Le Honduras a annoncé mercredi sa décision de mettre fin à un traité d’extradition vieux de plus d’un siècle avec les États-Unis, à la suite de préoccupations exprimées par l’ambassadrice américaine concernant une rencontre entre des responsables de la défense honduriens et vénézuéliens. Cette décision marque un tournant significatif dans les relations entre les deux nations, accentuant les tensions qui couvent depuis l’entrée en fonction de la présidente hondurienne Xiomara Castro.
Dans une lettre adressée à l’ambassade des États-Unis, partagée sur les réseaux sociaux par le ministre des Affaires étrangères Enrique Reina, le gouvernement hondurien a officialisé sa décision de dénoncer le traité d’extradition. Cette démarche, qualifiée de « dénonciation » en droit international, constitue un retrait unilatéral d’un traité en vigueur, soulignant ainsi la gravité du désaccord.
La présidente Castro a justifié cette décision en accusant Washington de s’immiscer dans les affaires internes de son pays. « L’ingérence et l’interventionnisme des États-Unis, ainsi que leur intention de diriger la politique du Honduras par le biais de leur ambassade et d’autres représentants, sont intolérables, » a-t-elle déclaré dans un message publié sur les réseaux sociaux. Ces propos reflètent une montée de l’anti-américanisme dans la région, où de plus en plus de gouvernements de gauche remettent en question l’influence historique des États-Unis.
La réaction américaine est survenue après une rencontre entre le ministre de la Défense hondurien, José Manuel Zelaya, et son homologue vénézuélien, Vladimir Padrino. L’ambassadrice américaine au Honduras, Laura Dogu, s’est dite « surprise » par cette rencontre, accusant indirectement les responsables honduriens de traiter avec des « trafiquants de drogue ». Padrino avait en effet été inculpé par les États-Unis pour trafic de drogue en 2020.
Cette accusation n’a pas manqué de susciter une vive réaction de la part des autorités honduriennes. Le ministre Reina a dénoncé ce qu’il considère comme une atteinte à la souveraineté nationale, déclarant sur les réseaux sociaux : « Insinuer ou nous impliquer en tant que trafiquants de drogue et disqualifier nos autorités constitue une véritable menace directe à notre indépendance et à notre souveraineté. »
Le Honduras a longtemps été un allié fidèle du gouvernement socialiste du Venezuela, ce qui ne fait qu’aggraver les tensions avec Washington. Le traité d’extradition, désormais révoqué, avait permis l’extradition de plusieurs figures honduriennes de premier plan, dont l’ancien président Juan Orlando Hernandez, autrefois allié des États-Unis, qui a été extradé après l’arrivée au pouvoir de Castro en 2022 et condamné par la suite pour trafic de drogue.
Cette rupture symbolise non seulement une réorientation des alliances honduriennes, mais également une affirmation de l’autonomie du pays face à ce qu’il perçoit comme des tentatives de contrôle externe. Alors que les États-Unis n’ont pas encore réagi officiellement, cette décision pourrait avoir des répercussions majeures sur les relations diplomatiques et la coopération en matière de sécurité entre les deux nations.

