ONU – Haïti : Türk met en garde contre l’aggravation de la crise des droits de l’homme tout en évitant de déclarer l’illégitimité d’Ariel Henry, décrié et inapte à diriger le pays

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Depuis le début du mois de février, la police haïtienne a démontré sa capacité à rétablir l’ordre dans le pays. Qu’il en soit ainsi dans la lutte contre les gangs, sans avoir besoin d’une force étrangère sous-traitante.

Le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a lancé vendredi un avertissement urgent concernant l’aggravation de la catastrophe en matière de droits de l’homme en Haïti, après que les chiffres aient montré que le mois de janvier a été le plus violent depuis plus de deux ans.

M. Türk, le défenseur des droits de l’homme de l’ONU, a toutefois évité de révéler qu’Ariel Henry, au lendemain du 7 février 2024, n’a aucune légitimité pour appeler au déploiement de forces étrangères en Haïti. Toute la classe sociopolitique, y compris les évêques haïtiens, réclament son départ du pouvoir, remettant en cause le déploiement du Kenya en Haïti, pays indépendant depuis plus de 200 ans. Le régime de Ariel Henry est accusé de connivence avec les gangs criminels, indique l’ecrivain haïtien Michel Soukar.

« La situation déjà désastreuse des droits de l’homme s’est encore détériorée, dans un contexte de violence incessante et croissante des gangs, avec des conséquences désastreuses pour les Haïtiens », a déclaré M. Türk.

Au moins 806 personnes, non impliquées dans les échanges violents, ont été tuées, blessées ou enlevées en janvier 2024. En outre, quelque 300 membres de gangs ont été tués ou blessés, ce qui porte le nombre total de personnes touchées à 1 108, soit plus de trois fois le nombre enregistré en janvier 2023.

La violence des gangs affecte toutes les communes de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Les membres des gangs continuent de s’affronter pour le contrôle du territoire et ont intensifié leurs activités dans les zones situées à l’extérieur de la capitale. L’intensité des affrontements qui, dans certains cas, ont duré plusieurs heures, pourrait indiquer que certains gangs ont récemment reçu de nouvelles munitions.

Les personnes vivant dans les zones contrôlées par les gangs ont été directement visées. Les gangs continuent également à utiliser la violence sexuelle contre les femmes et les filles comme une arme, et à répandre la peur en partageant sur les médias sociaux locaux des photos et des vidéos horribles de personnes tuées et de femmes violées.

L’impact de ce torrent de violence sur les enfants reste particulièrement préoccupant. En 2023, 167 enfants ont été tués ou blessés par balles. Certains ont été exécutés par des gangs ou des groupes dits « d’autodéfense » parce qu’ils étaient soupçonnés de soutenir des rivaux. Le recrutement d’enfants dans des gangs reste extrêmement préoccupant.

Dans ce contexte de violence généralisée, des manifestations de rue antigouvernementales et des troubles civils, soutenus par les partis politiques d’opposition, ont eu lieu ces dernières semaines dans au moins 24 villes du pays, y compris la capitale. Les écoles, les services publics et les entreprises locales ont été contraints de fermer.

Récemment, des éléments armés sont apparus, dont certains membres de la « Brigade de Sécurité des Aires Protégées » (BSAP), une entité informelle créée il y a plusieurs années par un organisme chargé des questions environnementales.

Si certaines manifestations ont tourné à la violence, avec le saccage de bâtiments publics et privés, l’usage inutile et disproportionné de la force par les forces de l’ordre suscite également des inquiétudes persistantes.

Entre le 20 janvier et le 7 février, au moins 16 personnes ont été tuées et 29 blessées, principalement dans le cadre d’affrontements entre manifestants et policiers.

Les policiers doivent toujours respecter les principes de légalité, de nécessité et de proportionnalité lorsqu’ils gèrent des manifestations, conformément aux normes des droits de l’homme, et les manifestants doivent exprimer leurs griefs de manière pacifique, a noté le chef des droits de l’homme des Nations unies.

« Chaque jour qui passe, de nouvelles victimes sont enregistrées. Aujourd’hui, plus que jamais, les vies haïtiennes dépendent du déploiement, sans plus attendre, de la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti (MSS), pour soutenir la police nationale et apporter la sécurité à la population haïtienne, dans des conditions conformes aux normes et standards internationaux en matière de droits de l’homme », a-t-il déclaré.

Outre la nécessité d’améliorer la situation sécuritaire, il est également essentiel de noter l’impact de cette nouvelle vague de violence sur l’économie haïtienne et la propagation de l’insécurité alimentaire. L’inflation élevée due à l’extorsion et aux barrages routiers a privé des millions d’Haïtiens de produits de base. Plus de 313 000 personnes ont été contraintes de fuir leur domicile. Nombre d’entre elles ont trouvé refuge dans des sites surpeuplés et insalubres, ce qui affecte leur capacité à accéder aux services de santé et d’éducation.

« Comme je l’ai dit à maintes reprises, si l’amélioration de la situation sécuritaire est la condition préalable pour briser le cycle des crises en Haïti, la stabilité à long terme ne sera atteinte qu’en s’attaquant aux causes profondes de la pauvreté, de la discrimination sociale et économique et de la corruption », a souligné M. Türk.

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