La dégradation alarmante de la route nationale numéro 1, reliant le Cap-Haïtien à Gonaïves, est le reflet d’une crise profonde de l’État haïtien.
La Route Nationale No. 1, qui relie deux des plus importantes métropoles haïtiennes, Cap-Haïtien et Gonaïves, est aujourd’hui le théâtre d’un désastre infrastructurel sans précédent. Autrefois considérée comme l’artère principale du nord du pays, cette route, qui s’étend sur plus de 120 kilomètres, est aujourd’hui l’un des tronçons les plus dangereux au monde. L’état catastrophique de cette route ne soulève pas seulement des questions sur la gouvernance actuelle, mais aussi sur l’existence même de l’État haïtien. Peut-on encore parler d’État dans un pays où une route de cette ampleur a été abandonnée ?
Une route en ruine, une population abandonnée
Le tronçon de la route nationale n° 1 entre Gonaïves et Cap-Haïtien, autrefois voie de transit essentielle, est désormais une succession de nids-de-poule, de fissures béantes et de profondes déformations. Pour les usagers de la route, chaque trajet est un calvaire qui met en péril non seulement leur véhicule, mais aussi leur vie. Les accidents sont fréquents et le nombre de victimes ne cesse d’augmenter. Ce qui devait être une simple route reliant deux grandes villes est devenu un véritable parcours du combattant.
La situation est d’autant plus alarmante que le Cap-Haïtien abrite l’un des deux aéroports les plus importants du pays. Or, accéder à cet aérodrome à partir de régions comme Saint-Michel-de-l’Atalaye ou même des Gonaïves est devenu une aventure périlleuse. Les voyageurs, qu’ils soient locaux ou internationaux, font face à une réalité déconcertante : pour se rendre à l’aéroport, il faut emprunter une route qui sort tout droit d’un film post-apocalyptique.
L’Etat haïtien : Une présence limitée à Port-au-Prince ?
Face à cette dégradation continue, une question se pose : l’Etat haïtien existe-t-il vraiment en dehors de Port-au-Prince ? La capitale, bien que confrontée à ses propres défis, semble être le seul endroit où il existe encore un semblant de présence de l’Etat. Ailleurs, notamment dans les régions du Nord, la population est livrée à elle-même, sans soutien ni infrastructures adéquates.
Les autorités, qu’elles soient locales ou nationales, n’ont pas répondu aux besoins urgents de leurs citoyens. Pire encore, elles semblent ignorer délibérément la situation. Comment peut-on justifier, dans un pays qui se veut souverain, qu’une route aussi cruciale pour l’économie et le développement soit laissée à l’abandon ? L’absence d’intervention du gouvernement sur ce tronçon de route n’est pas seulement inacceptable, c’est aussi un signe clair de l’effondrement de la gouvernance en Haïti.
Un signe de faillite nationale
La détérioration de la Route Nationale No 1 n’est pas simplement un problème d’infrastructure, c’est le reflet d’une faillite nationale. Alors que l’État parle de « confiance nationale » et de « développement », il néglige les besoins fondamentaux de ses citoyens. Comment peut-on espérer construire un avenir meilleur dans un pays où les routes, symboles de connexion et de progrès, sont en ruine ? La situation actuelle n’est pas seulement le résultat d’une mauvaise gestion, c’est le produit d’un manque total de vision et de responsabilité.
Les autorités actuelles, dont la plupart sont des personnalités illégitimes, semblent plus préoccupées par leur propre sécurité que par celle de la population. Retranchées dans leurs résidences sécurisées, entourées de gardes armés, elles se coupent de la réalité vécue par les citoyens ordinaires. Cette coupure entre les élites politiques et la population n’est pas seulement dangereuse, elle est aussi le signe d’un État en voie d’extinction.
L’urgence d’une réaction de l’État
Pour remédier à cette situation, il est évident qu’il est urgent de prendre des décisions. Le rétablissement de la Route Nationale No 1 est une nécessité absolue, non seulement pour assurer la sécurité des usagers de la route, mais aussi pour redonner confiance à une population qui se sent abandonnée. L’Etat haïtien, s’il existe encore, doit sortir de sa torpeur et agir. Il est grand temps d’arrêter de parler et d’agir pour le bien-être de la nation.
Les infrastructures routières sont l’un des piliers du développement économique. En Haïti, leur délabrement est un signal d’alarme qui ne peut être ignoré. Il est impératif que l’Etat, dans son ensemble, prenne ses responsabilités et montre enfin qu’il est capable de gouverner au-delà des frontières de Port-au-Prince. Car si l’État ne peut pas garantir quelque chose d’aussi fondamental que des routes sûres et praticables, on peut légitimement se demander s’il mérite encore le nom d’État.
cba