CE QUE JE PENSE
INFINIES BÊTISES
Par Pierre Robert Auguste
Certains médias nationaux et étrangers présentent un peu déformée la situation de crise catastrophique haitienne et, conséquemment comme solution idéale, la proposition de la Caricom de constition d’un conseil présidentiel qui n’aura jamais une assise légale. Contre-vérités et bêtises, une fois émanées des oligarques de l’internationale, sont admises et soumises comme des contraires,de bonnes logiques, mais des sophismes au risque d’insulter l’intelligence.
Les bêtises deviennent infiniment leurs dans le dossier complexe haitien. L’esprit du bêtisier tendant à se répandre, on a vu un média prendre pour autre chose symbolique la visite d’arrivée au Ministre des affaires étrangères du nouvel ambassadeur américain, alors que, selon la convention de Vienne sur les relations diplomatiques, c’est une politesse obligatoire pour la remise de la copie figurée des lettres de créances. Ce n’est pas au nouvel ambassadeur de déterminer lui-même le cérémonial de présentation (date et autres) des dites lettres mais le service du protocole national. Cette présentation doit être faite au Chef de l’Etat.
Donc le nouvel ambassadeur américain devra attendre et s’abstenir de toute déclaration publique avant la prise officielle de ses fonctions. Si un autre ou d’autres ambassadeurs l’avaient précédé, il passerait après eux.
Autre bêtise : accord avec la Caricom
Qui est habilité à le signer ? Les auto-proclamés du conseil présidentiel non existant? Le Premier ministre séquestré en otage par les américains, qui agirait sous pressions? Le cabinet ministériel qui ne peut se réunir qu’en conseil de gouvernement et non en conseil des ministres, la présidence de la République étant vacante? Le Chef de l’Etat seul pourrait investir des pleins pouvoirs aux fins d’un tel acte majeur. Malgré tout, il faudrait une ratification solennelle du législatif. Il n’y a pas d’accomodation intellectuelle possible.
Cependant, s’il s’agit d’une opération de coercition forcée à la pointe des armées, on sautera d’une intervention humanitaire à une occupation militaire brutale. Alors, les forces armées d’occupation mettront de côté la Constitution de 1987, les lois nationales gênantes, les institutions embarrassantes, sachant que les cupides n’ont pas d’état d’âme, n’ont de rapport qu’avec le plus offrant dernier enchérisseur. La barbarie, chère au 19e siècle des nationalités, se renouvellera-t- elle en Haiti en plein 21e siècle ?
La communauté internationale tout entiere semble se tétaniser d’inconscience face à ce drame humain tragique qui menace la Première République noire du nouveau monde, pourtant un de ses membres emblématiques, promoteur de l’universalisme et de l’égalité des races humaines. Où est,avec Haiti, la solidarité des peuples africains, des Etats francophones etxdes Etats latino-américains? En saisissant l’assemblée générale de l’ONU, ils pourront faire dissiper l’amalgame entre action internationale contre l’insécurité et l’accaparement de la souveraineté nationale d’un pays. Boucs émissaires gagés d’une indélicatesse internationale grave, les paysets, petits pays de la Caricom ne se rendent pas compte de se condamner à subir demain le sort d’Haiti d’aujourd’hui. Ils entraînent dans leur aveuglément tous les collaborateurs d’Ariel Henri qui, plus préoccupés de ponctions budgétaires, n’ont pas compris que le nommer Ambassadeur, notamment dans un pays scandinave, lui éviterait toutes les humiliations de la séquestration et de l’infériorité morale. Le séquestré n’a point de volonté.
Il ne leur reste qu’une chose pour continuer à être : en appeler par une résolution formelle à la Cour de Cassation pour combler le vide de la Présidence de la République et mettre fin aux bêtises qui tendent dans cette crise à être infinies.
Gonaives le 2 avril 2024
Pierre Robert Auguste
Ex-Secrétaire d’Etat
