21 décembre 2025
Edito de Haïti-Observateur | Le processus de création du CPT expose la corruption partout !
Actualités Corruption Diplomatie Insécurité|Kidnapping

Edito de Haïti-Observateur | Le processus de création du CPT expose la corruption partout !

Le processus de création du Conseil présidentiel de transition (CPT) intérimaire, nouveau système introduit par les parties impliquées dans les négociations inter-haïtiennes, approuvé par la communauté internationale, met en évidence la corruption qui domine les décisions politiques, au sein des acteurs, nationaux et internationaux. À peine vingt-quatre heures après qu’il eut été voté dans l’opacité totale et installé en catimini, en raison de la violence des gangs armés, sa naissance est confrontée au désaveu en son propre sein, ainsi que parmi les organisations ayant contribué à le porter sur les fonts baptismaux.

Si, cette fois, d’aucuns misaient sur le changement de la société haïtienne, souhaitant, au prime abord, rompre avec le passé, dans le choix des dirigeants du pays, ils ont vite constaté que plus de telles ambitions sont évoquées dans les promesses électorales, davantage les pratiques criminelles et malsaines restent les mêmes. Car le lendemain même du vote du président du Conseil présidentiel de transition (CPT) et du Premier ministre provisoire, la contestation s’est prononcée, personne, exceptés les partisans au complot, ne pouvait en prévoir le résultat.

En effet, dans un pays où les citoyens respectent leur parole d’honneur, le candidat élu président du CP serait connu d’avance, entre Edgard Leblanc Fils (Organisation du peuple en lutte), (Leslie Voltaire (Fanmi Lavalas), Gérald Gilles (Accord du 21 décembre), Laurent Saint-Cyr (Secteur privé des Affaires). Mais, puisque, généralement, en Haïti, les démarches pré-électorales s’accompagnent toujours de magouilles, la surprise attend invariablement au rendez-vous. D’où la révélation d’Edgard Leblanc Fils comme le président du Conseil présidentiel, élu par le « Bloc majoritaire indissoluble » (BMI), dont fait partie l’élu, révélation de celui-ci. Autrement dit, créé de toute pièce par le BMI lui ayant attribué le rôle de « non participant au vote du président du CP », sous l’appellation « Bloc minoritaire ») BM). En vertu de la violation de l’accord du 3 avril établissant la marche à suivre pour l’élection de ce dernier. Tel constitue le reproche fait au BMI par l’Accord de Montana relégué au BM par le BMI. L’accord du 3 avril stipule que les candidats à la présidence du CP doivent être soumis à l’examen de tous les membres indistinctement, protocole qui a été totalement ignoré par le BMI.

Par ailleurs, Fanmi Lavalas et le Bureau de suivi de l’Accord de Montana (BSA) s’érigent contre ce qu’ils appellent le « prétendu consensus » par lequel l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Fritz Bélizaire, a été élu Premier ministre. Dans ce contexte, le BSA avait adressé une correspondance officielle aux membres observateurs du CPT Régine Abraham et Frinel Joseph, dans laquelle sont soulevées des préoccupations relatives au processus qui conduit à l’élection du président de cette structure. Les protestataires attirent l’attention des membres du Bloc majoritaire du CPT sur les articles 4.1 et 8 du document.

L’accent est particulièrement mis sur les articles 4.1, 7 et 8 du document reconnu par tous les membres relatifs à l’organisation et au fonctionnement du Conseil présidentiel. Le BSA s’appuie sur l’article 4.1, qui stipule formellement : « le Conseil présidentiel est coordonné par l’un de ses membres faisant office de président du Conseil », choisi ou élu selon le « Document portant organisation et fonctionnement du Conseil présidentiel ».

Les articles 7 et 8 précisent que le processus électoral met l’accent sur le « consensus » comme moyen exclusif pour choisir le président du Conseil, doté d’une procédure distinctive, en cas d’absence de consensus.

Toutes les parties prenantes, qui ont été en pourparlers avec la CARICOM, ont participé au processus ayant accouché du concept de Conseil présidentiel. Mettant en veilleuse les moyens de choisir le président provisoire intérimaire, pour combler une vacance présidentielle, en cas d’incapacité du chef d’exécutif, ils estiment ce moyen avantageux pour satisfaire leurs ambitions personnelles. La formule de présidence intérimaire multicéphale donne naissance à plusieurs présidents en même temps, donc de gros avantages à plus de personnes à la fois. Dans le paysage politique post-Duvalier, où les millionnaires se construisent, aux dépends de la caisse publique et grâce à la corruption battant son plein, les nouveaux riches sont créés en série.

La communauté internationale, notamment les États-Unis, le Canada la France, et ceux dits « amis d’Haïti », en sus des Nations Unies, ne semblent pas trop s’émouvoir du scandale qui a éclaté au sein de leur créature, le Conseil présidentiel. On se demande pourquoi ils se complaisent dans leur silence. Si le secrétaire général des États américains (OEA) s’était, dans un premier temps, félicité de l’élection de Fritz Bélizaire comme Premier ministre intérimaire, et Edgard Leblanc Fils, en tant que président du CP, dans un second temps, il a dénoncé l’absence de transparence du scrutin par lequel M. Bélizaire est élu. Quant au président du Conseil présidentiel, la dénonciation du BSA contre lui ne laisse pas indifférents les pays tuteurs, qui gardent encore le silence au sujet du président Leblanc Fils.

Après la performance du 30 avril du Conseil présidentiel, qui a déclenché l’attaque du « Bloc minoritaire » contre le « Bloc majoritaire indissoluble », les États ayant contribué à la création de cette structure, illégale et illégitime, doivent se rendre à l’évidence que ces acteurs politiques haïtiens, leurs interlocuteurs, œuvrent uniquement afin de jouir du pouvoir et non pour résoudre la crise multidimensionnelle dans laquelle se débat le peuple haïtien. D’ailleurs, tous les membres du CP, expressions des groupes qu’ils représentent, ont les mêmes aspirations et les mêmes ambitions. Ils sont à couteaux tirés parce qu’en compétition en termes d’avantages à tirer pour chacun.

Les pays, qui se croient autorisés à infliger des sanctions contre des catégories socio-politiques, en Haïti, doivent se trouver en face de mercenaires d’un genre nouveau. Faut-il alors trouver d’autres moyens contre qui sévir ?

Dans la réalité objective de la situation, bien que créée, puis installée, la présidence du CP n’existe pas vraiment, car il reste encore à publier ses derniers actes dans le journal officiel de l’État, Le Moniteur. Cela doit attendre, on ne sait combien de temps, si jamais une telle décision arrive. Puisque, Edgard Leblanc Fils, qui a été élu président du CP par les quatre membres du Bloc majeur indissoluble, tarde à trouver les quatre votants nécessaires pour signer le procès-verbal de son élection. Il n’avait pas su produire ce document, à la demande du Bureau de suivi de l’Accord de Montana. Il semble qu’il soit encore dans l’impossibilité de le produire.

De toute évidence, les pays, qui ont participé à la création du CP, sont parties prenantes de ce scandale ayant éclaté au sein de celui-ci, en confiant cette responsabilité anticonstitutionnelle à la CARICOM, qui, à son tour, l’a assumée pleinement.

Si les Américains, leaders du monde occidental, aux Nations Unies, se donnent la responsabilité de fouler aux pieds la Constitution haïtienne, la construction du Conseil présidentiel entre dans le cadre de ses responsabilités. C’est donc délibérément que la communauté internationale a pris la décision de révoquer les moyens établis par la Charte fondamentale de notre pays, dans le choix d’un président intérimaire, pour remplacer un chef d’État frappé d’incapacité, ou autrement indisponible pour continuer à assumer ses fonctions.

Dans la mesure où la CARICOM a accepté la responsabilité de construire des institutions haïtiennes, en dehors de la Constitution haïtienne, à lui confiée par la communauté internationale, elle doit endosser, avec elle, toutes les conséquences qu’auront évoquées le peuple haïtien, auprès des entités juridiques responsables.

Aucun doute, la corruption trône partout, il faut la dénoncer sans réserve là où elle se trouve !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.