Haïti, terre de contrastes et de surprises, n’en est pas à son premier scandale. Mais celui-ci a de quoi faire pâlir les scénaristes de films de braquage. Imaginez trois conseillers présidentiels, oui, vous avez bien lu, entrant dans une banque comme des acteurs de théâtre, prêts à exécuter leur grand numéro.
Armés de leur forte influence politique et non des armes à feu détenues « légalement » par BBQ, Lanmo San Jou, Izo, Vitelhomme et autres bandits à sapate, ces trois hommes en costume-cravate ont exigé du directeur de la banque la modique somme de 100 millions de gourdes. La scène est digne d’un film satirique, le directeur de la banque est aussi perplexe qu’un acteur de seconde zone surpris par un rebondissement inattendu.
La nouvelle a fait le tour du pays, alimentant les discussions dans les marchés, les bureaux et même les églises sans oublier « devan Katedral« . Les questions fusent : ces conseillers iront-ils en prison ? Qui oserait les interroger et les traduire en justice dans un pays où l’impunité est la norme et l’exception à la regle ?
La réponse, hélas, reste floue, car en Haïti, on dit souvent qu’il faut avoir un dossier bien sale ou au moins « yon grenn zanno’w kay ofev » pour accéder aux plus hautes sphères de l’État. Antenor Firmin, en 1915, pat gen zanno kay ofev alors que les basses oeuvres de Conze de Sudre Dartiguenave brillaient comme des krizokal sous le soleil de midi.
Alors, que réserve l’avenir pour ces audacieux conseillers ? Un futur en cellule ou une promotion au sein du gouvernement soutenu par l’international punissant bien au contraire chez eux toute forme de corruption et de clientelisme ?
La satire de ce hold-up improbable n’est peut-être que le reflet d’une réalité plus sombre et plus absurde que toute fiction.
cba
