un billet de la rédaction
Conille doit élaborer une stratégie à la fois incisive et globale, afin de stabiliser le patient et de jeter les bases d’une convalescence durable car le pays souffre d’une hémorragie de violence, d’une infection de la corruption et d’une atrophie économique.
Haïti, comme un patient en soins intensifs, est sous la supervision d’un nouveau praticien Premier ministre. Le Dr Gary Conille prend les rênes après le « mandat » chaotique du Dr Ariel Henry et alliés SDP-Fusion, espérant apporter les réformes nécessaires à la stabilisation du pays, notamment le rétablissement de la sécurité dans les « territoires perdus ». Mais peut-il vraiment faire mieux que son prédécesseur et insuffler une nouvelle vie à une nation qui souffre sans se démarquer des principaux dilapidateurs des fonds de Petro Caribe ?
Le Dr Gary Conille, qui succède au Dr Ariel Henry, partage une histoire commune avec Michel Martelly, l’ancien président accusé par les rapports internationaux d’avoir contribué à la montée des gangs en Haïti. Martelly, qui a été sanctionné par plusieurs institutions, a laissé derrière lui un héritage de violence et de corruption. Le Dr Conille, contrairement au Dr Henry, ancien ministre de l’Intérieur et des Affaires sociales sous Martelly, a été brièvement Premier ministre en 2011. Sa courte expérience de quatre mois au pouvoir (octobre 2011 à février 2012), suivie de deux mois supplémentaires pour expédier les affaires courantes, ne permet pas de prédire avec certitude ou non sa capacité à gouverner efficacement en cette période de crise sévère et de violence extrême « programmée » des gangs terroristes.
L’état de santé de la nation haïtienne est critique. La situation sous le Dr Henry a empiré : insécurité croissante, territoires contrôlés par des gangs et une économie exsangue. Son administration, malgré une durée de plus de 30 mois, n’a pas su inverser la tendance. Les propos de la ministre de facto de la Justice Emelie prophète Milcé, refusant de se rendre dans les « territoires perdus », symbolisent l’abandon officiel de certaines parties du pays à l’anarchie.
Face à cette détérioration, le Dr Gary Conille doit endosser le rôle d’un chirurgien de dernière chance. Les pathologies à traiter sont nombreuses et complexes : restructurer les forces de sécurité, restaurer l’autorité de l’État, lutter contre la corruption endémique et revitaliser l’économie. Les défis sont colossaux, et les attentes, tant nationales qu’internationales, sont élevées.
L’urgence est palpable : les 90 premiers jours de son mandat seront décisifs pour juger de sa capacité à amorcer un redressement. M. Conille, réputé pour son penchant réformiste, doit prouver que son approche peut effectivement produire des résultats tangibles. Sa stratégie doit être à la fois incisive et globale, pour stabiliser le patient et poser les bases d’une convalescence durable.
La réhabilitation des « territoires perdus » est au cœur de cette mission. Transformera-t-il ces zones de non-droit en espaces de vie sûrs et prospères ? Cela nécessitera non seulement une intervention vigoureuse de l’État, mais aussi une collaboration étroite avec la société civile et les partenaires internationaux. Le défi est immense, mais les actions entreprises durant cette période critique détermineront la trajectoire future du pays.
La métaphore médicale s’étend également à la communauté internationale, qui joue le rôle de l’équipe de soutien. La vigilance et l’appui de cette équipe seront essentiels pour monitorer et appuyer les efforts de redressement entrepris par Dr Conille Le monde observe avec une attention renouvelée, espérant voir des signes de guérison émerger des initiatives prises par ce nouveau leader.
Pour que ce nouveau traitement soit efficace, Dr Conille doit non seulement rompre avec les pratiques du régime Tèt Kale, toutes versions confondues, mais aussi démontrer un engagement inébranlable envers le bien-être de la population haïtienne.
Haïti, malade et affaiblie, mise sur ce deuxième médecin pour espérer une guérison. Dr Gary Conille peut-il faire mieux que Dr Ariel Henry et sauver un patient au bord du coma ? Les prochains mois révéleront si cette nouvelle intervention peut stabiliser et revitaliser Haïti. En attendant, le pays continue d’espérer une résurrection sous la direction de son nouveau médecin à son chevet. Qui vivra verra, mais qu’il fasse attention aux flagorneurs avec leurs médicaments avariés qui prennent déjà place à bord du train délabré. Ils se connaissent.