Dans un échange fictif, inspiré des réalités politiques actuelles en Haïti, un Président et son Premier ministre se retrouvent pour discuter, avec ironie et sarcasme, des défis monumentaux auxquels ils font face. De l’annonce d’un référendum improbable à la difficulté de maintenir la cohésion entre leurs discours et leurs actes, cet entretien révèle la distance entre les annonces officielles et la réalité vécue par la population. Entre cynisme et désinvolture, ce dialogue éclaire sur les manœuvres politiques où le maintien des apparences et la complaisance envers des pressions extérieures priment sur l’engagement envers le peuple haïtien.
Président : Écoute donc, PM, pendant que j’étais en Colombie, j’ai annoncé que le référendum aurait lieu le 25 février, suivant tes conseils.
Premier Ministre (PM) : Ah oui, oui, oui. J’ai été le premier à le dire à New York, que le référendum allait se tenir le 25 février. Mais, Président, tu penses que c’est réalisable ?
Président : Pitit Dòk’la, comment allons-nous réussir ce référendum le 25 février ? Regarde, on est le 1er novembre…
PM : Écoute donc, ce n’est pas une mince affaire.
Président : C’est clair. Mais tu sais ce qu’on va faire, PM ? On va continuer à faire semblant que toi et moi, on ne s’entend pas.
PM : Mais, mais, mais… tout le monde le sait ! On se cache à peine, tout le monde sait qu’on fait semblant de ne pas s’entendre. Mais tu sais, Préz, toi et moi, on a le même agenda, le même objectif.
Président : Bien sûr, on est sur la même longueur d’onde. Donc, pour le 25 février, le référendum est bien sur la table.
PM : Mais comment va-t-on organiser un référendum quand on ne peut même pas poser un pied aux Gonaïves le 1er janvier 2025? Et qu’on laisse la ville dans l’insalubrité pour la St-Charles ? Comment convoquer le peuple en ses comices alors qu’ils ne peuvent même pas retourner chez eux pour le Nouvel An ?
Président : Ah, PM, l’audace est notre point fort. Nous sommes cyniques et ça ne nous gêne pas. Nous n’avons même pas le sens d’avoir honte. On exécute ce que notre maître nous demande, et le reste… qu’importe !
PM : Oui, élection, référendum, sélection… Quelle importance, au fond ?
Président : Oui, mais il faut bien donner l’impression qu’on essaie un peu, histoire de…
PM : Retourner au 16 décembre 90, c’est impossible. De toute façon, c’est le centre de tabulation qui décide de tout. Se la ke se fait la vraie élection ou un déterminant pour le referendum à la Lafontant, kondisip papa’m.
Président : Exactement. Men pou 16 desanm 1990, pa reveye lè mò ! Bon, on va continuer à jouer le jeu de la discorde, d’accord ?
PM : D’accord, Prezidan Bon week-end !
Président : Merci, PM. Bon week-end à toi aussi.
PM: J’aurais bien aimé partir à l’étranger, ce long week-end, avec tout ce bruit de balles ici…
Président : C’est vrai, tu as raison. Moi, j’étais en Colombie pendant une semaine, c’était calme, pas un bruit de balles. Si tu veux prendre quelques jours, invente un prétexte. Retourne au Kenya et reviens avec les 600 soldats pour ajouter au nombre de tes mercenaires déjà sur le terrain.
PM : Pas de souci, je trouverai yon Manigèt. À bientôt.
Président : À bientôt, PM.
cba