15 octobre 2025
Séisme du 12 janvier | Une organisation haïtiano-américaine accuse la Croix-Rouge de détournement de fonds destinés à Haïti
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Séisme du 12 janvier | Une organisation haïtiano-américaine accuse la Croix-Rouge de détournement de fonds destinés à Haïti

Une organisation politique haïtiano-américaine a intenté une action en justice lundi, accusant la Croix-Rouge américaine et ses affiliés de détournement intentionnel des dons destinés aux victimes du séisme dévastateur de 2010 en Haïti, pour combler leurs propres déficits financiers.

Le Haitian Diaspora Political Action Committee a déposé une plainte collective auprès du tribunal fédéral du district sud de la Floride, affirmant que la Croix-Rouge américaine, la Croix-Rouge internationale et la Croix-Rouge haïtienne ont collecté près d’un milliard de dollars depuis le séisme de magnitude 7,2 qui a frappé l’île en janvier 2010.

Cependant, l’organisation affirme que l’utilisation de ces fonds demeure opaque. Selon la plainte, les affirmations selon lesquelles les dons ont été utilisés pour construire des hôpitaux ou réparer des habitations sont « manifestement fausses », et de nombreux projets annoncés ont été retardés ou abandonnés.

Décrivant la Croix-Rouge et ses affiliés comme des « profiteurs de la pauvreté », les plaignants, qui incluent le comité, des représentants des donateurs et des bénéficiaires potentiels, accusent l’organisation de percevoir « les pauvres comme des marchandises ». Ils soutiennent que la Croix-Rouge exploite la misère pour obtenir des ressources, tout en prétendant agir dans l’intérêt des démunis.

« Conscients qu’ils n’avaient aucune intention d’utiliser les fonds pour aider directement Haïti, les défendeurs ont néanmoins trompé le public par une série de déclarations publiques, utilisant des images poignantes et des récits émouvants pour inciter aux dons », lit-on dans la plainte.

Le comité affirme qu’entre 2010 et 2024, 100 millions de dollars collectés ont été détournés pour couvrir le déficit financier de 150 millions de dollars de la Croix-Rouge américaine. Par ailleurs, 400 millions de dollars auraient été alloués à des projets sans lien avec Haïti ou sa population.

« Entre 2010 et 2024, les défendeurs ont préparé leurs opérations non pour fournir une aide réelle aux victimes, mais pour exploiter leur souffrance afin de manipuler les donateurs et maximiser les contributions », accuse le comité.

Un rapport financier disponible sur le site de la Croix-Rouge américaine mentionne des projets financés après le séisme, notamment des dizaines de millions de dollars dépensés pour des secours d’urgence. Cependant, l’efficacité de ces dépenses a été remise en question.

Une enquête menée en 2015 par ProPublica et NPR a révélé que la Croix-Rouge avait largement exagéré le nombre de logements construits après le séisme et avancé des chiffres douteux sur le nombre de bénéficiaires de ses programmes. Des documents internes montraient également que les frais administratifs avaient absorbé une part importante des dons, tandis que des changements organisationnels et des blocages bureaucratiques avaient retardé les projets.

Les plaignants réclament plus d’un milliard de dollars de dommages-intérêts pour des accusations de fraude, enrichissement illégitime, mauvaise foi et détournement de fonds.

La juge fédérale Cecilia Altonaga, nommée par George W. Bush, a été désignée pour superviser l’affaire.

Nicole Maul, porte-parole de la Croix-Rouge américaine, a déclaré lundi que la plainte était « dénuée de fondement ». Elle a affirmé que l’argent collecté pour Haïti était conservé dans un compte restreint, utilisé uniquement pour des programmes et services en faveur du pays.

« La Croix-Rouge américaine a dépensé et distribué l’ensemble des fonds destinés à Haïti pour des actions liées à l’habitat, aux secours d’urgence, à la santé, à la prévention du choléra, à l’eau et à l’assainissement, aux moyens de subsistance et à la préparation aux catastrophes », a-t-elle précisé.

Le séisme du 12 janvier 2010 avait fait environ 160 000 morts et causé des milliards de dollars de dégâts. À Port-au-Prince, les routes obstruées par les décombres sont restées impraticables pendant des mois, et plus de 1,5 million de personnes se sont réfugiées dans des camps sans eau courante, électricité ni système d’assainissement.

Alors que les États-Unis et d’autres pays avaient promis plus de 5,3 milliards de dollars pour la reconstruction, des millions supplémentaires ont été versés à des organisations humanitaires, suscitant des attentes immenses et, pour beaucoup, une désillusion persistante face à la lenteur et à l’opacité des efforts de relèvement.

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