Par Camille Loty Malebranche
La mégalomanie de classe est cette racine de la corruption criminelle et exterminatrice des fonctionnaires en Haïti…
Il est trois étrangetés qui, mentalement, culturellement bloquent et aliènent le rapport d’un bon nombre d’haïtiens à leur propre pays et qui vouent Haïti à l’opprobre depuis deux siècles :
1) le délire « bourgeoisiste » de certaines couches des classes moyennes.
2) l’idéologie quasi autoraciste de couleur d’une société qui n’aime pas son ethnie.
3) la tendance morbide au folklorisme rejetant la rationalité pensante et agissante face aux défis.
DÉLIRE D’ARRIVISME
Délire d’arrivisme soit du parvenu arrogant soit du moins que rien en mal de combler sa vacuité, ce qu’il convient d’appeler la mégalomanie « bourgeoisiste », constitue le premier mal autodestructeur d’Haïti, une mégalomanie de classe où l’élément de classes moyennes intronisé président ou ministre croit devoir dévorer toutes les ressources du pays pour montrer sa réussite! Un mal terrible, peut-être de tous les maux qui rongent Haïti, le plus terrible qui soit! Mais comme je dis ailleurs, c’est un pays où le pillage des caisses publiques a lieu sans pillard car tous les hauts et moyens fonctionnaires de l’État sont des hommes qui ont durement travaillé pour être riches, un peu comme cet ex ministre macoute rencontré à un café de Montréal qui se gonflait en se proclamant débilement « bourgeois »! Chose désopilante et idiotement méprisable à dire de soi, surtout quand on a été responsable de deniers publics dans un gouvernement dont le nom du président résonne comme l’un des pires détourneurs de fonds publics qui soit! Car là, il n’y a et ne saurait y avoir d’innocent, ne serait-ce que par complicité avec le grand criminel financier, pour ne pas dire le grand criminel tout court, héritier du plus vil criminel contre l’humanité de l’histoire récente d’Haïti.
Mais Haïti est le seul pays au monde, où le crime existe sans criminel! Là, nous sommes devant une pathologie de certaines couches des « classes moyennes » dont le but le seul but existentiel, c’est de singer les bourgeois et d’accéder à la fonction publique pour piller et devenir ce qu’ils croient devoir être. En passant, le mot bourgeois est un concept des sciences sociales et l’on n’est pas bourgeois seulement en étant riches de capitaux mais en étant producteur de biens ou de services commercialisés à un stade industriel élevé. Cela dit, rarissimes sont des bourgeois en Haïti, et cela, je parle sans considération morale car la morale et l’éthique concernent toutes les classes dans leur rapport à ce mitsein qu’est la société!
Je suis formel, il est un thanatos, une sorte de représentation mortifère de soi immanent au mental haïtien, qui condamne le pays à s’autodétruire, une folie des grandeurs que je pourrais appeler « bourgeoisisme simiesque » des classes moyennes. Là, l’on retrouve aussi ce qu’il faut appeler la « lumpénité » d’une bonne part de nos soi disant élites, autrement dit, les élites en haillons « lumpen bourgeoisie », « lumpen aristocratie ».
Je m’arrête ici, peut-être, reviendrai-je commenter les deux autres monstruosités autodestructrices de notre chère Haïti. Cela dit, elles parlent d’elles-mêmes comme celle que nous venons de survoler.
En attendant, comme je l’ai déjà écrit, je le rappelle : le monstre est en notre culture, notre weltanschauung (notre vision du monde, ici vision du pays, de notre rôle et de notre rapport à nous et à notre pays). Il s’agit de notre perception de nous-mêmes comme peuple, notre conception de nos liaisons matérielles et immatérielles c’est-à-dire institutionnelles, symboliques et mythologiques avec l’État, la Nation, mais aussi avec nos semblables, nos concitoyens.
Haïti (les haïtiens) doit changer la mentalité ou elle disparaîtra dans les abîmes abyssaux de ses errements mentaux suicidaires et de ses comportements bicentenaires autodestructeurs! Je sais, notre milieu aime la flagornerie des vices et la flatterie des corruptions, mais faudra-t-il que la génération montant foute le pied à ce cloaque des infamies pour en finir et penser la nouvelle Haïti!
Au lectorat intelligent et de bonne foi, salut, que Dieu vous bénisse!
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
