
Haïti a obtenu son indépendance plus d’un siècle avant le Kenya. Les membres du secteur privé qui ont écrit au président William Ruto pour demander l’envoi de forces d’occupation en Haïti ne le savent pas, car leurs descendants ont débarqué dans le pays après l’épopée de 1803 a Vertieres.
La France devrait rembourser des milliards de dollars de réparations à Haïti pour couvrir une dette que les anciens esclaves ont été forcés de payer en échange de la reconnaissance de l’indépendance de l’île, a déclaré jeudi une coalition de groupes de la société civile lors d’un sit-in.
Haiti, aujourd’hui appauvri avec des gouvernements de doublure mis en place par le Core Group, incluant la France, a été la première de la région à obtenir son indépendance en 1804, à la suite d’une révolte de personnes réduites en esclavage inhumain. Mais, dans une démarche que de nombreux Haïtiens accusent d’être à l’origine de deux siècles de troubles, la France a ensuite imposé de lourdes réparations pour les revenus perdus et cette dette n’a été entièrement remboursée qu’en 1947.
Le groupe d’une vingtaine d’organisations non gouvernementales actuellement à Genève pour le Forum permanent des Nations unies sur les personnes d’ascendance africaine (PFPAD) demande la création d’une nouvelle commission indépendante chargée de superviser la restitution de la dette, qu’il qualifie de rançon.
Selon eux, l’argent devrait servir à financer des travaux publics en Haïti, où un conseil de transition a été mis en place ce mois-ci dans le but de rétablir la sécurité après une période de violence dévastatrice perpétrée par des groupes armés.
« Ce qui est important, c’est qu’il est temps que la France le reconnaisse et que nous allions de l’avant », a déclaré à Reuters Monique Clesca, une militante de la société civile haïtienne qui coordonne les efforts.
Le ministère français des affaires étrangères n’a pas répondu immédiatement aux sollicitations de commentaires. La France, dont l’agence de développement a versé des centaines de millions de dollars à Haïti, sans laisser entrevoir des traces de developpement reel, a déjà parlé d’une « dette morale » à l’égard de ce pays.
Le montant payé à la France est contesté par les historiens, bien que le New York Times ait estimé la perte d’Haïti à 21 milliards de dollars. Les partisans de la proposition affirment que le montant est bien plus élevé.
« Il s’agit de 21 milliards de dollars, plus 200 ans d’intérêts dont la France a bénéficié. On parle donc plutôt de 150 ou 200 milliards de dollars, voire plus », a déclaré Jemima Pierre, professeur de Global Race à l’université de Colombie-Britannique.
Mme Clesca a dit espérer que cette recommandation et d’autres feraient partie des conclusions du forum des Nations unies, attendues vendredi.
L’année dernière, la PFPAD a suggéré la création d’un tribunal chargé d’examiner la question des réparations pour l’esclavage.
La campagne en faveur du versement de réparations ou d’autres formes d’indemnisation pour l’esclavage a une longue histoire et prend de l’ampleur dans le monde entier.

