple opération de communication destinée à détourner l’attention des problèmes de fond ?

Le calendrier annoncé, combinant un référendum constitutionnel et des élections générales en une seule année, nous paraît disproportionné pour un pays déjà en butte à de multiples tensions. Les défis logistiques, financiers et sécuritaires rendent cette ambition non seulement difficilement réalisable, mais potentiellement dangereuse. Dans un contexte marqué par la violence des gangs, l’effondrement des institutions et une crise humanitaire persistante, cette vision fait plus penser à des illusions qu’à une véritable planification stratégique.

La question de la sécurité publique, qualifiée de « priorité majeure », présente une autre faille dans le discours officiel. Alors que les gangs terrorisent la population et paralysent les activités économiques, les mesures évoquées – réhabilitation de la Maison de Rééducation, adoption d’un Fonds d’Appui à la Sécurité Nationale – sont encore largement théoriques. L’absence d’actions immédiates et tangibles accentue le fossé entre les paroles et les actes, entre les rêves affichés et la dure réalité.

Le communiqué aborde également la crise alimentaire, les dégâts des pluies diluviennes, et les relations bilatérales avec la Colombie. Si ces thématiques sont primordiales, leur traitement reste superficiel, sans solutions concrètes ou calendrier précis. Cette dispersion des priorités reflète un manque de direction claire, où les problèmes sont énumérés sans hiérarchisation ni approfondissement.

Au-delà de son contenu, ce communiqué de presse incarne une stratégie de communication typique d’un exécutif en mal de légitimité. En multipliant les annonces et les promesses, il tente de masquer l’incapacité de l’État à répondre aux urgences immédiates. Cette approche, largement basée sur un futur hypothétique, éloigne le gouvernement des attentes populaires et accentue la méfiance à l’égard des institutions.

cba

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