Pierre Espérance avertit sur le choix de Me Bernard Sainvil pour le ministère de la Justice et de la Sécurité Publique dans le gouvernement du Premier ministre de facto Alix Didier Fils-Aimé
La réussite de la transition politique en cours repose sur le choix d’un ministre de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) compétent, exempt de toute suspicion de corruption, honnête et à l’abri de toute ambition nuisible, plaide Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). Face aux rumeurs persistantes faisant état de la nomination de l’actuel doyen du Tribunal de Première instance de Port-au-Prince, Bernard Sainvil, à la tête du MJSP, Espérance met en garde le Conseil présidentiel de transition (CPT) ainsi que la Primature concernant ce choix.
Moins de 24 heures après l’installation d’Alix Didier Fils-Aimé à la tête de la Primature, les tractations s’intensifient pour la composition de son cabinet ministériel. Entre une opération de réaménagement ou la constitution d’une nouvelle équipe gouvernementale chargée d’appliquer la politique de l’Exécutif de transition, l’apparition de nouvelles figures politiques s’avère nécessaire. Au cœur des préoccupations majeures, le choix du nouveau ministre de la Justice devient incontournable, selon Pierre Espérance, défenseur des droits humains.
La désignation d’un ministre de la Justice à la hauteur de sa mission est essentielle pour garantir l’État de droit, la bonne gouvernance, la lutte contre l’insécurité et la corruption, insiste Espérance. Il souligne le rôle fondamental de la justice dans la lutte contre l’impunité et la corruption. Il rappelle notamment les événements de l’année 2018, où le dossier PetroCaribe occupait le devant de la scène, alors que l’administration de l’ex-président Jovenel Moïse avait opté pour une forme de blanchiment du dossier. Le choix du doyen Sainvil de désigner le juge Ramoncite Accimé pour instruire l’enquête s’inscrivait dans une dynamique visant à préserver l’impunité.
Face aux rumeurs qui désignent Bernard Sainvil pour occuper le poste de ministre de la Justice, Pierre Espérance exprime de vives inquiétudes. Le passé troublant de Sainvil, qui entretenait des relations avec l’ancien président Joseph Michel Martelly, démontre, selon lui, son inaptitude à occuper cette fonction. En outre, les résultats des divers dossiers judiciaires traités par le magistrat Sainvil en disent long sur son implication dans des pratiques corrompues, déclare Espérance.
Malgré les violences armées, les exactions des gangs et les nombreux cas de kidnapping perpétrés par des groupes criminels, aucune initiative n’a été prise du côté du doyen Sainvil pour faciliter la tenue de procès pénaux afin de punir les responsables de ces crimes, s’indigne Espérance. Nommer Bernard Sainvil au Ministère de la Justice serait une catastrophe, une insulte pour les victimes de crimes sanglants et financiers, et une banalisation du droit à la vie, proteste le directeur exécutif du RNDDH.
Hervé Noël
vevenoel@gmail.com