Port-au-Prince, 9 juin 2024 – Face à la violence des gangs, des accidents de la route fréquents, l’impuissance des forces nationales de sécurité et une couverture sanitaire insuffisante, des mesure radicales pour protéger les jeunes citoyens du pays doivent être envisagées.
L’une de ces mesures serait l’instauration obligatoire et urgente de cours de secourisme et de sécurité et auto-défense dans tous les établissements d’enseignement supérieur. Les autorités de transition pourront mettre à profit les jeunes médecins et infirmières fraichement diplômés et des agents de la PNH et des FAd’H, comme formateurs.
Une réponse aux défis nationaux
L’insécurité est devenue un problème majeur en Haïti, affectant tous les aspects de la vie quotidienne. Les gangs contrôlent de larges parties du territoire, rendant les rues dangereuses et augmentant les risques de violences, de kidnappings et d’agressions. Parallèlement, les accidents de la route, souvent mortels, sont en hausse, et les infrastructures médicales peinent à répondre aux besoins urgents de la population.
Dans ce contexte, les universités haïtiennes se voient proposer un rôle déterminant dans la lutte contre ces crises. Ainsi, chaque étudiant doit recevoir une formation en secourisme et en sécurité et auto-défense, une initiative qui pourrait sauver des vies et renforcer la résilience communautaire.
Secourisme : Un savoir inestimable
Le secourisme enseigne les gestes qui sauvent. Il permet de stabiliser les blessés en attendant l’arrivée des secours, ce qui est particulièrement critique dans un pays où l’accès aux services médicaux est limité.
« Dans une situation où les infrastructures de santé sont souvent débordées ou inaccessibles, les premières minutes après un accident sont cruciales. La capacité à administrer les premiers soins peut faire la différence entre la vie et la mort », reconnait une spécialiste travaillant pour l’Hôpital La Paix, à Delmas, une commune de la capitale d’Haïti.
Sécurité et Auto-défense : Une nécessité impérative
Les cours de sécurité et d’auto-défense, quant à eux, visent à équiper les étudiants avec les compétences nécessaires pour se protéger contre les agressions. Ils incluent des techniques pour éviter les situations dangereuses, des stratégies pour désamorcer les conflits, et des moyens de se défendre en cas d’attaque.
« La connaissance des techniques de défense personnelle et des principes de sécurité peut non seulement protéger les étudiants, mais aussi dissuader les criminels. Une population formée est une population plus difficile à cibler », affirme pour sa part un propriétaire d’une agence de sécurité bien cotée à Pétion-Ville.
Avantages multiples
Sauver des vies : Les interventions rapides peuvent réduire la mortalité et la gravité des blessures. Dans un pays où les secours peuvent mettre du temps à arriver, la capacité des étudiants à administrer des soins immédiats et efficaces peut prévenir des décès et limiter les séquelles.
Réduire la peur et le stress : Les étudiants formés se sentent plus en sécurité et confiants. La connaissance des techniques de défense personnelle et des gestes de premiers secours leur permet de se déplacer avec plus d’assurance, réduisant ainsi l’anxiété liée à la peur des agressions ou des accidents.
Diminuer la pression sur les services d’urgence : Les soins immédiats administrés par des secouristes formés peuvent alléger la charge des hôpitaux et des cliniques. En fournissant des premiers soins efficaces sur place, les étudiants peuvent stabiliser les victimes et réduire le besoin de soins intensifs, permettant ainsi aux services médicaux de se concentrer sur les cas les plus graves.
Renforcer la cohésion sociale : La formation en groupe crée un esprit d’entraide et de solidarité parmi les étudiants. En apprenant ensemble, ils développent des liens forts et un sens de communauté, ce qui peut être capital dans des situations d’urgence. Cette cohésion sociale contribue à un environnement plus sûr et plus solidaire, où chacun est prêt à aider son prochain.
Appel à l’action
Les dirigeants universitaires, les autorités sanitaires et les experts en sécurité doivent s’unir pour appeler le gouvernement de transition à rendre en urgence ces formations obligatoires dans tous les établissements d’enseignement supérieur.
Cette initiative nécessiterait un investissement initial en ressources et en personnel qualifié, mais les bénéfices à long terme pour la sécurité et la santé publique seraient inestimables.
Dans un pays où la violence et les accidents de la route sont monnaie courante, l’éducation au secourisme et à la sécurité personnelle est plus qu’une nécessité, c’est une urgence. Il est temps qu’Haïti prenne des mesures concrètes pour protéger ses citoyens les plus vulnérables en leur offrant les outils nécessaires pour survivre et prospérer dans un environnement difficile.
Elensky Fragelus