Samedi 26 août 2017 ((rezonodwes.com))–
COMMUNIQUE DE PRESSE
Les parlementaires haïtiens sont sur le point de voter un texte obligeant les Haïtiens de l’extérieur à payer un impôt forfaitaire de 10000 gourdes minimum pour avoir le droit d’entreprendre certaines démarches dans les administrations de leur propre pays.
La Fédération de la Diaspora Haïtienne d’Europe (FEDHE) dénonce fermement la décision discriminatoire du gouvernement MOÏSE-LAFONTANT de stigmatiser les Haïtiens vivant à l’étranger en leur imposant un impôt forfaitaire de 10000 gourdes minimum pour obtenir le droit d’effectuer certaines démarches au sein de l’administration haïtienne. Du jamais vu depuis plus de 200 ans d’histoire.
Ce texte, présent dans le projet loi de finances 2017-2018, est en totale contradiction avec le principe de base du droit administratif relatif à l’égalité des citoyens. En outre, il risque de mettre en péril la cohésion de tout un peuple et de compromettre les efforts consentis par les organisations de la diaspora et de la société civile haïtienne pour gommer toute différence entre Haïtiens de l’intérieur et ceux de l’extérieur, en vue de l’émergence d’une Haïti unifiée, prête à se lancer dans la course au développement.
Comment des élus, garant de la cohésion de la nation, peuvent-ils voter un texte qui oblige une partie de la population haïtienne à payer 10000 gourdes juste pour avoir la liberté et le droit d’effectuer une demande de passeport ? Comment la Patrie de Dessalines, de Christophe et de Pétion peut-elle se transformer en bourreau d’une partie de ses propres enfants ?
Les Haïtiens de la diaspora ont toujours participé financièrement à l’économie du pays. Les envois de fonds de la diaspora en hausse constante depuis 20 ans, sont passés de 2.1 milliards de dollars américains en 2015 à 2.3 milliards de dollars en 2016, soit une augmentation de 7.4% selon les données préliminaires fournies par la BRH et pourraient atteindre, selon les estimations 2,7 milliards soit 29,2% du PIB. en 2020… »* . De plus, nous versons 1,50 dollar américain à l’Etat sur chaque transfert d’argent sans compter les prélèvements sur nos appels téléphoniques à destination d’Haïti. Notre contribution à l’économie du pays est très conséquente en dépit du fait que nous ne bénéficions à l’inverse d’aucune facilité ni de soutien de l’Etat lors de démarches administratives.
Cette disposition qui vise à diviser les Haïtiens en deux catégories est anticonstitutionnelle. Notre constitution de 1987, amendée le 9 mai 2011 en son article 12 stipule: « Tout Haïtien, hormis les privilèges réservés aux Haïtiens d’origine, est soumis à l’ensemble des droits, devoirs et obligations
à sa nationalité haïtienne. » Nous, de la diaspora avons par conséquent le droit d’entreprendre des démarches administratives sans devoir payer une taxe de 10000 gourdes non réclamés à nos compatriotes vivant au pays.
Il existe dans la diaspora, un nombre important de compatriotes qui vivent dans des conditions précaires, des étudiants sans ressources, des retraités, des personnes en attente de régularisation administratives par les autorités des pays d’accueil, des personnes malades, etc. Nous pensons particulièrement à nos frères et sœurs qui mènent une vie dure en République Dominicaine, au Chili, au Brésil, aux Bahamas et récemment au Canada. Le vote d’un tel texte ne servira qu’à pénaliser et précariser davantage cette partie de la population haïtienne.
Somme toute, cette loi est injuste, discriminatoire et contraire à la devise de la république qui prône Liberté, EGALITE, Fraternité pour tous ses citoyens.
Nous faisons appel à toutes les organisations de la diaspora et de la société civile en Haïti pour dénoncer cette disposition et exiger son retrait du projet loi finances 2017-2018.
Fait à Paris le 18 août 2017
Contacts :
www.fedhe.org
Email : contact@fedhe.org
+33 695160379


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