un billet de la rédaction

La légitimité d’une Constitution ou d’un dirigeant quelconque ne peut être garantie par des chiffres de vote manipulés ou par une apparente unanimité imposée.

La Constitution Haïtienne de 1985: Un Héritage Éphémère de Jean-Claude Duvalier

La lutte pour l’établissement et le maintien d’un cadre constitutionnel légitime et durable en Haïti a été marquée par une série d’événements tumultueux au cours des quatre dernières décennies. La Constitution de 1985, promulguée sous le régime dictatorial de Jean-Claude Duvalier, incarne l’une de ces tentatives controversées de réforme institutionnelle manipulée. Malgré le soutien apparent qu’elle a recueilli lors du référendum-bidon du 22 juillet 1985, cette constitution n’a pas survécu à l’épreuve du temps et de la volonté populaire et aux soubresauts de la politique haïtienne.

Le processus qui a conduit à la brève adoption de la Constitution de 1985 a été caractérisé par des éléments de coercition et de contrôle exercés par le régime en place à l’époque. Les résultats du référendum à la Lafontant, avec un taux de oui presque unanime de 99,98 %, témoignent de la nature contestable de ce processus. Comme l’histoire l’a démontré, la légitimité d’une constitution ne peut être garantie par des chiffres de vote manipulés ou par une apparente unanimité imposée.

Dans l’analyse de cet événement historique, les parallèles avec la situation politique contemporaine, notamment sous l’administration de l’apprenti-sorcier Dr Ariel Henry, ne peuvent être ignorés.

Jean-Claude Duvalier lui-même, conscient des enjeux entourant cette tentative de légitimation, à un moment où la marmite de la révolte bouillonnait, a exprimé ses convictions avant le référendum de 1985. Ses paroles, rapportées avec perspicacité par les archives historiques, reflètent une certaine résignation face à l’absence de véritable choix démocratique : « Kavalye pa chanje chwal li nan mitan dlo ». Cette déclaration souligne les limites de la démocratie sous un régime autoritaire qui façonne les résultats selon sa volonté.

Le parallèle frappant avec la situation contemporaine sous le gouvernement illégitime, illégal, de facto de Ariel Henry ne peut être ignoré. Malgré les différences de contexte et d’acteurs qui ont changé de place, les similitudes dans les discours et les pratiques politiques révèlent des motifs récurrents dans l’histoire politique haïtienne. Les récentes déclarations d’Ariel Henry, yon ti jako repèt ki di  » Yon Tranzisyon Pa Ka Debouche Sou Yon Lot Tranzisyon« , soulignant sa détermination à poursuivre son « mandat d’ une transition qui n’en finira pas« , résonnent avec une certaine obstination, rappelant les paroles du fils du dictateur endurci François Duvalier des décennies auparavant.

Cependant, la résistance populaire actuelle contre le régime en place indique un désir vif de changement et de légitimité démocratique pour un pays indépendant depuis plus de 200 ans. Les protestations et les manifestations qui secouent les rues d’Haïti, avant et après le 7 février 2024, expriment un rejet clair de la gouvernance autocratique d’Ariel Henry, illégitime, illégale et inconstitutionnelle. Les médias internationaux rapportent cet élan populaire, soulignant le souhait majoritaire des Haïtiens pour une transformation significative de leur gouvernement.

Dans ce contexte, le référendum constitutionnel frauduleux proposé par Ariel Henry, auquel l’activiste André Michel s’est fermement opposé en janvier 2021, et toute tentative visant à prolonger un pouvoir non légitimé par la constitution de 1987 en vigueur, risquent de rencontrer une forte résistance.

L’histoire éphémère de la Constitution de 1985 sert d’avertissement contre toute manipulation du processus constitutionnel, au détriment de la volonté populaire. Finalement, qu’est-il advenu le 7 février 1986? Le peuple haïtien avait-il finalement changé de cavalier et de cheval? Haïti, en tant que nation, mérite un cadre constitutionnel authentique et respecté, façonné par la véritable voix de son peuple, exprimée à travers des parlementaires élus légitimement et placés au-dessus des intérêts partisans, à l’issue d’une transition authentique ki pa ka tan’n ankò pour fermer cette vanne de sang.

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