Mort de Raisi : Les États-Unis expriment leurs condoléances mais rappellent ses violations des droits de l’homme
Le président iranien Ebrahim Raisi et le ministre des Affaires étrangères Hossein Amirabdollahian ont péri dans un crash d’hélicoptère dans une région montagneuse près de la frontière avec l’Azerbaïdjan, ont annoncé lundi des responsables et les médias d’État.
Raisi, âgé de 63 ans, et Amirabdollahian, 60 ans, voyageaient avec une délégation dans un convoi de trois hélicoptères depuis la frontière nord-ouest de l’Iran après avoir inauguré un projet de barrage conjoint. L’hélicoptère s’est écrasé dans une zone reculée dimanche, sous une épaisse brume, et les opérations de recherche ont été entravées par les conditions météorologiques difficiles. Les corps des huit occupants ont été retrouvés lundi.
Le porte-parole du département d’État américain, Matt Miller, a présenté lundi les « condoléances officielles » des États-Unis pour les victimes iraniennes du crash d’hélicoptère. « Alors que l’Iran choisit un nouveau président, nous réaffirmons notre soutien au peuple iranien et à sa lutte pour les droits de l’homme et les libertés fondamentales », a déclaré Miller dans un communiqué.
La mort de Raisi ne devrait pas bouleverser la politique intérieure ou étrangère de l’Iran. Cependant, elle survient à un moment de tensions internationales accrues et soulève des spéculations sur le successeur éventuel du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. Raisi était considéré comme un successeur potentiel du clerc de 85 ans.
Les funérailles de Raisi se tiendront mercredi, et une élection présidentielle est prévue pour le 28 juin, ont rapporté les médias d’État lundi. Parmi les candidats possibles figure Mojtaba Khamenei, deuxième fils de l’ayatollah Khamenei, considéré comme une figure influente en coulisses. Toutefois, l’aîné Khamenei s’est exprimé contre la règle héréditaire.
Développements
∎ Mohammad Mokhber, vice-président de l’Iran, a été nommé président par intérim. Mokhber a désigné le négociateur nucléaire iranien Ali Bagheri Kani comme ministre des Affaires étrangères par intérim. L’Iran a déclaré cinq jours de deuil public.
∎ Les médias d’État ont rapporté que l’hélicoptère Bell 212 fabriqué aux États-Unis pourrait avoir percuté un sommet de montagne, bien qu’aucune cause officielle du crash n’ait été annoncée. Le Croissant-Rouge iranien a publié des images vidéo montrant des équipes de secours récupérant les corps sur le site de l’accident.
∎ Parmi les dirigeants ayant exprimé leurs condoléances pour la mort de Raisi et de sa délégation figurent des personnalités aussi disparates que le pape François et le dictateur nord-coréen Kim Jong Un.
∎ La perte du président et du principal diplomate iranien prive le pays de deux hauts responsables à un moment où l’Iran et la région sont sur le qui-vive en raison de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza et des récents échanges militaires directs entre l’Iran et Israël qui ont failli déclencher un conflit régional plus large. Sur le plan intérieur, le gouvernement théocratique iranien fait face à la colère contre la corruption, son économie frappée par les sanctions et les appels à la fin du régime clérical.
Réactions américaines
John Kirby, porte-parole de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale, a déclaré lundi qu’il est habituel pour les États-Unis de présenter leurs condoléances officielles aux gouvernements étrangers en cas de perte majeure, après que la déclaration de l’administration Biden ait été scrutée par les critiques du régime iranien. Mais, a-t-il ajouté, « le président Raisi était responsable de violations flagrantes des droits de l’homme dans son propre pays, de l’arrestation et des violences physiques contre des centaines de manifestants. »
Kirby a ajouté que Raisi était également responsable du soutien apporté par l’Iran aux réseaux « terroristes » dans toute la région, y compris le Hamas, le groupe militant responsable de l’attaque du 7 octobre en Israël qui a fait 1 200 morts.
« Il est indéniable que cet homme avait beaucoup de sang sur les mains », a-t-il poursuivi. « Comme nous le ferions dans n’importe quel autre cas, nous regrettons certainement, en général, la perte de vies humaines et avons présenté des condoléances officielles comme il se doit. »
Kirby a indiqué aux journalistes que les États-Unis n’ont pas d’informations supplémentaires sur le crash et ses causes, ajoutant : « Nous continuerons à soutenir le peuple iranien dans sa lutte pour ses droits civils. Et nous continuerons à tenir l’Iran responsable de tous ses comportements déstabilisateurs dans la région, qui se poursuivent à ce jour. »