La présidence d’Haïti de Michel Martelly, accident de l’histoire, restera dans les mémoires non pas pour ses réalisations positives, mais pour ses multiples déboires et scandales de corruption. Depuis son accession au pouvoir à la faveur d’élections truquées, Martelly, « pas très sociable » selon un sociologue haïtien, n’a cessé d’être au cœur de polémiques, notamment autour de la gestion opaque des fonds Petro-Caribé et de ses pratiques de clientélisme éhonté.
Cependant, de nombreux rapports, notamment de la Cour des Comptes, ont révélé des détournements massifs et un manque flagrant de transparence. Une enquête de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif d’Haïti a révélé des irrégularités et des détournements portant sur des millions de dollars. Cette gestion désastreuse a provoqué l’indignation et la colère du peuple haïtien qui a vu ses espoirs de développement anéantis.
Le programme Petro-Caribe, lancé en 2005 par le Venezuela, devait permettre à Haïti de bénéficier de pétrole à prix réduit, en réinvestissant les économies dans des projets de développement.
La gestion des fonds Petro-Caribé a été l’une des plus grandes déceptions de l’administration Martelly-Lamothe. En théorie, ces fonds devaient être utilisés pour des projets de développement durable visant à améliorer les conditions de vie des Haïtiens, qui aujourd’hui végètent dans la misère et la saleté, sous le spectre d’une violence « programmée » des gangs, contribuant à l’instabilité nationale.
En outre, la présidence de Martelly a été marquée par un népotisme et un clientélisme éhonté. Les nominations politiques étaient souvent basées sur des alliances personnelles plutôt que sur la compétence, ce qui a conduit à une inefficacité chronique et à une corruption généralisée au sein du gouvernement Martelly-Lamothe-Evans Paul. Les critiques ont souvent dénoncé une administration dans laquelle les postes clés étaient attribués à des proches et à des alliés politiques, contribuant à l’inefficacité du gouvernement et à la méfiance du public, – ki mande fèmen baryè lè kabrit fin pase -, et facilitant (facilement) la dilapidation des fonds de Petro Caribe.
L’un des épisodes les plus emblématiques de l’insouciance de M. Martelly s’est produit lorsque, mardi, il a publié une note de presse à l’occasion du décès de Jude Hervey Day, ancien ministre de la Planification et de la Coopération extérieure et « grand serviteur de l’Etat » sans pince de rires. Cette note, destinée à présenter des condoléances, a été perçue comme une tentative maladroite de détourner l’attention des critiques acerbes formulées à l’encontre de sa gestion désastreuse du pays. Les internautes haïtiens se sont rapidement moqués de cette initiative, soulignant l’ironie d’un président qui exprime sa douleur pour un ministre d’un gouvernement corrompu tout en ignorant les souffrances quotidiennes de tout un peuple victime de « ses bandes fédérées ».
Beaucoup ont rappelé les accusations de détournement de fonds qui pesaient sur M. Day, notamment en lien avec le ministère de la Planification et de la Coopération Externe, un des principaux gestionnaires des fonds PetroCaribe.
En somme, Michel Martelly a manqué l’occasion de se la boucler résume de manière poignante le sentiment général à l’égard de son mandat présidentiel. Après tant de mal causé à Haïti, Sweet Micky aurait dû choisir la discrétion plutôt que de se lancer dans des lamentations tardives et peu sincères. Son manque de responsabilité et d’empathie pour les souffrances du peuple haïtien a laissé un goût amer dans la bouche de nombreux citoyens, renforçant l’idée que ses paroles ne sont rien d’autre que des complaisances sans crédibilité.
En effet, après avoir été témoins de la corruption, de la mauvaise gestion et de la souffrance généralisée sous son règne, peu de gens ont envie d’écouter les jérémiades de Martelly, sans adresse et domicile fixe en Haïti.
