Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), après avoir partagé les dividendes du pouvoir, se retrouve aujourd’hui dans une lutte désespérée pour sa survie, entre corruption et appels à la démission. Le gouvernement semble incapable d’atterrir, tel un avion en perdition, tandis que le chef du gouvernement cherche à concentrer tous les leviers du pouvoir. Pourtant, il ne maîtrise même pas son propre cabinet, ce qui l’amène à vouloir encore plus. Pendant ce temps, les autres départements du pays souffrent profondément de cette quête insatiable de contrôle.
Dans le département de l’Artibonite, la situation est alarmante. Il n’y a pas de délégué départemental, et les vice-délégués abandonnent leurs postes un à un. Aux Gonaïves, c’est pire : le maire titulaire a quitté ses fonctions il y a presque un an, la mairesse assesseure n’a plus été active depuis près de trois ans et demi, et l’autre maire assesseur est alité par la maladie. Cette désorganisation touche plusieurs autres communes de l’Artibonite, laissées à l’abandon.
Le chef du gouvernement, dans sa course effrénée pour contrôler chaque parcelle de pouvoir, « kay pa kay », « zòn pa zòn », fait abstraction de ces problèmes tant qu’il n’a pas pris en main la gestion des communes. Pendant ce temps, des sommes astronomiques sont englouties dans le confort du CPT et des membres du gouvernement, tandis que le peuple est laissé pour compte, en proie à une crise alimentaire catastrophique.
L’argent ne circule pas, la corruption gangrène toutes les institutions étatiques, et la situation économique du pays se détériore à vue d’œil.
Dans ce contexte, le mot « conscience » semble être devenu l’antithèse du mot « pouvoir ». Les territoires sont perdus aux mains des gangs, les viols collectifs se multiplient, les enlèvements et les meurtres deviennent monnaie courante, et les libérations contre rançon se généralisent.
Alors que le peuple brûle sous le feu de l’insécurité et de la violence, l’État continue de festoyer. Les membres du gouvernement organisent des soirées dans des hôtels de luxe, se réunissent sans fin pour piller les caisses de l’État, partent en vacances à l’étranger avec leurs proches, accumulent des per diem, rient à gorge déployée, et prennent des photos souvenirs. L’Haïti des puissants est un monde à part, éloigné, très éloigné de l’Haïti du peuple.
Mais un jour viendra où la conscience du peuple se réveillera. Ce jour-là, il y aura des cris, des larmes, et une demande de justice, proportionnelle à la souffrance accumulée.
Beken PETIT-HOMME, 08 Septembre 2024
Président du Festival International Vodou
Coordonnateur de la Maison Culturelle