Le Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a annoncé qu’une mission de la Caricom séjournera en Haïti du 10 au 16 août dans l’objectif d’évaluer la mise en œuvre de l’Accord du 3 Avril par le CPT, le Premier Ministre et les parties signataires dudit accord.
Cependant dans les milieux intéressés, on prête à cette mission de la Caricom un objectif tout à fait différent.
Il s’agira, selon certains observateurs, pour la Caricom de tenter de débloquer ou de résoudre une situation de crise à l’intérieur même du Conseil Présidentiel de Transition dont la dernière manifestation est le scandale de corruption des 100 millions de la Banque Nationale de Crédit (BNC).
En fait , la Caricom est à la base de la mise en place de cette institution à 7 têtes en Haïti dénommée Conseil Présidentiel de Transition.
Mais les oligarques, le PHTK toute version confondue et leurs alliés ont créé ,presqu’en même temps ,au sein même de cette même institution( CPT), un bloc appelé dans un premier temps « Bloc Majoritaire Indissoluble « (BMI) , avec un noyau dur représenté par les conseillers -présidents Gilles, Augustin et Vertilaire concernés par ce que certains n’hésitent désormais pas à appeler la tentative de braquage de la Banque Nationale de Crédit.
L’on se souvient que la première action publique du BMI a été de vouloir imposer un Premier Ministre au pays (M. Belizaire) lors d’une mascarade d’élections pour le choix du Président du CPT.
Par la suite, beaucoup croyaient en la dissolution du BMI. Cependant , aujourd’hui, on doit réaliser qu’il en est rien : le BMI , à travers son noyau dur de 3 conseillers -présidents , continue à vivre et à agir.
C’est le BMI qui règle la vie du CPT. Il est à l’origine de tous les scandales dénoncés dans les médias par différents acteurs politiques et la société civile .
Sauf que désormais, il agit différemment, car il a tiré certaines leçons après son échec caractérisé lorsqu’il a voulu imposer un Premier Ministre au pays.
Aujourd’hui, il est totalement et fondamentalement au service des forces d’argent et fonctionne d’une manière qui s’apparente à celle de grands mercenaires.
Elles sont rares les décisions qui sont prises au CPT sans l’aval de ce trio qui argumente et vote toujours dans le même sens au sein de la Présidence.
De même , on prête à ces 3 messieurs la responsabilité de tous les manquements par rapport à la mise en application de l’accord du 3 avril .
Chacun des quatre autres conseillers représentant des secteurs ayant des intérêts divergents se trouve dans l’obligation de « négocier » avec ce noyau dur du BMI pour faire passer une décision quelconque.
Par exemple, lorsque des oligarques, pour des raisons qui n’ont aucun lien avec les intérêts du pays, ont voulu maintenir en poste tous les membres de l’actuel conseil d’administration de la BNC , ils n’ont eu qu’à demander au représentant du secteur privé au sein du CPT de s’assurer des services et de l’appui du trio ( Gilles, Augustin et Vertilaire).
Évidemment, Gilles a voulu trop en faire et trop en profiter. Et on connaît la suite de l’histoire.
Bref le FMI n’est pas mort. Il est plus vivant que jamais.
La Caricom, en favorisant la création du CPT avec la structuration que l’on connaît, a également permis la naissance du BMI qui est comme une plaque tournante au service des plus offrants.
Que peut faire la Caricom, lors de sa prochaine visite, de ce pouvoir à 7 têtes qu’il a créé en Haïti et conséquemment de ce BMI dont le noyau est concerné par la tentative de braquage de la BNC ?
Très probablement la Caricom sera tenté de forcer le remplacement des Conseillers Gilles, Augustin et Vertilaire. Cela pourrait plaire à leurs potentiels remplaçants qui sont nombreux aujourd’hui ( des profiteurs qui attendent d’être présidents) , mais cela ne résoudra pas le problème de fonctionnement du CPT qui est dû à la façon dont il est structuré et composé.
La solution idéale serait de réviser l’Accord du 3 Avril et de modifier la structure et la composition du CPT, mais le PHTK( Toute version confondue) , les oligarques et leurs alliés locaux et internationaux s’opposeraient à cette solution, car elle risquerait d’amener le pays vers de réelles élections démocratiques et transparentes avec un CEP qui pourrait interdire la participation de Martelly , Privert et d’autres individus sanctionnés par le Canada et/ou les États-Unis.
Mais de cela, la Caricom n’en voudra pas…..
Célimène Fratus