7 décembre 2025
Edgard Leblanc à la Tribune des Nations Unies : Un discours pour la renaissance d’Haïti
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Edgard Leblanc à la Tribune des Nations Unies : Un discours pour la renaissance d’Haïti

Haïti, la première nation noire indépendante du monde, est également la grande victime d’une injustice historique, qui non seulement a retardé son développement, mais a aussi marqué son peuple d’un fardeau dont les répercussions se font encore sentir.


Edgar Leblanc à la Tribune des Nations Unies : Un Discours pour la Renaissance d’Haïti et la restitution de la dette…

C’est avec gravité et une profonde lucidité qu’Edgar Leblanc s’est exprimé jeudi matin à la tribune des Nations Unies, offrant un discours empreint de réalisme et d’espoir pour l’avenir d’Haïti. Ancien président de l’assemblée nationale et président du CPT, Leblanc a saisi cette occasion pour dresser un état des lieux sans concession de la situation chaotique du pays tout en proposant des pistes de sortie de crise ancrées dans le respect de la souveraineté nationale et la solidarité internationale.

Leblanc a commencé son intervention en brossant un tableau sombre de l’actuelle conjoncture haïtienne. Les défis sont nombreux : insécurité généralisée, violence des gangs, paralysie politique, pauvreté extrême, et effondrement des infrastructures essentielles. Face à ces maux, il a souligné l’urgence d’une action collective et coordonnée, tout en rappelant que les solutions viables doivent d’abord venir du peuple haïtien. « Il est impératif, » a-t-il déclaré, « de reconnaître la capacité du peuple haïtien à se relever et à construire son avenir, tout en appelant à un appui international sincère et respectueux. »

L’un des points centraux de son discours fut l’appel à un renforcement des institutions haïtiennes. Selon Leblanc, toute démarche de transition doit reposer sur la restauration de l’État de droit et le renforcement des structures démocratiques. « Sans institutions fortes, » a-t-il affirmé, « les efforts de reconstruction resteront vains et les risques de replonger dans le chaos seront perpétuels. » Ainsi, il a appelé les Nations Unies et les partenaires internationaux à accompagner Haïti dans un processus de réforme institutionnelle, notamment par le biais d’un appui technique et financier ciblé.

En poursuivant, Edgar Leblanc a évoqué un passage capital de son intervention :

« Ce changement de statut, tout en veillant à ce que les erreurs du passé ne soient pas répétées, garantira le plein succès de la mission en Haïti. Excellences, Mesdames et Messieurs, je me tiens devant cette Assemblée aujourd’hui en tant que president de la République d’Haïti, un pays dont l’histoire est inextricablement liée aux idéaux de liberté et de justice que nous célébrons tous. Haïti, la première nation noire indépendante du monde, est également la grande victime d’une injustice historique, qui non seulement a retardé son développement, mais a aussi marqué son peuple d’un fardeau dont les répercussions se font encore sentir. En 1825, à peine 21 ans après avoir obtenu sa liberté au prix d’une lutte héroïque, Haïti a été contraint de payer une dette colossale à la France, pays colonisateur, en échange de la reconnaissance de son indépendance. Ce fardeau, imposé sous la menace, a siphonné les ressources de la jeune nation, la plongeant dans un cycle infernal de souffrances profondes, dont elle peine encore à se défaire. »

Cette dette, selon Leblanc, représentait une punition injuste pour le travail acharné du peuple haïtien pour se libérer des chaînes de l’esclavage. Elle a étouffé le potentiel économique et social de la population haïtienne pendant des générations. Face à l’urgence actuelle et aux efforts de rétablissement de la sécurité en Haïti, il a souligné l’importance de se pencher sur les séquelles du passé colonial et des dommages infligés à la nation.

Il a poursuivi en rappelant qu’Haïti est le seul pays à avoir payé pour son indépendance, obtenue dans la douleur et le sang. Alors que le bicentenaire de cet événement unique approche, Edgar Leblanc a posé une question fondamentale : « N’est-il pas temps pour la restitution des sommes consenties? »

Leblanc a également salué les propositions formulées par certains gouvernements et agences des Nations Unies visant à la reconnaissance, à la réparation et à la restitution des préjudices passés. « Haïti a une confiance sans réserve dans l’organisation des Nations Unies, » a-t-il affirmé, ajoutant que le rôle de l’ONU est crucial pour instaurer les mécanismes nécessaires au dialogue entre les pays victimes de la colonisation et les anciennes puissances coloniales.

Reprenant son plaidoyer à cette 79e session de l’Assemblée Générale, Leblanc a précisé que son objectif n’était pas simplement de revendiquer des réparations, mais de soulever une question de principe : celle de la justice imminente. « Notre approche, » a-t-il déclaré, « est résolument engagée, structurée et bien documentée. Le Comité national pour la restitution et la réparation, en collaboration avec la Commission pour la réparation de la CARICOM, a déjà entrepris un travail exhaustif sur ce sujet. » En ce sens, il demande la reconnaissance d’une dette morale et historique, et la mise en œuvre de réparations justes et appropriées.

La conclusion de son discours a été empreinte de solennité. « L’histoire nous enseigne que les nations ne s’élèvent pas dans l’isolement, mais dans l’union des forces, dans l’engagement résolu à bâtir un avenir commun. Haïti est une terre qui a offert au monde un symbole de volonté libre et qui a aidé plusieurs nations à se libérer du joug du colonialisme barbare. Nous ne recherchons pas la charité, mais la justice. »

Ainsi, l’intervention d’Edgar Leblanc à la tribune des Nations Unies s’inscrit dans une démarche à la fois audacieuse et réfléchie. Elle a posé les jalons d’un dialogue franc avec la communauté internationale, tout en affirmant l’autonomie du peuple haïtien dans sa quête d’un avenir prospère et digne.

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