Claudia Sheinbaum : Première femme présidente du Mexique face à de nombreux défis
Le Mexique accueille ce mardi sa première femme présidente, Claudia Sheinbaum, une scientifique spécialisée en climatologie. Son entrée en fonction survient à un moment critique, marqué par une flambée de violence, des réformes constitutionnelles majeures et des relations stratégiques à entretenir avec les États-Unis.
Un Partenaire clé des États-Unis : Pourquoi est-ce important ?
Le Mexique occupe une place centrale dans les échanges économiques des États-Unis. Avec un commerce bilatéral de 807 milliards de dollars l’année dernière, la relation entre ces deux pays est primordiale, tant sur le plan économique que pour la gestion des flux migratoires. Sheinbaum se retrouve donc à la tête d’un pays dont les politiques migratoires sont étroitement surveillées par Washington.
Un contrôle migratoire sous pression
Durant la présidence de Claudia Sheinbaum, il est probable que la coopération avec les États-Unis se poursuive en matière de gestion des migrations. En effet, le Mexique a jusqu’à présent intensifié ses efforts pour contenir les flux migratoires à sa frontière sud, notamment en déployant des troupes pour stopper les migrants avant qu’ils n’atteignent les États-Unis. Selon NBC News, le Mexique aurait déjà détenu plus de 280 000 immigrants cette année.
Cependant, cette coopération pourrait être remise en question si Donald Trump est réélu en novembre prochain. D’après Pamela Starr, professeure de sciences politiques et de relations internationales à l’USC, les promesses de déportations massives de Trump impliqueraient le renvoi de milliers de personnes sur le territoire mexicain, ce qui risquerait de dépasser les capacités de gestion du Mexique et de provoquer une forte résistance de la part de l’administration Sheinbaum.
Réformes nationales : entre justice et militarisation
Claudia Sheinbaum, issue du parti au pouvoir Morena, devra également superviser la mise en œuvre d’une réforme du système judiciaire, initiée par son prédécesseur et mentor, l’ancien président Andrés Manuel López Obrador. Cette réforme, largement critiquée, est perçue comme une menace aux principes de contrôle et de séparation des pouvoirs au sein des institutions mexicaines.
Par ailleurs, la nouvelle présidente sera confrontée à une expansion sans précédent du pouvoir militaire, notamment avec le transfert du commandement de la Garde nationale — initialement conçue comme une force de police nationale — sous l’égide de l’armée. Ce transfert, défendu par López Obrador, a suscité de vives critiques, certains y voyant un risque de militarisation excessive du pays. L’ancien président justifie cette décision par la nécessité de renforcer la lutte contre les cartels, particulièrement actifs dans l’État de Sinaloa, où de récents affrontements territoriaux ont causé des dizaines de morts et conduit à la fermeture temporaire d’écoles.
Enjeux et Perspectives
La présidence de Claudia Sheinbaum représente un tournant historique pour le Mexique, à la fois sur le plan politique et social. Les défis qu’elle devra relever sont nombreux et complexes, allant de la sécurité intérieure aux réformes institutionnelles, sans oublier le maintien d’une relation équilibrée avec les États-Unis, principal partenaire économique et stratégique. Reste à voir comment Sheinbaum articulera ses actions pour naviguer entre les aspirations d’une nation en quête de paix et de prospérité, et les pressions d’un voisin nord-américain à la fois allié et source de tension.