L’ambassade des États-Unis au Kenya a finalement pris la parole depuis le début des manifestations anti-gouvernementales le 18 juin 2024.
Depuis le début des manifestations, l’ambassade n’a émis que des alertes de démonstration à ses citoyens présents dans le pays.
L’ambassade a demandé aux policiers kenyans de faire preuve de retenue et de protéger le droit des citoyens à manifester pacifiquement pendant les protestations contre le gouvernement.
Dans un communiqué publié le 18 juillet, l’ambassade des États-Unis a exprimé sa profonde inquiétude face aux rapports de violences, y compris les fusillades et les enlèvements de manifestants, journalistes et autres personnes.
« Alors que nous entrons dans la cinquième semaine de manifestations à travers le Kenya et que le nombre de décès liés aux manifestations dépasse les 50, l’ambassade des États-Unis d’Amérique déplore profondément la perte de vies et la destruction des moyens de subsistance des personnes et appelle tous les acteurs à demeurer pacifiques et à respecter l’État de droit », peut-on lire en partie dans le communiqué.
« L’engagement constructif des citoyens et de la société civile, soutenu par des médias libres et indépendants, est un pilier de la démocratie. Ce sont des valeurs que nous partageons avec le Kenya et que nous devons tous protéger. »
De plus, l’ambassade a appelé les provocateurs et les opportunistes à éviter de bloquer les routes et de piller les commerces.
Elle a également demandé à tous les acteurs – policiers et manifestants – de renoncer à la violence et d’être tenus responsables de leurs méfaits.
« En tant qu’ami et partenaire de longue date du Kenya, l’ambassade note les remarques du gouvernement du 18 juillet concernant le traitement des griefs publics et encourage le gouvernement à continuer de faire des progrès, notamment en matière de corruption et de responsabilité, pour promouvoir l’unité nationale et la réconciliation », ajoute le communiqué.
« Alors que nos deux pays s’efforcent de construire des démocraties plus fortes qui apportent paix et prospérité à nos citoyens, c’est un moment important pour tous les Kenyans de démontrer les valeurs démocratiques que nous partageons. »
Trois nouvelles victimes
Trois personnes ont été tuées mardi lors des manifestations anti-gouvernementales en cours à l’échelle nationale, portant le bilan des décès depuis le début des manifestations il y a environ un mois à 53.
Au cours des manifestations, la police a continué à utiliser une force excessive en traitant les manifestants, ouvrant le feu de manière indiscriminée.
La Commission nationale des droits de l’homme du Kenya (KNCHR) a également enregistré 82 nouvelles blessures, portant le total à 574. Il y a eu 77 nouvelles arrestations, portant le nombre total à 1 201 depuis le début des manifestations.
Le Ministère de l’Intérieur et de l’Administration nationale a recommandé le 17 juillet la création d’un bureau du Coroner General pour enquêter sur les décès, y compris ceux résultant des actions de la police.
L’Autorité de régulation des communications du Kenya (CA) a également averti les médias du pays contre la diffusion de contenus liés aux manifestations anti-gouvernementales en cours qu’elle considère comme inconstitutionnels.
Le Directeur Général de la CA, David Mugonyi, dans une lettre adressée aux rédactions le mercredi 17 juillet, a souligné que bien que les Articles 33(1) et 34(1) de la Constitution du Kenya garantissent la liberté d’expression et l’indépendance des médias, ces droits ne s’étendent pas à « la propagande pour la guerre, l’incitation à la violence, le discours de haine ou l’appel à la haine ».
Selon Mugonyi, une partie des médias agréés a compromis l’objectivité et l’équilibre dans le reportage des crimes, des opérations de sécurité et/ou des situations de crise.