Le déploiement d’une force internationale parrainée par l’ONU en Haïti, mandatée pour réprimer la violence des gangs, met en lumière un problème plus profond : la nature de l’État haïtien et ses liens avec les élites économiques nationales et internationales. Cette intervention, bien que visant à restaurer l’ordre, ne fait qu’effleurer la surface des causes profondes de l’instabilité en Haïti.
Les gangs en Haïti, en particulier depuis 2018, ont consolidé leur pouvoir sous la direction de figures telles que Jimmy Chérizier, alias Barbecue, un ancien policier. Cette évolution est liée à l’inaction et au silence du gouvernement face aux massacres et enlèvements. De plus, divers rapports indiquent que ce chaos a été « manufacturé » par des acteurs nationaux et internationaux. Il est donc essentiel de questionner : quelles sont les véritables motivations derrière cette intervention internationale ? Est-elle dictée par des intérêts humanitaires ou économiques ?
Le Rôle des Gangs et de l’État
Les gangs contrôlent des territoires abandonnés par l’État, souvent dépourvus d’infrastructures essentielles telles que l’eau potable, l’électricité, les écoles et les hôpitaux. Ces zones, marquées par une pauvreté extrême, deviennent des foyers de recrutement pour les gangs. Les jeunes hommes, principalement, rejoignent ces groupes pour la protection, le respect et des opportunités économiques. Une question cruciale se pose alors : pourquoi l’État haïtien n’a-t-il pas investi dans ces zones pour prévenir l’expansion des gangs ?
L’origine des gangs remonte à la chute de la dictature des Duvalier et a été renforcée pendant le coup d’État de 1991. Depuis lors, ces gangs ont évolué pour devenir des milices armées, souvent instrumentalisées par des acteurs politiques et économiques. Ils jouent un rôle de censeurs dans les quartiers populaires, empêchant l’organisation de mouvements progressistes et réprimant les manifestations. Quel est l’impact de cette instrumentalisation des gangs sur la démocratie et les droits civiques en Haïti ?
Les Dynamiques Économiques et Sociales
Les gangs ne sont pas seulement des entités criminelles, mais aussi des acteurs économiques, offrant des services de sécurité aux entreprises privées et étant impliqués dans divers trafics. Cette collusion entre gangs et élites économiques soulève des questions sur la nature du capitalisme en Haïti : est-il possible de dissocier le développement économique des activités criminelles dans un tel contexte ?
L’intervention internationale, bien que nécessaire pour restaurer un semblant de sécurité, est souvent perçue comme une solution à court terme qui ne s’attaque pas aux racines du problème. Les mouvements sociaux en Haïti ont souligné l’importance de l’autodétermination et de la justice économique. Quelle est l’efficacité des interventions internationales lorsqu’elles ne s’accompagnent pas de réformes structurelles profondes ?
La violence des gangs en Haïti est symptomatique de la crise politique et économique du pays. Une solution durable nécessitera plus qu’une simple intervention militaire. Elle doit inclure des investissements dans les infrastructures, une réforme de la gouvernance et une véritable prise en compte des aspirations du peuple haïtien à l’autodétermination et à la justice sociale.