minute de la rédaction
Il ne peut y avoir de compromis moral face à l’inacceptable. Les crimes contre l’humanité perpétrés par ces gangs terroristes ne sauraient être effacés par des ambitions électorales
La République d’Haïti, forte de ses 221 années d’indépendance arrachée au prix d’un courage sans égal, se retrouve aujourd’hui à un croisement inédit et inquiétant. La récente déclaration d’un chef de gang exprimant son intention de transformer sa milice criminelle terroriste en un parti politique ne marque pas seulement une atteinte à la dignité nationale, mais traduit également le naufrage des institutions républicaines.
Ces bandes armées, ayant plongé le pays dans un cycle infernal de violences, de pillages et de massacres, cherchent désormais à légitimer leurs atrocités sous le couvert de la politique. Mais ce qu’ils réclament implicitement dans ce simulacre de démocratie, c’est une amnistie, un blanc-seing qui viendrait effacer des années de crimes et de sang.
Ce projet est l’aboutissement d’un processus insidieux que beaucoup avaient dénoncé depuis plusieurs années : les gangs ne sont pas seulement des entités indépendantes, mais des outils cyniquement manipulés par certaines élites politiques et économiques. Ces milices, ou » bandi ilegal « , ont été en réalité des instruments au service de missions spéciales, exécutant des basses besognes pour asseoir des ambitions personnelles.
L’Histoire d’Haïti n’est pas étrangère à cette dynamique, ayant connu un président lui-même surnommé « bandi légal ». Aujourd’hui, l’ignominie atteint un autre sommet : ce ne sont plus des alliés de l’ombre qui cherchent le pouvoir, mais les criminels eux-mêmes, des tueurs en série espérant s’imposer comme législateurs ou administrateurs. Le projet n’a rien de politique, il s’agit d’une conquête mafieuse d’un État déjà fragilisé.
Faut-il rappeler la différence entre un rebelle et un bandit ? Les premiers, dans l’Histoire des nations, ont souvent été des figures de résistance contre l’oppression et l’injustice. Les seconds, en revanche, ne sont que des criminels sans foi ni loi, poursuivant leurs intérêts sordides au mépris des droits humains. Ces gangs, coupables d’innombrables assassinats, de viols systématiques, de destructions de biens et d’exodes forcés, ne peuvent en aucun cas prétendre à un statut de rédemption par le biais de la politique.
Dans un pays respectueux de ses lois et de ses morts, ces hommes seraient derrière les barreaux, purgeant des peines exemplaires et irrévocables. Pourtant, en Haïti, leur discours n’est pas seulement toléré ; il est amplifié, légitimé par un vide institutionnel béant.
L’heure est venue de tirer une ligne rouge ferme : la République ne peut devenir un refuge pour l’impunité. La communauté nationale et internationale doit dénoncer cette mascarade avec la plus grande fermeté. Il ne peut y avoir de compromis moral face à l’inacceptable. Les crimes contre l’humanité perpétrés par ces gangs ne sauraient être effacés par des ambitions électorales. Permettre aux criminels de siéger dans les instances de pouvoir reviendrait à normaliser l’effondrement d’une nation et à trahir la mémoire de ceux qui sont tombés pour sa liberté. L’indignation ne suffit plus, il faut des actions décisives avant que l’absurde ne devienne la norme. Non, Haïti ne doit pas tomber plus bas ; non, ces gangs ne doivent pas devenir l’avenir politique d’une nation qui a tant sacrifié pour sa dignité.