L’expérience du mois d’avril 2023, marquée par une vaste mobilisation populaire contre les gangs armés initiée dans le quartier de Canapé-Vert, s’est brutalement interrompue en raison du désengagement du gouvernement dirigé par le Dr Ariel Henry. Cette situation ne doit en aucun cas se répéter, met en garde Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). Celui-ci plaide pour une consolidation de l’alliance entre la Police nationale d’Haïti (PNH) et la population afin de venir à bout des criminels affiliés à la coalition « Viv ansanm ».
Ce mardi, au moins 45 bandits armés, tentant d’envahir la commune de Pétion-Ville, ont été abattus par la PNH avant d’être lynchés par des membres de la population dans les quartiers de Delmas, Bourdon, Canapé-Vert et Musseau, rapporte Pierre Espérance. Une opération conjointe des forces de l’ordre et de civils vigilants a permis de capturer les malfaiteurs qui s’apprêtaient à établir leur base dans Pétion-Ville, à bord d’un camion.
Selon le responsable du RNDDH, la complicité positive entre la PNH et la population doit être renforcée pour juguler l’insécurité grandissante. Pierre Espérance invite la population à identifier et traquer les bandits pour les remettre aux autorités publiques. Ce mouvement d’autodéfense, né d’un ras-le-bol collectif, vise à contrer la coalition criminelle « Viv ansanm », qui multiplie ses exactions depuis le 17 octobre dans les quartiers les plus vulnérables de Port-au-Prince.
Espérance appelle également les chefs de gang et les jeunes enrôlés dans ces groupes criminels à remettre leurs armes et renoncer à leurs activités illégales sous peine de subir la colère populaire. Il encourage la création de cellules de brigades de vigilance citoyenne pour contrer efficacement les groupes armés. La population, lasse des exactions, aspire à un retour à la paix et à la fin du règne des hors-la-loi.
Le silence inquiétant du nouveau gouvernement
Le gouvernement d’Alix Didier Fils-Aimé, récemment installé, garde un silence pesant à la suite des événements survenus ce mardi. Des observateurs, dont Pierre Espérance, craignent que ce nouveau pouvoir ne suive la même posture attentiste que celle adoptée par le gouvernement d’Ariel Henry lors de la première mobilisation « Bwa kale », lancée en avril dernier à Canapé-Vert.
Pour Pierre Espérance, l’inaction gouvernementale pourrait compromettre les gains obtenus grâce à la mobilisation populaire, laissant le champ libre aux criminels pour reprendre leur emprise sur les communautés déjà meurtries par l’insécurité.
La collaboration entre la PNH et la population se révèle essentielle pour lutter contre l’insécurité et mettre un terme à la terreur imposée par les gangs. Mais, pour que ces efforts portent leurs fruits, une réponse claire et proactive du gouvernement reste indispensable. Face à une population excédée, l’heure est à l’action immédiate, avant que la situation ne se détériore davantage.
Hervé Noël
vevenoel@gmail.com