La publication vendredi soir du cabinet du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé intervient à un moment critique pour l’Exécutif à 7 Tèt d’Haïti, qui, après plus de six mois au pouvoir, n’est pas en mesure de surmonter la crise sécuritaire et socio-économique du pays.
Le nouveau cabinet ministériel a été formé et annoncé à la suite d’intenses discussions entre les membres influents du Conseil Présidentiel de la Transition, le secteur privé des affaires et les dirigeants des partis politiques. La composition du cabinet repose sur une logique de compromis, visant à trouver un équilibre délicat entre les différentes factions qui dominent le paysage politique haïtien. Ce partage du pouvoir, dicté par de pénibles négociations, montre les limites de l’autonomie de décision du nouveau Premier ministre, pris entre les exigences partisanes et les impératifs nationaux.
De toutes les nominations effectuées, celle de Katia Verdier au poste de ministre des Haïtiens Vivant à l’Étranger, sur recommandation d’un membre influent des affaires, a particulièrement attiré l’attention à première vue de plusieurs militants de la diaspora haïtienne aux Etats-Unis. »Résidant en Haïti, Mme Verdier n’a aucune expérience directe des réalités vécues par la diaspora haïtienne« , ont-ils affirmé, en faisant référence à la possible participation des Haïtiens de l’étranger aux prochaines élections présidentielles, comme l’avait promis l’ancien Premier ministre Garry Conille.
Par ailleurs, la décision de Fils-Aimé de ne pas cumuler les fonctions de Premier ministre avec un portefeuille ministériel est en rupture avec les pratiques de ses prédécesseurs, Garry Conille et Ariel Henry. Cette stratégie peut être interprétée comme un moyen de renforcer son rôle de chef de gouvernement et d’arbitre dans une structure où l’autorité est morcelée.
Les ministères clés du cabinet devront faire face a des enjeux colossaux dans un contexte de crise multidimensionnelle. La nomination de Patrick Pellissier à la tête du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique nourrit des attentes particulières, alors que le pays fait face à une insécurité galopante et à une fragmentation de l’autorité de l’Etat face aux groupes armés. La diplomatie haïtienne, sous la direction de Victor Jean-Baptiste, aura pour mission de renforcer les relations internationales du pays, afin de consolider les appuis nécessaires à la stabilisation nationale.
D’autres nominations, comme celles d’Alfred Metellus aux Finances et de Georges Wilbert Franck aux Affaires Sociales et au Travail, dénotent un souci de relever les challenges économiques et sociaux.Cependant, les modalités de sélection de ces personnalités, souvent dictées par des exigences partisanes, laissent présager une gouvernance fragmentée

- Paul Antoine Bien-Aimé – Ministre de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales
- Patrick Pellissier – Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique
- Victor Jean-Baptiste – Ministre des Affaires Étrangères et des Cultes
- J.E. Kathia Verdier – Ministre des Haïtiens Vivant à l’Étranger
- Alfred Metellus – Ministre de l’Économie et des Finances
- Marie D.A. Ketleen Florestal – Ministre de la Planification et de la Coopération Externe
- Vernet Joseph – Ministre de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural
- Raphaël Hosty – Ministre des Travaux Publics, Transports et Communications
- James Monazard – Ministre du Commerce et de l’Industrie
- Erick Dessources – Ministre du Tourisme
- Moïse Jean-Pierre Fils – Ministre de l’Environnement
- Augustin Antoine – Ministre de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle
- Patrick Delatour – Ministre de la Culture et de la Communication
- Georges Wilbert Franck – Ministre des Affaires Sociales et du Travail
- Duckenson Lorthe Blema – Ministre de la Santé Publique et de la Population
- Pédrica Saint-Jean – Ministre de la Condition Féminine et des Droits de la Femme
- Niola Lynn Sarah Devalis Octavius – Ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique
- Jean Michel Moïse – Ministre de la Défense
- Patrick Sully W. Joseph – Secrétaire d’État aux Collectivités Territoriales
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