20 mars 2025
Arcahaie envahie par les gangs, Conille parcourt le monde : coïncidence ou stratégie ?
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Arcahaie envahie par les gangs, Conille parcourt le monde : coïncidence ou stratégie ?

Réflexion sur la synchronisation de la violence en Haïti et les démarches diplomatiques : une instrumentalisation calculée ?

A travers la situation actuelle en Haïti, marquée par une insécurité croissante due à l’activité des gangs, des manœuvres diplomatiques ponctuelles se succèdent à l’étranger. Le déplacement de Garry Conille au Kenya, à la recherche d’une « assistance sécuritaire », intervient alors que les gangs sont actifs dans la région de l’Arcahaie, la Cité historique du Drapeau, dans un contexte déjà aggravé par le massacre de Pont-Sondé. Cette corrélation interpelle sur la possible instrumentalisation des gangs dans le jeu politique haïtien, notamment pour amplifier la perception d’une crise sécuritaire nécessitant une opération internationale.

La simultanéité de ces événements peut légitimement être questionnée. Depuis l’émergence du régime criminel PHTK, et sous le gouvernement defaitiste d’Ariel Henry, SDP-Fusion-RDNP… des accusations répétées font état d’une gestion délibérée de la violence par les autorités, qui fermeraient les yeux, voire encourageraient la prolifération des gangs pour mieux justifier une intervention étrangère. A cet égard, le problème se pose : les gangs reçoivent-ils des instructions spécifiques pour intensifier la terreur dans des zones stratégiques, dans le but de faciliter des initiatives diplomatiques telles que celle que Garry Conille mène actuellement au Kenya ?

Le carnage de Pont-Sondé, qui a fait plus une centaine de morts, ne constitue pas un incident isolé dans cette dynamique. D’autres événements montrent que chaque fois que les discussions sur Haïti prennent une tournure internationale – comme lors des sessions du Conseil de sécurité de l’ONU, de l’OEA, ou de réunions bilatérales de haut niveau – une recrudescence de la violence se produit. Cette violence pourrait être instrumentalisée pour accroître l’urgence de la demande d’ « aide internationale », une stratégie observée dans plusieurs cas récents.

La délégation de Garry Conille au Kenya s’inscrit-elle dans cette logique ? Le gouvernement haïtien cherche à mobiliser un soutien sécuritaire, notamment de la part des pays africains, à un moment où l’Etat haïtien est incapable de contrôler la situation à l’intérieur de ses frontières. Le timing de cette action, face à l’aggravation de la violence, suggère un lien stratégique entre les actions des gangs et les objectifs diplomatiques. Josue Renaud, de « New England Human Rights Organization » (NEHRO), souligne que la violence confère souvent une dimension critique aux visites des représentants haïtiens à l’étranger, justifiant ainsi leurs appels à l’aide ‘prese prese’.

Cette dynamique renvoie à une question plus large concernant le rôle de la communauté internationale dans la gestion de la crise haïtienne. Au fur et à mesure que l’insécurité s’aggrave, l’accent est mis sur des solutions militarisées, au détriment du renforcement des institutions haïtiennes. Le choix de rechercher des solutions sécuritaires externes, comme celle de Conille au Kenya, alors qu’il continue de depenser les maigres ressources du tresor public, est perçu comme une tentative de contourner la reconstruction de l’Etat haïtien, en privilégiant des solutions à court terme qui renforcent la dépendance du pays envers les puissances étrangères.

Le cas de l’Arcahaie et le carnage de Pont-Sondé, sous les yeux de Normil Rameau et de la MMS, expliquent cette dynamique : des régions historiquement et symboliquement importantes sont ciblées, ce qui accroît l’impact médiatique et politique de la violence. Ces attaques ont agi comme des déclencheurs, permettant aux autorités haïtiennes de plaider pour une intervention rapide et d’alerter les leaders étrangers – amis d’Haiti – sur l’urgence de la situation. Ainsi, la stratégie adoptée apparaît claire, indiquent les riverains de l’Arcahaie : l’insécurité devient un outil de pression, renforçant l’idée que seule une aide extérieure peut stabiliser la situation.

Des rapports publiés dans la presse indiquent que Garry Conille, lors de son déplacement au Kenya, pourrait intégrer ces récents événements dans son plaidoyer, en mentionnant l’avancée des gangs vers l’Arcahaie comme une preuve supplémentaire de la déstabilisation croissante du pays. L’utilisation de cette violence pour influencer les discussions diplomatiques pourrait être considérée comme une forme de manipulation, visant à obtenir un soutien plus rapide et plus décisif de la part de la communauté internationale et la perte totale de la souverainete d’Haiti.

Cependant, cette stratégie comporte des risques majeurs pour la souveraineté haïtienne. En amplifiant l’image d’un Etat en faillite, elle renforce l’idée qu’Haïti est incapable de se gouverner sans intervention extérieure. Cette perception pourrait conduire à une nouvelle phase d’occupation ou de tutelle internationale, une perspective que beaucoup d’Haïtiens redoutent, surtout au vu de l’histoire du pays. L’indépendance durement acquise par Haïti risque d’être remise en cause si la communauté internationale adopte une approche paternaliste, renforçant la dépendance au lieu de permettre une véritable reconstruction nationale.

La concomitance entre la montée de la violence des gangs et les initiatives diplomatiques, comme celle de Garry Conille au Kenya vendredi, pose la question de l’instrumentalisation de l’insécurité ancienne en Haïti. Si cette violence est utilisée pour justifier des demandes d’aide étrangère, elle révèle un problème structurel dans la gestion de la crise haïtienne, où la solution est de plus en plus externalisée. Haïti est à la croisée des chemins, et la question demeure : ces stratégies de gestion de la violence serviront-elles à renforcer l’État haïtien, ou le maintiendront-elles dans une dépendance croissante vis-à-vis des puissances étrangères ? Et dire que de beaux discours sont attendus le 2 janvier au MUPANAH, et espérons que Dominique Duouy ramènera de Londres l’Acte d’Indépendance original qui sera exposé le 1er janvier 2025.

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