Des élites ont détruit Haïti et le peuple est aux abois
Par Emmanuel Ménard
UN TRISTE CONSTAT
Il est évident que le CPT-PM ne pourra jamais rétablir la sécurité ni organiser des élections. Aucune force onusienne ne sera déployée pour l’instant en Haïti. D’ailleurs, une force d’interposition (mission de paix) gênerait toutes opérations des FAd’H et de la PNH. Pendant ce temps, les terroristes continuent d’être approvisionnés en armes et munitions sous le manteau à partir des États-Unis et de la République Dominicaine.
Ce trafic lucratif est mené par des membres de la diaspora et des négociants haïtiens habitués à l’importation de marchandises. En général, les bandes armées et groupes terroristes se composent de déportés, d’anciens éléments des forces publiques, d’étrangers en situation illégale, de jeunes désœuvrés issus de quartiers défavorisés et d’enfants en situation de délinquance.
Les autorités au pouvoir laissent passer le temps, vidant les caisses de l’État avec la complicité de quelques politiciens et agents du secteur privé. Le silence de certains partis politiques et institutions patronales révèle un dilemme : le patronat haïtien est profondément divisé. Tout le monde oscille entre connivence et complaisance.
Après trois ans et trois mois de gestion calamiteuse, c’est encore et toujours la population qui paye les pots cassés.
UNE GESTION CHAOTIQUE
De l’administration du PM Ariel Henry à celles du CPT/Conille et Fils-Aimé, les budgets sont adoptés et exécutés dans un contexte de corruption exponentielle. Voici quelques exemples récents :
- Mobilisation d’une enveloppe de 192,5 milliards de gourdes pour la reconstruction du Grand Sud après le séisme du 14 août 2021.
- Adoption d’un budget rectificatif 2021-2022 avec une prévision de pression fiscale de 6,4 %, un taux d’inflation révisé à 27,3 % et un financement de la BRH de 40,3 milliards de gourdes.
- Budgets pour les exercices 2022-2023 (267,5 milliards) et 2023-2024 (320,64 milliards) priorisant la sécurité, la relance économique et les travaux publics.
- Budget 2024-2025 du CPT : 323,44 milliards, dont 24 % pour l’éducation (malgré la fermeture de nombreuses écoles).
Par ailleurs :
- Des détournements de fonds par les neuf conseillers présidentiels.
- Attribution de postes à des individus non qualifiés.
- Contrats complaisants pour divers services (propagande, repas, locations, etc.).
- Montants faramineux versés à des lobbyistes internationaux et des mercenaires étrangers.
- Matériels inadéquats pour la PNH et les FAd’H.
- Formation de commissions inutiles et missions à l’étranger pour le paraître.
LA SITUATION ACTUELLE
Depuis 2021, un vide institutionnel a aggravé la déchéance de l’État, désormais incapable de réguler ou d’exercer son monopole sur la violence légale. Malgré la signature de trois accords soutenus par la communauté internationale, aucun n’a été appliqué.
En 2024, Haïti affiche un bilan désastreux :
- Classement : 31ᵉ parmi les 50 pays les moins avancés, le seul des Amériques.
- IDH : 0,552 (158ᵉ sur 193 pays).
- Inflation : 30 %. PIB par habitant : 1 229 $ US (contre 10 800 $ US en RD).
- Chômage : 40 %, particulièrement chez les jeunes.
- 36,6 % de la population vivent avec moins de 2,15 $ US/jour.
- Santé : 40 % des infrastructures dysfonctionnelles.
- Déplacés : 1,5 million ; 3 661 tués et 36 500 blessés en six mois de 2024.
LE « QUE FAIRE » RÉCURRENT
Nos élites ont échoué. Comme le dirait Roger Gaillard, elles n’ont pas su assumer « les tâches bourgeoises. »
Pour stopper l’hémorragie, il faut :
- Rétablir l’État dans ses fonctions régaliennes.
- Remodeler l’exécutif selon la tradition républicaine et constitutionnelle.
Les prochaines élections doivent être une rupture, non une reconduction de l’ordre ancien. Il est temps de construire une nouvelle Haïti fondée sur l’ordre républicain et la justice sociale.
J’appelle donc la jeunesse, les paysans, la diaspora, les intellectuels et les nantis vertueux à consolider un Camp Patriotique pour une Réforme Révolutionnaire.
Haïti First !!!
Emmanuel Ménard
Dr. en Philosophie du Droit
Membre de la Société Suisse des Juristes et de la SQDI