Port-au-Prince : la ‘’Révolution’’ de Guy Philippe et de Moise Jean-Charles veut-elle réduire le centre-ville en un amas de cendres fumantes ?
Depuis quelques mois, les luttes intestines pour le pouvoir en Haïti ont pris une tournure inattendue et d’une violence jamais expérimentée depuis le départ du régime dictatorial des Duvalier.
Les alliances et mésalliances se forment et se défont à un rythme vertigineux, avec pour visée d’accaparer le pouvoir qui est en train de s’échapper des mains du chef de facto démissionnaire, Ariel Henry.
La coalition éphémère constituée par EDE (Claude Joseph/Ouest), Pitit Dessalines (Jean-Charles Moïse/Nord) et FRN (Guy Philippe/Grand’Anse) n’ayant pas pu arriver à déloger Ariel Henry de la Primature au 7 février 2024, les deux derniers ont décidé de passer à la phase ultime, en déclenchant un mouvement violent baptisé ‘’Révolution’’.
‘’Nou mèt kraze peyi a, m ap ede nou rebati l’’, a lancé le leader de Pitit Dessalines à ses fidèles partisans.
Les gangs regroupés sous le label ‘’Viv Ansanm’’ n’attendaient que ce signal pour passer à l’action. Ils ont attaqué les plus grands centres carcéraux de la région métropolitaine de Port-au-Prince, libérant ainsi des milliers de détenus, dont de redoutables criminels et dealers de drogue.
Ils s’en sont pris également à l’aéroport international de Port-au-Prince, ouvrant le feu sur des aéronefs stationnés sur le tarmac. Ce qui a porté les lignes aériennes à annuler tous les vols vers Haïti et le Core Group à retenir à l’étranger leur bien-aimé PM de facto, Ariel Henry, qui était en voyage au Kenya.
Cependant, les assauts des groupes armés contre les bâtiments du Champs de Mars, la Présidence, la Cour de Cassation et le Ministère de l’Intérieur, ayant été repoussés à chaque fois par des unités d’élite de la Police haïtienne, Pitit Dessalines a décidé de rentrer dans les bonnes grâces de la Caricom et des États-Unis en délégant, après une quinzaine de jours de tergiversations, Me Emmanuel Vertilaire au sein du Conseil Présidentiel devant tenter de conduire à bon port la transition vers de nouvelles élections générales.
Entre-temps, la flambée de violence générée par cette phase de la ‘’Révolution’’, dont l’échec était prévisible, a laissé un gout amer au sein de la population. Des centaines de personnes ont été tuées et blessées, tandis que des milliers d’autres ont dû fuir leurs quartiers dévastés par des incendies criminels.
En dépit de la décision de l’ex-maire de Milot, de rejoindre les rangs du Conseil Présidentiel en formation, l’ancien rebelle anti-Aristide, de son coté, ne veut pas lâcher du lest. Il affirme qu’il entrera par tous les moyens au Palais National.
En effet, ces derniers jours, les gangs ont intensifié leurs ravages dans le centre-ville de la capitale, incendiant des établissements d’enseignement, des pharmacies, des centres hospitaliers et autres. Entre-temps, ils multiplient les assauts contre le siège de la Présidence et ont fini par occuper les locaux de l’Hôpital Général, désertés depuis quelques semaines.
Dans leur folie destructrice, ces terroristes semblent déterminés à transformer la capitale en un amas de cendres fumantes.
Qui arrêtera ce déchainement de violence?
Elensky Fragelus