13 octobre 2025
Le gouvernement de Ruto accusé de « kidnapping d’Etat et d’exécutions extrajudiciaires », selon un rapport de la Commission des droits de l’homme du Kenya (KHRC)
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Le gouvernement de Ruto accusé de « kidnapping d’Etat et d’exécutions extrajudiciaires », selon un rapport de la Commission des droits de l’homme du Kenya (KHRC)

Les enlèvements d’État : un sombre reflet de la réalité politique au Kenya

Le Kenya traverse un chapitre sombre de son histoire politique. Sous le gouvernement du président William Ruto, les enlèvements sont devenus une réalité inquiétante, souline un rapport de la commission des droits humains KHRC. Depuis le début des protestations contre le projet de loi sur les finances en juin, le pays est témoin de rapports quotidiens de personnes enlevées de force par des individus en civil non identifiés, souvent embarquées dans des véhicules Subaru non immatriculés.

Ces disparitions, captées sans détour par des caméras de surveillance et des téléphones citoyens, se poursuivent tandis que le président et ses alliés nient leur existence. Pourtant, les preuves de ces enlèvements orchestrés par l’État sont irréfutables.

Le Kenya Human Rights Commission (KHRC) a documenté des chiffres alarmants : 60 cas d’exécutions extrajudiciaires et 71 cas d’enlèvements ou de disparitions forcées depuis le début des protestations. Cependant, le public est convaincu que la réalité est bien pire. De nombreux participants aux manifestations restent introuvables, et une preuve sinistre de ces craintes émane de la morgue municipale de Nairobi, qui a signalé une augmentation de plus de 50 % des corps reçus en juin, au plus fort des manifestations, principalement menées par les jeunes.

Ce schéma de violence étatique s’est intensifié fin octobre. Des figures publiques et activistes, telles que Boniface Mwangi, Maverick Aoko et Lavani Mila, ont été enlevées, de même que d’autres personnes ciblées pour leur rôle dans l’éducation politique ou pour leur franc-parler. Alors que certains, comme Boniface et Lavani, ont été relâchés, d’autres, notamment la blogueuse Maverick Aoko, demeurent portés disparus. La semaine précédente, l’activiste Hussein Khalid avait subi le même sort, tout comme un ressortissant britannique et des réfugiés turcs, enlevés par les autorités kényanes sous pression extérieure. Ces événements reflètent une montée inquiétante de l’autoritarisme qui épargne ni les citoyens ni les étrangers.

Ces disparitions violent les droits fondamentaux inscrits dans la constitution kényane de 2010, en particulier les libertés de réunion, d’expression et d’association. Pourtant, le gouvernement poursuit ses tactiques répressives malgré l’indignation publique et la condamnation internationale. Le 31 octobre, neuf ambassadeurs de l’Union européenne et le Haut-commissariat britannique ont publié une déclaration conjointe exprimant leur inquiétude face à la vague d’arrestations arbitraires et de disparitions forcées, soulignant le mépris flagrant du gouvernement pour les décisions de la Haute Cour et les protections constitutionnelles.

Cette réalité oblige les Kényans à affronter une vérité dérangeante : les enlèvements et assassinats ne sont pas nouveaux. Ils sont intrinsèquement liés à l’histoire coloniale et postcoloniale du Kenya, servant d’outils de contrôle étatique. Depuis la répression coloniale contre les combattants de la liberté tels que Mekatilili wa Menza, Muthoni Nyanjiru et Dedan Kimathi, jusqu’aux assassinats post-indépendance de Pio Gama Pinto, J.M. Kariuki et Karimi Nduthu, le paysage politique kényan est marqué par les voix réduites au silence par la répression. La répression exercée par le régime Kibaki contre les jeunes au début des années 2000 et les massacres dans les zones défavorisées de Nairobi entre 2013 et 2016 témoignent de cette continuité de violence étatique. Tout aussi horrifiant est le ciblage systémique des communautés musulmanes du Kenya sous couvert de la « guerre contre le terrorisme », entraînant des milliers de disparitions sur deux décennies.

Alors que nous faisons face à cette nouvelle vague d’enlèvements orchestrés par l’État, nous ne devons pas perdre de vue la nature historique et systémique de cette répression. L’État kényan, dans ses versions coloniales et indépendantes, a constamment utilisé la violence pour consolider le pouvoir et faire taire l’opposition. Briser ce cycle exige un engagement inébranlable envers la responsabilité, la justice et les valeurs constitutionnelles pour lesquelles tant de personnes ont combattu — et perdu la vie.

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