Vertieres :18 novembre 1803, une bataille et une victoire pour notre libération et la liberté des peuples, une lutte continue pour notre destin de peuple libre et indépendant !
Par Jodel Coupet
Haïti a 221 ans depuis qu’elle a livré bataille contre la France esclavagiste et battu la plus grande armée européenne au XIX -ème siècle,221 ans depuis qu’elle a détruit un mythe idéologique réducteur du genre humain,221 ans qu’elle continue encore à lutter, à se battre…
De cette victoire contre l’Occident, Haïti s’est déclaré indépendante et souveraine au XIX -ème siècle. Et depuis, ce pays de la terre brûlée n’arrive pas à se frayer la voie vers la formation d’un Etat, c’est-à-dire l’existence d’une structure administrative politique à vocation nationale et nationaliste conçue et préparée pour les seuls intérêts des filles et fils d’Haïti. Aujourd’hui, au temps de l’infortune et des déboires, il convient de revoir les faits ayant jalonné notre passé de peuple afin de fixer nos positions pour des lendemains meilleurs.
Comment alors comprendre l’énigme de la décadence fulgurante d’Haïti depuis cette bataille de Vertieres de laquelle est tirée son indépendance ?
Quelle alternative pour une renaissance d’Haïti au milieu d’un monde désormais en conflit mais aussi de plus en plus hostile à l’émergence des peuples ?
Au cours des propos qui vont suivre, il va s’agir d’établir un bref panorama de l’histoire d’Haïti notamment à partir de son indépendance pour comprendre les enjeux et défis qui ont défini son rapport avec le reste du monde.
Vertieres, un évènement atypique qui vient changer l’Ordre mondial
Ce 18 novembre 1803, en onze heures d’une bataille sanglante, des hommes et des femmes, réduits à l’état de chose, et en synergie des forces, ont donné une déculottée à l’Armée de Napoléon dirigée par le très impitoyable et sanguinaire général de Rochambeau. A la suite de Vertieres, l’année suivante, premier janvier 1804, aux Gonaïves, le père fondateur de la patrie, Jean-Jacques Dessalines, accompagné de ses généraux, proclame et déclare l’indépendance d’Haïti.
Si pour les anciens esclaves cet acte constitue une victoire, une étape décisive dans leur destinée de premier peuple noir libre et indépendant ,par contre ,pour l’Occident (l’Europe et l’Amérique) ce fait, comme l’a fait d’ailleurs remarquer l’anthropologue Michel Rolf Trouillot dans son livre intitulé “Silencing the Past, Power and Production of History”,est un phénomène atypique, un évènement imprévisible, un malaise qui dérange beaucoup dans un contexte où la soumission et l’esclavage des peuples noirs sont une loi et un modèle économique pour les puissances occidentales .
Même si Dany Laferrière dont je salue l’audace de son patriotisme arrive à faire introduire le mot Vertières dans le dictionnaire de l’Académie française et du coup a refait l’histoire en imposant la valeur et le symbole de l’épopée du 18 Novembre 1803 aux descendants des anciens esclavagistes, il n’en demeure pas moins vrai que l’Etat d’Haïti est toujours considéré comme le mouton noir dans la communauté des nations du monde entier pour avoir conquis son indépendance par elle seule et pour tout peuple du monde entier.
La stratégie occidentale :tuer Haïti dans l’œuf
Comme nous l’avons précédemment souligné, cette bataille de Vertières en ce jour du 18 novembre 1803 reste et demeure la plus grande défaite de toute l’histoire militaire de France, en particulier, mais de tout l’occident, en général, parce que Vertières va au-delà des tranchées dans la mesure où elle symbolise le renversement d’un ordre mondial, d’une idéologie, d’un mythe. L’occident incluant la France en premier chef n’allait pas digérer cette défaite, donc n’allait pas lâcher-prise. Il va falloir coûte que coûte faire taire la révolution haïtienne. Si les Haïtiens n’en doutaient pas au point qu’ils se préparaient pour faire face à cet éventuel retour des esclavagistes en construisant des forteresses partout le pays, toutefois ils se sont grandement trompés sur les stratégies de retour du colon.
Ainsi, pour corriger le malaise d’Haïti, l’Occident va s’engager dans le déploiement d’un processus d’annihilation de l’Etat d’Haïti et avec tout qui vient avec sur le temps. Il ne va pas s’agir d’engager des guerres contre le jeune Etat, du moins, pas dans le sens classique du terme ;d’ailleurs, la France ne pouvait pas en prendre le risque, et cela pour des raisons objectives importantes dont les principales étaient que :d’abord ,les haïtiens étaient mentalement et militairement prêts à rééditer Vertières; ensuite les pertes importantes qu’avait entraînées la guerre contre les esclaves révoltés de Saint-Domingue, ci-devant Haïti,(notamment la vente de la Louisiane pour une pitance de 15 millions de dollars aux Etats-Unis dans le cadre des efforts de guerre) ne permettaient pas à la France d’envisager la possibilité d’engager des hostilités directes contre Haïti; d’autant que, comme mentionné plus haut, les haïtiens s’étaient déjà engagés à ceinturer le pays de forts pour parer à tout éventuel retour des colons.
Les mécanismes de destruction d’Haïti.
Dans ces lignes, il va s’agir de démontrer comment l’Occident depuis la révolution haïtienne s’est attelé à orchestrer la mise à mort d’Haïti à travers des mécanisme subtiles de destruction du pays en ciblant des éléments clé de son existence comme Etat. Il s’agit,entre autres ,de la Géopolitique, de l’Economie, et de l’Education.
I-Sur le plan géopolitique : isoler Haïti
Dans ses réflexions sur les stratégies de manipulation, Noam Chomsky, essayiste américain, parle de la méthode « Problème-Réaction-Solution”. Celle-ci consiste à créer une situation insupportable afin de porter le sujet en question (population, Etat, etc.) à réagir d’une certaine façon en sorte que celui-ci demande lui-même la solution qu’on souhaite lui imposer. Très pratiquée au temps moderne notamment avec les politiques du néolibéralisme au XXème Siècle, cette formule n’est pas nouvelle en terme de pratique et de stratégie politiques utilisées par les puissances occidentales lorsqu’il s’agissait de soumettre les peuples dans la servitude. Elle a été pour ainsi dire pratiquée par les puissances occidentales contre Haïti pour faire de l’ancienne colonie française une espèce d’État vassal aujourd’hui. Dans “Haïti n’existe pas-1804-2004 : deux cents ans de solitude ”Christophe Wargny, historien français, ancien conseiller de l’ancien président haïtien, Jean-Bertrand Aristide, fait savoir que “la France a ostracisé son ancienne colonie”, propos repris dans le journal français Le Monde en date du 17 février 2010, opinant sur la visite de l’ancien président français en Haïti, Monsieur Nicolas Sarkozy dans le contexte du séisme du 12 janvier 2010.
Au premier janvier 1804, l’esclavage n’est plus sur le sol d’Haïti, ancienne colonie française, cependant l’Etat d’Haïti n’est pas encore. Les nouveaux défis qui étaient dressés par devant les nouveaux dirigeants étaient d’une toute autre nature. De Dessalines à Boyer en passant par Pétion et Christophe, tous les efforts étaient mobilisés pour avoir la reconnaissance d’Haïti en tant qu’Etat libre et indépendant parce qu’Haïti faisait figure de territoire hors- la loi au regard du droit international d’alors.
Du point de vue géopolitique et du droit international, cela représentait à la fois un manque à gagner et une menace certaine quant à l’éventualité de subir des offensives de la part d’autres pays, mais encore et surtout un justificatif pour la France esclavagiste de reconquérir son ancienne colonie d’autant que , à la conférence de Vienne de 1815,la France avait obtenu la reconnaissance de la plénitude de ses droits sur son ancienne colonie ,considérée comme rebelle depuis 1804.Les Etats-Unis qui s’étaient affranchis de la domination anglaise au siècle précédent, n’entendaient pas non plus reconnaitre l’indépendance d’Haïti en dépit du fait qu’ils commerçaient avec le pays de Dessalines, ce qui se confirme en 1815 par les propos du secrétaire d’Etat américain au trésor d’alors ,Albert Gallatin, un américain d’origine Suisse, en ces termes : ”Saint-Domingue doit être considérée comme étant ni indépendante, ni une partie d’une mère patrie “ (Source :Rose-Mie Leonard, Outre-Mer, Revues d’Histoire).
II-Sur le plan économique : asphyxier Haïti jusqu’au dernier essoufflement
Maintenant, après avoir isolé diplomatiquement Haïti, l’Occident notamment la France esclavagiste et colonialiste est passée à l’offensive en s’attaquant à l’économie de la jeune nation. Ainsi, le 17 avril 1825, le roi de France Charles X a envoyé une expédition de 14 bateaux de guerre dans la rade de la capitale à Port-au-Prince avec une ordonnance concernant une indemnité de 150 millions de francs pour la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti.
Le président haïtien, Jean-Pierre Boyer, couteau sous la gorge, la jeune république mise en joue, l’ancienne métropole française a depuis plombé le développement économique d’Haïti.
Selon la professeure Marlene L. Daut de l’Université de Virginie, Etats-Unis,specialiste du colonialisme et de l’esclavage, « ce que la France a fait au peuple haïtien après la révolution haïtienne est un exemple particulièrement notoire de vol colonial » (citée dans le journal académique en ligne « The Conversation » en date du 09 Juillet 2021).La France a délibérément et unilatéralement imposé un plan de paiement annuel de cinq tranches, soit 30 millions de Francs chacune .
Selon l’historien haïtien Beaubrun Ardouin au 19ème siècle, cité dans le journal américain, le New-York Times du 20 mai 2022, « le montant dépasse largement les maigres moyens d’Haïti. A lui seul, le premier versement représente six fois les revenus du pays cette année-là ». Selon le même journal américain « Les paiements, versés à compter de 1825 par la première République noire de l’histoire, pour indemniser les anciens colons esclavagistes, ont coûté au développement économique d’Haïti entre 21 et 115 milliards de dollars de pertes sur deux siècles, soit une à huit fois le produit intérieur brut du pays en 2020 ».
Le tour de l’Amérique
Entre temps, les Etats-Unis, indépendants depuis 1776 et qui cependant possédaient encore des milliers de noirs en esclavage dans leurs plantations notamment dans le Sud, entendaient redéfinir la carte géopolitique à partir de la doctrine Monroe formulée par le président James Monroe en 1823 déclarant alors que l’Amérique doit être désormais « américaine ». Comme une mise en garde contre toute forme d’influence européenne en Amérique, les Etats-Unis vont vers le début du 20eme siècle mettre en application leur position hégémonique en Amérique latine et dans les caraïbes à travers la théorie politique du bâton (le big stick) définie par le président américain Theodore Roosevelt en 1904.
En réalité, le destin malheureux d’Haïti à travers ce soubresaut géopolitique euro-américain ne fait que tomber de charybde en scylla puisqu’elle est désormais mise sous la coupe réglée de cette politique impérialiste interventionniste et de police de l’Oncle Sam qui fait d’elle l’arrière-cour des Etats-Unis pour et par les seuls intérêts de l’Etat étoilé, une politique non moins impitoyable et cruelle que la politique d’exploitation des anciennes puissances européennes esclavagistes.
Le journal américain cité plus haut a récemment mis en lumière le premier gros hold-up américain en Haïti. En effet, le New-York Time rapporte qu’en décembre 1914, une canonnière américaine ayant à son bord des marines ont débarqué à Port-au-Prince avec pour mission de s’emparer des $ 500 000 dollars en or massif entreposés à la Banque Nationale d’Haïti. Cette mission de flibustier menée à l’instigation de la National Bank de New-York, ancêtre de Citigroup est un prélude à une longue occupation américaine d’Haïti qui débutera en été de l’année suivante.
L’historienne haïtienne, Suzy Castor rapporte dans son livre « l’Occupation américaine (1998) » les déclarations faites en 1936 par l’ancien Haut-commissaire, le major Smedley Darlington Butler devant un comité du Senat américain : « J’ai servi pendant 30 ans et quatre mois dans les unités les plus combattives des forces armées américaines, l’infanterie de marine. Je crois que durant ce temps j’ai agi comme un bandit hautement qualifie au service des grandes affaires du Wall Street » (Suzy Castor, l’occupation américaine, p.21).
Ce qui est particulier avec la politique de contrôle américain d’Haïti, c’est la mise en place d’un système politique auto régulateur inféodé aux intérêts des Etats-Unis à leur départ de 19 ans d’occupation du pays de Dessalines. Et depuis, ceux qui ont dirigé ou qui dirigent Haïti, et même ceux du soi-disant de l’opposition, a quelque exception près, prêtent allégeance aux intérêts de l’Occident notamment américain. En d’autres termes, ces derniers ne sont pas des Haïtiens. Ils peuvent être n’importe qui : les soi-disant intellectuels ou negres incultes, ceux de la classe dite moyenne ou celle de la bourgeoise, etc. Cette réalité n’est pas un phénomène spontané.
III-Sur le plan éducatif et religieux : la machine à production de negres serviles
J’avais fait remarquer préalablement que les Haïtiens se sont trompés sur la stratégie de retour des esclavagistes après la guerre de l’indépendance. En effet, après avoir diplomatiquement isolé, ostracisé Haïti, tué son développement économique, l’occident a aussi tué toute possibilité d’avoir l’avènement de générations d’hommes et de femmes à la dimension de Toussaint, Dessalines, Christophe, Sanite Bélair, Marie Jeanne, Montoue en Haïti.
En 1860, le Christianisme notamment l’Eglise catholique est revenue en Haïti comme un criminel sur une scène de crime pour continuer le travail d’aliénation mentale qu’elle avait déjà débuté depuis les périodes de l’esclavage. En réalité, le système esclavagiste n’aurait pas pu tenir longtemps en dehors du travail d’abêtissement de l’homme noir dévolu à l’Eglise.
Le Christianisme a toujours été pour ainsi dire dans toute l’histoire des conquêtes et d’invasion des territoires, l’instrument parfait entre les mains des conquérants et occupants. Avec l’Espagne contre les Indiens tainos au 15eme siècle. Avec la France pour la colonisation et l’esclavage des noirs au 18eme siècle. Avec les Etats-Unis au 20eme Siècle en Haïti dans la campagne Rejeté contre le vaudou conduite par le tandem l’église catholique et protestante
Plus d’un se réjouit du fait que le Vatican a reconnu notre indépendance en 1860 à une époque où l’international était encore réticent à accepter notre statut d’Etat libre et souverain à part entière. Selon l’historien français Marcel Dorigny, cette reconnaissance revêt un caractère plus profond dans la mesure où le nom d’Haïti était mentionné dans les textes du Saint-Siège avec le nouvel Etat noir, tandis que la France s’abstenait de le faire ou de s’adresser avec Haïti à l’égal d’un Etat à part entière, malgré le paiement de l’indemnité. A ce titre, on pourrait alors considérer le Vatican comme le deuxième pays après la Russie en 1821 à reconnaitre l’indépendance d’Haïti.
Cependant, en contrepartie de cette reconnaissance, l’Eglise catholique avait été chargée de « l’éducation » du citoyen haïtien en plus d’être imposée en tant que religion officielle aux haïtiens comme au temps de l’esclavage (article Ier du concordat équivalent de l’article II du code noir). Plus tard, cette même Eglise s’est lancée dans une campagne de chasse aux sorcières contre le vodou, déclaré superstitieux par le clergé, accusé de tous les maux.
Dans son livre « Le Catholicisme en Hait au XIXème Siècle, le rêve d’une « Bretagne noire » (1860-1915), publié en 2003, l’historien français Philippe Delisle explique comment l’Eglise catholique considère Haïti comme une terre de tradition catholique ; cela dit, le vodou est aux yeux du curé une menace à sa mission de civilisation de l’homme noir, de la même manière qu’il voyait les groupements d’esclaves la nuit au temps de l’esclavage. Pour répéter l’écrivain haïtien Laennec Hurbon, il s’est alors établi la rencontre de deux civilisations aux versants opposés, l’une née d’une perception monothéiste et l’autre polythéiste.
Ce véritable paradoxe de l’Eglise catholique qui assurait l’annihilation mentale de l’homme noir au temps de l’esclavage (article 2 du code noir de 1685) en même temps prendre en compte de son « éducation » (Article 7 du Concordat de 1860) après l’indépendance d’Haïti va être déterminant dans la décadence du pays à tous les points de vue jusqu’à nos jours.
Triste constat : le résultat
La conséquence de ce mécanisme culturel d’aliénation, c’est qu’il est difficile de voir naitre le citoyen haïtien authentique dans la société haïtienne. L’école ainsi instituée, qui n’a d’ailleurs aucune vocation d’humanités pour le negre haïtien, se chargera de former un citoyen haïtien sur mesure, c’est-à-dire bourré de préjugé à l’égard de ses racines ancestrales, sans sentiment d’appartenance à sa communauté, sans esprit de nationalisme pour l’histoire de son pays, il est donc fait pour servir de cheval de Troie aux intérêts de pays étrangers dans son propre pays, c’est-à-dire prêt à trahir et liquider sa patrie pour des broutilles, ou dans certains cas, il y a cette réalité où ce sont des individus incultes qui sont souvent titulaires de pouvoirs politiques et administratifs importants dans le pays en qualité de président de la république, parlementaires. On fait en sorte que l’incompétence, l’ignorance, l’amateurisme, la facilite détrônent le savoir, l’excellence, le sens de l’effort et de la reconnaissance méritoire
Dans son livre « En posant les jalons », l’ancien président haïtien, Stenio Vincent, déclare que nous ne sommes pas une nation, car la nation, a -t-il fait savoir, est un vouloir vivre collectif. Ce vouloir vivre collectif est compromis à partir du moment où il existe plusieurs catégories de citoyens dans une même société. Une telle réalité est un terreau propice aux conflits intestines, divisions de toutes sortes entre les haïtiens, ce qui d’ailleurs fait l’affaire de l’Occident qui doit sa domination sur Haïti grâce à sa formule politique diviser pour régner quand bien même le kombitisme, les lakous dans la paysannerie seraient notre modèle de vie ; toutefois il n’en demeure pas moins vrai que la société haïtienne devient de jour en jour une société de plusieurs peuples sans affinité avec les valeurs et racines ancestrales.
Aujourd’hui, on a pratiquement mis Haïti à terre. Haïti, désormais un no man’s land, est l’ombre de son passé glorieux .18 novembre n’est qu’un jour banal pour l’haïtien qui se voit beaucoup plus comme un chrétien plutôt qu’un citoyen. Il est citoyen du ciel plutôt qu’un membre à part entière de sa communauté. Il connait tous les évangiles dans la bible, mais n’a aucune culture de l’histoire de son propre pays. Il revendique Jésus comme son sauveur ayant versé son sang pour lui, mais ignore Dessalines, Christophe, Capois et les sacrifices de ces derniers qui l’ont rendu libre et humain aujourd’hui.
Pour finir, nous avons vu et compris que l’émergence d’Haïti parmi les nations du monde comme Etat à part entière n’a jamais été reconnue et acceptée. En conséquence, Haïti ne doit rien attendre de quiconque. Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. L’évidence des choses aujourd’hui avec une Haïti à feu et à sang sous le regard apathique et indifférent d’une communauté internationale complice invite chaque haïtien en ce jour du 18 novembre 2023 à faire un recul pour mieux se situer et se reconnaitre. Nous ne pouvons continuer à faire semblant de ne pas comprendre soit par peur ou lâcheté qu’on veut définitivement une Haïti sans les Haïtiens.
De ce fait, nous sommes alors interpelés par le devoir envers nos ancêtres à travailler pour la renaissance d’Haïti. Cependant, nous ne pourrons pas réaliser la relève d’Haïti avec des individus qui ne s’y reconnaissent pas comme membres à part entière et qui ont d’ailleurs une mentalité de transit. Je n’ai de cesse de rappeler que la première source de développement d’un pays, c’est la qualité de ses citoyens. Pour cela, nous avons besoin d’abord de construire l’homme haïtien. Cela passera bien entendu par la reforme de notre son système éducatif et notre modèle cultuel afin de lui assigner une orientation nationale et nationaliste, puis de revoir et repenser notre coopération avec l’International dans un monde désormais multipolaire.
Auteur
Jodel Coupet
Avocat

