Le projet de la déconcentration de Port-au-Prince (Phase II)

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LE PROJET DE LA DECONCENTRATION DE PORT- AU-PRINCE

PHASE II

Par Paul Gustave Raphaël Magloire

Conseiller Spécial de la Transition de 2004

Ministre de l’Intérieur du Gouvernement Alexandre-Latortue

Mise à jour 4/6/2024

(LA PHASE II VISE PRINCIPALEMENT À CRÉER DES OPPORTUNITÉS POUR LES JEUNES EN HAITI À PARTIR DE VASTES PROGRAMMES DE FORMATIONS EN ENTREPRENARIAT ET EN TECHNOLOGIES, ET EN FACILITANT LA CRÉATION DE PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES DANS 40 MUNICIPALITÉS CIBLÉES, ET LA CRÉATION D’EMPLOIS DANS LE DOMAINE DE L’AGRICULTURE, DE LA CONSTRUCTION, DE L’INDUSTRIE, DE L’ARTISANAT, ET DES SERVICES TELS QUE LE TOURISME, LE TRANSPORT TERRIEN ET MARITIME, LE COMMERCE ET LE DÉVELOPPEMENT DES MÉTIERS LIÉS À TOUTES CES ACTIVITÉS DANS LES 5 GRANDES RÉGIONS DU PAYS)

PROFIL DU PROJET

Original : 20/06/2022

TABLE DE MATIÈRES

1-   Préambule : De la phase I à la phase II

2-   Développer un capital humain motivé et bien entrainé, supporter par 45 programmes de type formation continue en entreprenariat, en technologie, et en gestion de petites et moyennes entreprises pour 250,000 jeunes

3-   Une série de 90 programmes pour supporter la relance de l’économie d’Haïti à partir de 4 grands secteurs :

A)  L’agriculture, l’élevage, la pêche, la sylviculture, le jardin alimentaire, et les coopératives de distribution et de transformation agricole ;

B)   La construction de 40,000 unités de logements à prix modéré pour la classe moyenne, intégrés à des villages pour les touristes-résidents du troisième âge. Le système sera alimenté aux énergies renouvelables et sera doté d’infrastructures modernes ;

C)   L’établissement de fermes d’excellence, et des zones franches, de parcs industriels départementaux, appuyés sur 5 pactes industriels régionaux, et des réseaux de petits producteurs, et sur 3 complexes aéroportuaires ;

D)  La modernisation du secteur touristique et des services du transport en commun terrien et maritime, le commerce en site et en ligne, et le développement des métiers et des talents liés aux activités artistiques et de loisirs, grâce à des réseaux de coopératives et des micros entreprises.

4-   L’apprentissage dans le numérique commancera dès l’enfance.

5-   Un montage financier très attractif pour les investisseurs, les bailleurs et les donateurs, appuyé sur un fonds d’investissement de 2 milliards de dollars.

PRÉAMBULE : Pour donner de l’espoir aux jeunes haïtiens afin qu’ils restent chez eux et que la tendance à la sédentarisation de la population se matérialise, comme souhaiter par le Premier Ministre Ariel Henry au Sommet des Amériques, il nous faut un projet d’envergure et de dimension nationale avec des programmes s’exécutant sur 40 municipalités dans les 5 grandes régions du pays et dans 4 grands secteurs tels que l’agriculture, la construction, l’industrie et les services comme le tourisme, le commerce et le transport routier et maritime.

Ces programmes visent aussi à améliorer les conditions et la qualité de vie de la population en augmentant le pouvoir d’achat du fait que la plus grande partie des biens alimentaires consommés dans le pays sera produit localement. Un pays avec une économie qui exporte beaucoup plus qu’elle importe crée beaucoup plus de travail et de richesse pour toutes les couches sociales. Les municipalités sélectionnées pour faire partie de ce projet seront choisies sur des critères spécifiques et rigoureux en termes de location, population et potentiel pour une croissance rapide tant sur le plan économique que socio-culturel. En effet, elles seront sélectionnées pour devenir des communautés phares, modernes et prospères en un temps record. Ce sera le développement accéléré par excellence.

En 2004, un tel défi se présenta à Haïti qui était traversée par une crise complexe qui avait la capacité d’arrêter l’expérience démocratique jeune de moins de 20 ans. Car, toutes les institutions du pays étaient affectées. Les institutions politiques, les institutions économiques et les institutions sociales et culturelles n’arrivaient pas à conjurer la crise et une possibilité de guerre civile était latente. La communauté internationale, sur l’égide des Nations Unies, prit la décision d’intervenir militairement pour éviter l’effondrement de la société haïtienne, avec des répercussions désastreuses et couteuses pour toute la région. Différentes mesures furent adoptées pour encourager un redressement de la situation en Haïti, grâce à un consensus qui avait cautionné un gouvernement de transition pour une période de 2 années. Les autorités intérimaires avaient adopté des mesures de redressement sur le plan économique et social, pour apaiser la situation surtout dans les zones populaires, qui sans emplois, végétaient dans une condition de misère affreuse, très favorable aux déviances et au banditisme.

La communauté internationale approuva une aide financière d’environ $360 millions de dollars, dans le cadre d’une coopération intérimaire pour financer des initiatives de création d’emplois dans tout le pays, Le gouvernement intérimaire lança plusieurs projets pour redresser la situation économique en récession depuis plusieurs années et établit un cadre devant permettre la réalisation d’élections libres et inclusives afin de revenir à un système démocratique representatif dans le pays.

Le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales, (MICT) sous la demande du Premier Ministre, Gérard Latortue, lança le projet de Déconcentration de la capitale et de la modernisation territoriale à partir de couloirs de développement dans tout le pays, articulée sur 5 grandes régions :

1-     La Région du Grand-Nord

2-     La Région du Grand-Sud

3-     La Région du Grand-Centre

4-     La Région Transversale

5-     La Région de Port-au-Prince

Ainsi, de juin 2005 à juin 2006, toute une gamme de mesures avaient été adoptées pour accompagner les municipalités sélectionnées. Chacune d’elle devait chercher à développer les activités qui leur étaient propres afin de créer du travail pour leur population et augmenter la production et les services dans leur communauté. La déconcentration de Port-au-Prince, ou de la capitale du pays devint un projet majeur et viable assez rapidement. Ce projet, en fait résidait à l’Unité de Déconcentration du MICT, mais était en pratique un projet pivot autour duquel devait s’articuler d’autres projets d’envergure en collaboration avec un nombre important d’institutions du pays. Le plus souvent le MICT était devenu le maitre-d’œuvre de ces projets. Car, le décaissement des fonds du Cadre de Coopération Intérimaire (CCI), coordonné par un comité présidé par le Ministère du Plan, exigeait un collatéral que le MICT payait au nom des collectivités territoriales directement ou indirectement bénéficiaires. Mais, des membres du cabinet ministériel sur des réflexes partisans ont au début cherché à s’y opposer.

Parmi les institutions qui ont participé à cette stratégie on peut citer :

Le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF)

Le Ministère du Plan et de la Coopération Externe (MPCE) La Banque de la République d’Haïti (BRH),

L’Université d’État d’Haïti (UEH)

Le Ministère des Travaux Publics (MTPTC)

Le Ministère de la Santé Publique et de la Population LeMinistère de la Condition Féminine (MCF)

Le Ministère de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et du Sport LeMinistère de l’Environnement

Le Ministère du Tourisme

Le Ministère des Affaires Sociales (MAST)

Le Ministère de l’Agriculture et des Ressources Naturelles

Le Conseil Électoral Provisoire (CEP)

La Commission de Garantie Électorale

La Commission sur le Désarmement et la Réintégration

L’Électricité d’Haïti (EDH) »

La CAME

LA PHASE II DU PROJET DE DECONCENTRATION

La Phase II du Projet de Déconcentration et maintenant de Développement Régional serait lancé dans un environnent de politique internationale assez favorable pour au moins 4 raisons :

1-    L’évolution du banditisme en Haïti que la Phase I du projet voulait prévenir en créant des opportunités pour les jeunes, porte un risque de contamination pour les états voisins, surtout avec le trafic des armes et de la drogue, associé à cette activité.

2-    La guerre entre la Russie et l’Ukraine a un impact très négatif sur le niveau de vie de la population haïtienne et l’inflation qui en découle exacerbe les prix du carburant, des engrais et des céréales dans le pays. La situation va s’empirer sans un projet d’envergure.

3-    Les opportunités d’emplois s’amenuisent et les grandes vagues de jeunes qui laissent le pays, sous des esquifs, en absence d’espoir de trouver un travail, vont devenir de plus en plus importantes.

4-    Haïti est en meilleur position de trouver des fonds régionaux et internationaux pour financer un projet capable d’apporter des solutions à ces problèmes du fait qu’elle est devenue dans la presse internationale l’avatar des pays colonisés qui ont été victimes d’extorsion financière par les grandes puissances.

Il convient de noter que dans le cadre du Sommet des Amériques qui s’est déroulé à Los Angeles, Californie, au mois de juin 2022, les USA se sont engagés à apporter une assistance financière d’environ 2 milliards de dollars aux pays dont la population émigre illégalement vers les Etats-Unis à la recherche de meilleure condition de vie. Le Secrétaire D’État Américain, Antony Blinken a annoncé que les pays qui sont frappés par de telle situation peuvent appliquer pour obtenir de ces fonds. Ce projet pourra mettre Haïti en position d’éligibilité à ces fonds.

Le projet offre aussi une alternative économique et sociale aux jeunes qui, en désespoir de cause, se réfugient dans les activités de gangs. Le projet ne peut pas à lui seul estomper la vague de banditisme qui frappe le pays. Car, les enlèvements pour demande de rançons, les assassinats, et les actes outrageux des bandits contre l’ordre établi ne font qu’augmenter. Mais, quand les jeunes commenceront à voir des mesures rigoureuses adoptées pour combattre le banditisme, ils trouveront un avenir moins risqué dans ce projet.

PERSPECTIVES ENCOURAGEANTES

Ce projet a été discuté dans ses aspects agricoles, industriels et touristiques et aussi en ce qui a trait aux constructions qu’il génère, avec plusieurs instances internationales, avec des autorités haïtiennes, principalement du gouvernement de Préval et de celui de Martelly et aussi avec les autorités dominicaines. De tous les côtés les avis ont été très favorables.

1.     Projet de complexe touristique du Grand-Nord

(Voir pièce jointe)

Actuellement, très peu de nos produits agricoles sont dominants sur notre propre marché. Ils sont trop chers par rapport aux produits importés, mais conservent encore un label de qualité pour les connaisseurs. Notre production agricole utilise très peu d’engrais et d’insecticides et une grande partie des terres sont capables de satisfaire les normes de l’agriculture biologique, très en demande sur le marché international et touristique. Ceci pourrait être éventuellement utilisé dans le cadre d’une stratégie touristique ciblant une clientèle de plus en plus importante.

Dans un pays avec environ 1800 kilomètres de côtes et 72 villes et villages avec vue sur la mer, la pêche n’est pas encore exploitée de façon industrielle. Pourtant, le Passage du Vent, dans le Nord-Ouest, est le lieu de passage saisonnier d’une grande migration de poissons migratoires, principalement de thon très en demande sur le marché international. Ces ressources sont pourtant exploitées par des bateaux de pêche étrangers.

Les activités de production agricoles devront être aussi accompagnées d’une grande amélioration au niveau de la conservation et du commerce des produits des plantations, des jardins et de la pêche. L´agriculture peut inclure de la technologie pour se moderniser afin de créer du travail et nourrir la population et les millions de visiteurs que nous pouvons attirer chaque année dans le pays dans le cadre d’une politique touristique dynamique, en accord avec la République Dominicaine.

Les conditions infrahumaines dans lesquelles vivait la grande majorité de la population, même avant le séisme, étaient déjà terribles. Le déficit en termes de logements décents avoisinait environ 600,000 unités. Le pourcentage de la population active au chômage est encore à 40%, sans tenir compte du fait que la plus grande partie des jeunes du pays n’ont jamais travaillé de leur vie.

Une bonne partie de la population, à défaut de logis, vit dans des taudis de la pire espèce. Rien ne s’est vraiment amélioré depuis quelques temps en absence d’un programme de logement à grande échelle pouvant aussi créer des milliers d’emplois. Nul ne doit faire semblant d’ignorer ce qui se passe à la Saline, à Cité Soleil, à Grand-Ravine, dans les couloirs de Sainte Hélène, de Mackandal, de La Fossette et de Cité Léternel, les villages du diable de tous les enfers. Le pays est en fait un vaste bidonville à ciel ouvert. C’est la preuve de l’abandon d’une grande partie de la population. Le banditisme vient après l’abandon social dans tous les dictionnaires.

La sous-traitance orientée vers l’exportation crée de l’emploi à faible revenu, mais qui sont quand même des emplois. Et nous pouvons augmenter considérablement le nombre de ces emplois grâce à la multiplication des zones franches dans les 5 régions du pays. L’accent sera mis sur le développement du textile et en encourageant d’autres industries avec une plus grande valeur ajoutée à se répandre graduellement..

En dynamisant l’expansion de l’industrie touristique aux niveaux environnemental, culturel, médical et sportif, et, en apportant l’infrastructure et le financement nécessaire à travers les 40 municipalités sélectionnées, cela va attirer les jeunes entrepreneurs. Les professionnels et les petits entrepreneurs, par peur du climat d’insécurité à la capitale, cherchent des opportunités de plus en plus vers les villes de province. Le projet peut encourager cette tendance en apportant des infrastructures et du financement préférentiel pour les activités qui rentrent dans le cadre de ses 4 grandes priorités.

Les Haïtiens, sur le plan individuel comme sur le plan collectif, rêvent d’un lendemain meilleur pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Ils sont tenaces, créatifs, rudes travailleurs et ont l’esprit d’entreprise. Ils veulent garder l’espoir dans le futur, avec un sens de dignité. Ils veulent se sentir heureux chez eux en travaillant et en assurant une bonne éducation à leurs enfants. Ce qu’ils veulent, actuellement, c’est l’opportunité de participer et de contribuer à la reconstruction de leur cher pays.

2- Projet de complexe du Grand-Sud

(Voir pièce jointe)

Haïti, n’est pas seulement un très beau pays, mais il a également beaucoup de ressources et de richesses naturelles. Mme Leonel Fernandez de la République Dominicaine m’a dit, lors d’une rencontre en Floride alors qu’elle menait sa campagne auprès de la diaspora dominicaine pour la Vice-Présidence de son pays à côté du candidat à la présidence, Président Molina, que nous avons la plus belle partie de l’ile. Malheureusement… Malheureusement, quoi ? lui ai-je demandé. Elle a soupiré. J’ai deviné quelle voulait dire que nous avons, en effet, un si beau pays et nous ne savions pas comment l’apprécier, comment le développer après plus de deux siècles d’indépendance tumultueuse.

Le développement est un choix. Ce n’est pas le fait du hasard. Nous pouvons faire ce choix et gagner le pari, en construisant ensemble un Haïti démocratique, moderne et prospère.

QUE DIEU BENISSE NOTRE CHER HAITI !

QUE DIEU BENISSE NOTRE CHER HAITI !

QUE DIEU BENISSE NOTRE CHER HAITI 

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