20 juin 2024
Dirigeant ou homme d’État : ce dernier terme s’applique-t-il à Boisvert et à Conille, comme la Primature voudrait nous le faire croire ?
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Dirigeant ou homme d’État : ce dernier terme s’applique-t-il à Boisvert et à Conille, comme la Primature voudrait nous le faire croire ?

Un homme d’État voit au-delà des urgences immédiates et planifie pour les générations futures. Pour être reconnu comme un homme d’État, un dirigeant doit aller au-delà de la simple gestion quotidienne.

Tweet de la Primature : »A son arrivée, le Premier ministre nommé, Dr @ConilleGarry, a eu un tête-à-tête avec le Premier ministre intérimaire, M. Boisvert. D’autres rencontres de travail s’ensuivront entre les deux hommes d’Etat« .

La distinction entre un dirigeant et un homme d’État est une notion essentielle pour comprendre la dynamique politique et administrative d’un pays. Surtout si ce pays est Haïti, champion de la corruption institutionnalisée dans les Caraïbes, selon le dernier rapport de Transparency International. Alors, un leader – quelqu’un devenu leader par un tweet ou par « yon kout mal taye » – peut-il être un homme d’État ? La réponse réside dans la compréhension des responsabilités et des qualités qui définissent les deux rôles.

Un dirigeant est souvent perçu comme une personne occupant une position de pouvoir, généralement par le biais de moyens légaux ou politiques, et ayant la responsabilité de gérer les affaires courantes d’un État. En revanche, un homme d’État est quelqu’un qui transcende les simples fonctions administratives pour devenir un visionnaire, guidé par des principes éthiques et un dévouement profond envers le bien-être et le développement à long terme de son pays.

Selon le politologue américain James MacGregor Burns, un dirigeant se distingue par sa capacité à atteindre des objectifs spécifiques, souvent à court terme, et à maintenir le pouvoir grâce à des compétences techniques et administratives. Par opposition, un homme d’État incarne des valeurs de leadership transformationnel, caractérisé par une vision à long terme, une intégrité morale et un engagement envers les intérêts supérieurs de la nation et de ses citoyens .

Les Attributs d’un Dirigeant ou Leader

Un dirigeant se distingue par sa capacité à administrer, à prendre des décisions stratégiques et à maintenir l’ordre dans son domaine de responsabilité. Il doit démontrer une compétence organisationnelle et une aptitude à gérer les crises. Cependant, ces qualités ne suffisent pas à élever un dirigeant au rang d’homme d’État.

Les Attributs d’un Homme d’État

Pour être reconnu comme un homme d’État, un dirigeant doit aller au-delà de la simple gestion quotidienne. Il doit incarner des valeurs de justice, de vision à long terme et de service public désintéressé. Selon Winston Churchill, « L’homme d’État pense aux prochaines générations ; le politicien pense aux prochaines élections » (Churchill, 1945). Cette citation illustre bien la différence fondamentale entre les deux rôles. Un homme d’État est aussi jugé par son impact durable sur la société et par sa capacité à inspirer et à unifier son peuple autour d’objectifs communs.

Pour être reconnu comme un homme d’État, un dirigeant doit démontrer plusieurs qualités essentielles :

  1. Vision à Long Terme : Un homme d’État voit au-delà des urgences immédiates et planifie pour les générations futures.
  2. Intégrité et Éthique : Il agit avec une probité inébranlable, évitant la corruption et le népotisme.
  3. Compétence et Expertise : Il possède une compréhension approfondie des affaires nationales et internationales.
  4. Dévouement au Bien Commun : Il met en avant l’intérêt général plutôt que des gains personnels ou de groupe.
  5. Communication Efficace : Il s’exprime clairement et inspire la confiance et le respect à travers ses discours et ses actions.

Peut-on faire de Patrick Boisvert un Homme d’État ?

Prenons le cas de Patrick Boisvert en Haïti. En tant que ministre de facto des Finances, puis Premier ministre de facto Tèt Kale 3 bis, M. Boisvert a été confronté à une situation de crise permanente marquée par le vol, la corruption, l’assassinat et le népotisme. Un homme d’État se distingue dans de telles circonstances en prenant des mesures concrètes pour combattre ces fléaux et en communiquant une vision claire et inspirante à la nation. Cependant, Boisvert n’a pas prononcé de discours à la Nation ni présenté de politique de développement économique depuis son entrée en fonction illégale. Son administration est marquée par une absence de projets de développement et une économie stagnante, ce qui rend difficile de le qualifier d’homme d’État.

L’Exemple de Dr Garry Conille, ‘supporté’ des Etats-Unis

Quant au Dr Gary Conille, le nouveau Premier ministre de facto, il est prématuré de le considérer comme un homme d’État. Sa courte expérience en 2011 avec les Tèt Kale à la Primature, principaux dilapidateurs des fonds de petro caribe, ne fournit pas suffisamment de preuves de sa capacité à incarner les qualités requises. En l’absence de réalisations significatives et d’une vision claire et accouchée pour Haïti, il ne peut être jugé que sur ses actions futures.

Un homme d’État voit au-delà des urgences immédiates et planifie pour les générations futures. Pour être reconnu comme un homme d’État, un dirigeant doit aller au-delà de la simple gestion quotidienne. Le pays se désagrège peu à peu et les dirigeants haïtiens sont, à quelques exceptions près, des « machann peyi ».

Laissons au Dr Conille l’opportunité de nous surprendre et de démontrer que l’adage « qui se ressemble s’assemble » ne s’applique pas toujours.

cba

Références

  1. Burns, J.M. (1978). Leadership. New York: Harper & Row.
  2. Northouse, P.G. (2019). Leadership: Theory and Practice. Los Angeles: Sage Publications.
  3. « Political Crisis and Governance in Haiti, » Journal of Haitian Studies, Vol. 23, No. 2, 2021.
  4. « The Challenge of Leadership in Fragile States, » International Journal of Public Administration, Vol. 41, No. 3, 2018.

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