Par Yvens Dérival
En Haïti, le système de santé est à la limite de l’effondrement. La crise multidimensionnelle qui frappe le pays n’épargne aucun secteur vital, et celui de la santé est particulièrement menacé.
Un diagnostic récemment posé atteste de l’état catastrophique du système sanitaire. Dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, densément peuplée, près de 80 % des infrastructures médicales sont hors d’usage. Les bâtiments publics et privés ont été systématiquement incendiés ainsi que pillés et détruits, aggravant une réalité déjà critique.
L’Hôpital Général, véritable poumon du système hospitalier haïtien, en est un cas typique. Gravement endommagé par le tremblement de terre de 2010, il n’a jamais repris ses activités. Victime d’incursions de bandes armées, il est aujourd’hui laissé à l’abandon, alors que des fonds avaient été mobilisés par les Etats-Unis et le Canada pour sa reconstruction. Cependant, en l’absence de contrepartie de la part du gouvernement haïtien, les travaux ont été interrompus, entraînant le retrait des entreprises internationales et l’inachèvement du site.
Ce blocage reflète un véritable manque de volonté politique. En dépit de deux médecins à la tête du gouvernement, Ariel Henry et Garry Conille, le secteur de la santé reste relégué à l’arrière-plan. Cette négligence est d’autant plus alarmante qu’Haïti est exposé à des catastrophes naturelles récurrentes, des ouragans aux tremblements de terre. Même en temps normal, les hôpitaux peinent à répondre à la demande. En temps de crise, l’incapacité du système atteint des niveaux dramatiques.
Au-delà des infrastructures, c’est la survie même des populations qui est en jeu. La surpopulation, l’insalubrité croissante et les effets du changement climatique exacerbent les risques sanitaires. Les rares centres opérationnels manquent de personnel, d’équipements et de médicaments. Au vu de ce panorama sombre, les solutions restent timides, voire inexistantes.
Les décideurs haïtiens et la communauté internationale doivent s’attaquer d’urgence à cette crise sanitaire qui pourrait devenir l’un des principaux moteurs d’une catastrophe humanitaire majeure.
Yvens Dérival
