Le concept de l’heure d’été, introduit principalement pour optimiser l’utilisation de la lumière naturelle, puise ses racines dans les propositions de George Hudson en Nouvelle-Zélande en 1895 et de William Willett au Royaume-Uni en 1905.
La motivation initiale, fondée sur des impératifs de guerre et de réduction de consommation énergétique durant la Première Guerre mondiale, visait à économiser les ressources en alignant les horaires de travail sur les périodes d’ensoleillement. Cette pratique fut institutionnalisée en 1916 par l’Allemagne et l’Autriche, avant d’être adoptée par d’autres pays industrialisés, notamment les États-Unis, sous le nom de « temps de guerre » (war time) en 1918.
Alors que cette pratique est aujourd’hui remise en cause, notamment en raison de son incidence sur les rythmes biologiques et de ses avantages énergétiques discutables, l’application de l’heure d’été en Haïti, pays disposant de peu d’infrastructures dans le domaine de l’énergie, pose question. Sans justification claire, les autorités haïtiennes continuent de calquer leur politique horaire sur celle des pays industrialisés.
Ce recours peut être perçu comme un effort d’harmonisation des relations internationales et de simplification des échanges, notamment pour les vols commerciaux avec les Etats-Unis et le Canada, mais ces avantages restent marginaux compte tenu de l’absence de besoin réel d’alignement économique pour Haïti, pays dépourvu d’industrie manufacturière d’envergure et d’un système électrique fiable. Le plan néolibéral a tout annihilé sous René Préval.
En effet, l’impact potentiel de cette mesure sur l’économie haïtienne et la qualité de vie des citoyens apparaît négligeable. Dans les provinces, où l’accès à l’électricité est rare et où l’activité industrielle reste limitée, l’ajustement horaire semble peu pertinent pour la majorité des habitants. De plus, plusieurs pays voisins, tels que la République dominicaine et Cuba, gèrent leurs horaires sans nécessairement observer l’heure d’été, démontrant qu’une telle mesure n’est pas indispensable à la région.
En conclusion, l’annonce de ce changement d’heure par le Palais National, faite sans justification détaillée, comme l’une des plus grandes mesures applicables prises depuis six mois, a de quoi surprendre par son symbolisme. S’agit-il d’une simple formalité administrative ou cet ajustement temporel pourrait-il signifier une volonté de réforme plus large et plus profonde dans un pays marqué par l’instabilité sociale. l’insecurite, le chaos et la violence des gangs ?
Si ce changement d’heure ne répond pas aux besoins énergétiques ou économiques immédiats du pays, son utilité reste néanmoins discutable au regard du paysage haïtien actuel, marquant un contraste saisissant entre les priorités institutionnelles et les réalités locales.
cba