Le Premier ministre Garry Conille a sommé les gangs fédérés par le régime PHTK-Tete Kale, en « mission de déstabilisation du pays », de rendre leurs armes lors d’un discours télévisé mercredi soir, dans lequel il a reconnu à quel point la vie dans la capitale haïtienne et au-delà est devenue dangereuse, et s’est engagé à sévir contre la violence endémique.
Les remarques de M. Conille sont intervenues un jour après l’arrivée en Haïti d’un deuxième groupe de 200 policiers kenyans, dans le cadre d’une mission soutenue par l’ONU et dirigée par le Kenya, également en période de troubles, pour aider à réprimer la violence généralisée des gangs. Il a toutefois reconnu que le processus ne serait pas de courte durée et qu’il y aurait un long chemin à parcourir, suggérant que le départ des forces étrangères du terrain ne serait pas pour demain.
« La vie quotidienne à Port-au-Prince s’est transformée en une bataille pour la survie », a-t-il déclaré. « De nombreux innocents ont perdu la vie.
Les gangs contrôlent 80 % de Port-au-Prince et ont été accusés d’avoir tué ou blessé plus de 1 500 personnes au cours des seuls trois premiers mois de l’année.
Plus tôt dans la journée de mercredi, des journalistes de l’Associated Press ont observé une file de véhicules blindés dévaler le boulevard principal du centre-ville de Port-au-Prince, l’un des quartiers les plus dangereux de la capitale, tandis qu’une foule d’Haïtiens se rassemblait tranquillement pour les observer, les bras sur les hanches.
Les véhicules transportent des policiers kenyans et haïtiens qui se répartissent dans le centre-ville. Plusieurs coups de feu ont retenti, mais il n’a pas été possible de savoir qui avait tiré et si des personnes avaient été blessées ou tuées.
« Déposez vos armes et reconnaissez l’autorité de l’État », a déclaré M. Conille dans un message adressé aux gangs.
M. Conille a déclaré que le rétablissement de la sécurité était pour lui une priorité absolue, mais il a prévenu que cela prendrait du temps. Il a indiqué que l’objectif était de reprendre tous les territoires contrôlés par les gangs « maison par maison, quartier par quartier, communauté par communauté ».
« Nous devons libérer Haïti de toutes sortes de gangs qui tuent et violent la population », a déclaré M. Conille.
La violence des gangs a également fait plus d’un demi-million de sans-abri ces dernières années, les gangs rivaux luttant pour le contrôle de nouveaux territoires. Plus de la moitié des personnes déplacées sont des femmes et des jeunes filles, dont beaucoup vivent dans des camps et des abris de fortune surpeuplés et insalubres.