L’histoire politique d’Haïti est une toile complexe tissée de transitions brusques et de gouvernements souvent éphémères. Parmi ces périodes mouvementées, la période allant de décembre 1956 à juin 1957 se distingue par une série de gouvernements éphémères, marqués par des bouleversements politiques et des enjeux permanents pour la stabilité gouvernementale qui se cherche aujourd’hui encore.
Joseph Nemours Pierre-Louis (12 décembre 1956 – 3 février 1957)
Lorsque le général Paul Eugène Magloire cède le pouvoir le 12 décembre 1956 sous la pression populaire, Joseph Nemours Pierre-Louis, président de la Cour de Cassation, lui succède en tant que président provisoire, conformément à l’article 81 de la Constitution de 1950. Son mandat est caractérisé par une tentative de continuité avec les politiques de son prédécesseur, en maintenant une certaine stabilité politique. Cependant, son mandat fut bref et marqué par des difficultés internes, notamment des désaccords au sein de son cabinet pour son refus de persécuter l’ancien président Magloire et ses partisans. Face à une démission collective de ses ministres, Pierre-Louis dut également démissionner, laissant un vide politique à combler.
Franck Sylvain (7 février – 3 avril 1957)
À la suite de la démission de Pierre-Louis, l’armée prend brièvement les rênes du pouvoir exécutif, avant que le parlement ne choisisse Franck Sylvain comme président provisoire. Sylvain s’engage à organiser des élections dans un avenir proche, mais son mandat est émaillé de controverses et de tensions politiques. Accusé de ne pas avoir agi efficacement pour contenir les troubles civils, il est contraint à la démission en avril 1957, suivi d’une arrestation et d’une assignation à résidence.
Daniel Fignolé (25 mai – 14 juin 1957)
La nomination de Daniel Fignolé, figure populaire et symbole de l’aspiration du peuple haïtien, comme président provisoire, intervient dans un contexte politique complexe. Malgré son soutien populaire, Fignolé est rapidement évincé du pouvoir par un coup d’État orchestré par la hiérarchie militaire. Cette transition brutale marque la fin d’une ère tumultueuse de gouvernements provisoires.
La période des gouvernements provisoires en Haïti, de 1956 à 1957, atteste des difficiles évolutions du pays dans sa quête de stabilité politique. Les luttes pour le pouvoir, comme c’est encore le cas en 2024, et les rivalités internes ainsi que les conflits entre fractions politiques pro-occupation, ont souvent entravé les efforts visant à établir une véritable gouvernance et à répondre aux aspirations du peuple haïtien. Malheureusement, l’histoire d’Haïti est une perpétuelle répétition.
