Pauvre Leslie : 19 juin 1988, coup d’État politique; 6 février 2023, trahison domestique

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par Henri Piquion

PAUVRE LESLIE

19 JUIN 1988 : COUP D’ÉTAT POLITIQUE

6 FÉVRIER 2023 : TRAHISON DOMESTIQUE

Henri Piquion

11 juin 2023

Selon ce qu’il a été pour moi j’aurais pu intituler cet article Pauvre monsieur Manigat, Pauvre professeur Manigat, Pauvre président Manigat. À une semaine du 35ème anniversaire du coup d’état qui a mis fin à son gouvernement et au vu de l’état actuel de notre pays, de penser à lui, à ce qu’il a été, à ce que nous aurions pu être, peut donner lieu à des réflexions qui se traduiront en actions.

19 juin 1988

Pauvre monsieur Manigat. Monsieur Manigat dit avec respect et déférence parce qu’il était aux yeux de la plupart de ceux qui l’ont connu l’un des rares hommes de bien dont le pays pouvait encore se vanter. Je ne parle pas de l’homme-encyclopédie qui pouvait parler de la musique haїtienne, de la peinture haїtienne, ou de tant d’autres sujets avec la même aisance et la même compétence qu’il parlait de Saint-Domingue, de Salomon, de la Navase ou qu’il établissait « Les Impératifs de la Conjoncture » radiographie d’une société malade et vision d’un pays à refaire. Il était un homme de bien par sa simplicité malgré l’immensité de son savoir et son éloquence, par la chaleur avec laquelle il accueillait les gens (les petites gens) qu’il rencontrait et qui disaient ensuite combien ils avaient été à l’aise en sa compagnie, non inhibés par sa personnalité malgré l’idée qu’ils s’en étaient faite avant. Pour son humanité il était et restera à jamais un homme de bien, un grand homme. Il sera pour toujours Monsieur Manigat.

Pauvre professeur Manigat. Professeur Manigat avec reconnaissance et gratitude parce qu’il fut l’un de ceux qui ont contribué à ma formation intellectuelle et scientifique (à celle de plusieurs autres) et à la rationalisation de mon patriotisme inné, héritage de plusieurs générations d’ascendants qui ont servi le pays avec amour et grandeur même en acceptant parfois de mourir pour lui. Le professeur Manigat n’a pas fait que donner des cours. Plus que cela, il a enseigné. Il a communiqué à ses élèves et à ses étudiants des connaissances, certainement, c’est-à-dire des faits établis, mais surtout des moyens d’appréhender ces faits, de les mettre en rapport les uns avec les autres afin de comprendre ce qui a été, d’expliquer ce qui est et d’ambitionner autant que de prévoir ce qui doit être. Mais il n’y a pas que les faits, les événements d’hier et d’aujourd’hui. Il y a aussi les hommes dans leurs comportements individuels et collectifs; il y a les groupes d’hommes dans leurs comportements de classes ou de corporations. Ces hommes et ces groupes ne sont pas seulement d’ici, ils sont aussi d’ailleurs. L’histoire est fondamentalement la scène où l’homme se construit et se produit. Elle informe les autres sciences dites « humaines » qui la pénètrent en retour pour lui donner sa coloration de temps et d’espace. Louis Althusser a parlé du « continent histoire ». On peut préciser que les sciences humaines en sont les territoires et les provinces pouvant être étudiés séparément pour des raisons pratiques, mais qui ne doivent pour aucune raison soi-disant méthodologique et surtout idéologique être détachées l’une de l’autre provoquant la parcellisation du continent. On doit commencer à penser que les dictatures et à une autre échelle les guerres et les entreprises coloniales résultent d’une compréhension atomisante de l’histoire. Le professeur Manigat ne l’a peut-être pas dit en ces termes, mais il a communiqué à ceux qui l’ont entendu le goût d’un pays global, totalisé, à aimer dans toutes ses dimensions. Le professeur Manigat leur a transmis une morale de solidarité citoyenne. Pour son enseignement il était et restera à jamais le professeur Manigat.

Pauvre président Manigat. J’ai plus d’une fois écrit et publié mon désaccord avec la « percée louverturienne » qui l’a amené à la présidence du pays. Il a toujours su ce que j’en pensais même si je ne me rappelle pas que nous en ayons explicitement parlé. Je n’avais aucun compte à lui demander, et s’il avait des explications à donner, il les devait aux citoyens haїtiens, pas à un individu. La compréhension d’une conjoncture politique commence par la constatation que la politique au quotidien est un univers de faits dont on va faire un point de départ s’ils peuvent amener au progrès ou un point de rupture s’ils représentent un possible recul historique. Dès le lendemain des « élections » je me suis dit que si elles avaient été « libres » (sic) et organisées dans d’autres circonstances les électeurs auraient eu à choisir entre Manigat et Bazin et que l’un ou l’autre aurait amené le pays au développement économique et social et en aurait progressivement fait un état de droit. J’ai considéré que malgré la tâche de la « percée louverturienne » tout le reste était possible et qu’il fallait aider Manigat à réussir ou au moins à ne pas échouer en pensant aux lendemains à venir. Je le lui ai fait savoir et j’ai accepté à la demande de Roger St-Victor de devenir l’éditorialiste du journal Le Progressiste Haїtien qui venait de remplacer Le Nouveau Monde trop identifié aux gouvernements des Duvalier. Le président Manigat, Roger St-Victor, Joseph Bataille, Lyonel Trouillot, le personnel technique et le personnel de soutien du journal et quelques amis personnels étaient les seuls à connaître le nom de celui qui signait chaque soir, 5 soirs par semaine, l’éditorial du jour. Même le Premier Ministre Martial Célestin et le Ministre de l’Information Roger Savain, mes patrons immédiats, ne connaissaient pas l’identité de l’éditorialiste du journal. C’est l’occasion de dire que pendant les 4 mois et demi qu’il a été le Président de la République Leslie Manigat ne m’a jamais demandé d’écrire quoi que ce soit sur sa personne, sur son gouvernement au quotidien ou sur sa politique à long terme. Jamais non plus je n’ai cherché à le rencontrer ni lui à me rencontrer pour discuter de la ligne éditoriale du journal. J’étais le seul à tenir ma plume et personne n’a jamais ajouté ou modifié un mot de ce que j’écrivais même si je discutais parfois avec Joseph Bataille qui connaissait le terrain et qui me disait occasionnellement d’aborder tel ou tel sujet qui faisait l’objet de conversations ou de préoccupations dans la ville.

Ce n’est pas par hasard que je me suis retrouvé éditorialiste du Progressiste Haїtien. Le jour des « élections » de Manigat j’ai parcouru pendant quelques heures les rues de Port-au-Prince. Elles étaient désertes. Je pouvais compter le nombre de passants que j’ai vus de loin. Ils me regardaient avec étonnement et peut-être hostilité comme si je ne devais pas être à l’extérieur. Aussi mon objectif en prenant le journal n’était pas d’en faire un journal de propagande gouvernementale mais un organe d’information et d’explication de ce qui se faisait, un outil pédagogique. Mon objectif intime, je dois l’avouer, était d’amener la population dans un délai raisonnable à concevoir que la façon dont Manigat était arrivé à la présidence n’empêchait pas que le reste fût possible. Le reste, comme il le disait et essayait à en convaincre la population dans ses « Ti koze anba tonnèl », était de « changer la vie », c’était l’augmentation progressive de la production nationale et l’indigénisation de cette production dont le produit sera par la suite équitablement distribué, c’était au moins un repas par jour, une école de qualité, un toit qui ne coule pas, des soins de santé pour tous, le reste, c’était la sécurité dans les rues et la quiétude dans les familles, le reste, c’était que les Haїtiens fussent pleinement Haїtiens dans un pays qui avait reconquis sa souveraineté et son prestige par le travail, la valorisation et le respect de soi.

Malheureusement 4 mois et demi après son investiture Manigat a été victime d’un coup d’état à la suite duquel j’ai dit et répété que le pays allait payer pendant longtemps l’individualisme de nos politiciens à courte vue qui ont refusé de soutenir Manigat sans se rendre compte que son échec éventuel était le leur et qu’ils bénéficieraient, le pays aussi, de la réussite de son gouvernement. C’était Manigat. Ça aurait été un autre, Bazin ou Deronceray, le pays était dans un tel état de pauvreté et de misère, d’instabilité politique et de désorientation idéologique qu’il fallait une mise en commun, même ponctuelle, de nos ressources organisationnelles et matérielles non pour sauver un homme politique mais pour sortir le pays définitivement de l’antipatriotisme militant qui nous a fait rater depuis 1902 toutes les occasions d’avancer et nous a fait expérimenter toutes les humiliations et toutes les déchéances. Pour faire d’Haїti une société solidaire. Contrairement à d’autres observateurs et à Manigat lui-même j’ai toujours prétendu qu’il s’agissait d’un coup d’état politique plutôt que militaire. L’armée n’a fait qu’achever bruyamment un travail de déstabilisation politique entrepris dès le 29 mars 1987 (malgré la bonne foi des plus de 90% des électeurs qui ont approuvé la Constitution pour un article) et dès février 1988 par les hommes politiques qui se sont comportés en politiciens et par les parlementaires élus en même temps que Manigat. Je l’ai souvent écrit et plus d’une fois j’en ai parlé au président qui n’a que très tardivement admis que tel individu auquel il pensait n’était pas le cerveau du coup d’état, que son gouvernement avait déjà été politiquement fragilisé. D’ailleurs des témoignages ont confirmé par la suite que c’est l’individu en question qui avait conseillé à Namphy de faire appel à lui dans la conjoncture de l’après 29 novembre. Ce coup d’état explique en partie, en grande partie, la dictature qui a pris racines dans notre pays depuis après 1988, d’abord sous la forme d’insécurité de plus en plus généralisée et de mieux en mieux organisée jusqu’à sa forme contemporaine de gangs armés. On parle des kidnappings et des viols pour faire semblant d’oublier que les bandits ont pris le contrôle des gouvernements et qu’ils ont constitué un état parallèle au-dessus des lois de la république. Nous sommes encore en train de payer la chute du président Leslie Manigat.

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6 février 2023

Le proverbe n’est pas toujours vrai qui dit qu’en connaissant qui tu fréquentes je saurai qui tu es. J’y ai cru sans examen quand j’ai écrit Le roi n’est pas mort, mais vive la reine en réponse à des observateurs qui prévoyaient le pire destin pour le RDNP après la démission de Leslie Manigat comme Secrétaire-général du parti et son remplacement par Mirlande Manigat. Que celle-ci ait été l’épouse de celui-là ne devait faire l’objet d’aucune considération, la question à se poser devait porter sur son patriotisme, son sérieux, son honnêteté pour mériter moralement d’être à la tête du pays et sur ses compétences intellectuelles et organisationnelles. En d’autres termes pouvait-elle donner au pays ce que le président Manigat lui avait promis. Oui ai-je répondu à ces deux séries de questions. Ayant plus tard appris sans surprise qu’elle allait se porter candidate à la présidence j’ai donc écrit N’ayez pas peur texte dans lequel, sans remonter à Cléopâtre, sans oublier non plus Ertha Pascal Trouillot, j’ai montré que beaucoup de femmes qui avaient été chefs d’état ou chefs de gouvernement ont été meilleures que la plupart des hommes qui avaient gouverné avant ou après elles. Sans citer le nom de Mirlande Manigat qui n’était pas encore officiellement candidate, je me suis adressé au Haїtiens pour leur dire de ne pas craindre que le pays soit mal dirigé si une femme sollicitait leurs suffrages. Ils ne devaient pas avoir peur de voter pour elle. Cet article fut suivi de plusieurs autres dans lesquels je donnais à mes compatriotes des raisons de voter madame Manigat qui, leur disais-je, et je le croyais, allais faire face aux multiples problèmes qui contrariaient notre avancement en tant que peuple, et qu’elle leur trouverait des solutions rationnelles. Article après article je présentais ces dossiers que tout le monde connait d’ailleurs soit pour en avoir souffert, pour en avoir entendu parler ou pour avoir pris connaissance des centaines d’études techniques consacrées à notre pays par les organisations internationales. Mon intention n’était donc pas de proposer un programme d’actions gouvernementales, Mirlande Manigat n’avait pas besoin de moi pour ça, d’autant plus que son mari avait déjà listé un certain nombre de pistes pour « Changer la vie ». Je voulais plus simplement, mais pédagogiquement, dire aux différents groupes d’intérêts, mais d’abord aux particuliers que tels ou tels dossiers qu’ils considéraient comme prioritaires étaient déjà sur la feuille de route de madame Manigat. Me souvenant qu’en décembre 1990 des partisans de l’ANDP et des amis de Marc Bazin étaient allés à la plage plutôt qu’aux urnes et avaient très tôt commencé à fêter la victoire anticipée de leur candidat pendant que les troupes du FNCD (Aristide) avaient pris d’assaut les bureaux de vote où ils intimidaient, terrorisaient même avec violence physique ceux qui attendaient leur tour pour voter, et même ceux qui avaient déjà voté, mais mal selon leur point de vue, me souvenant de ce dimanche 16 décembre 1990 j’ai écrit au moins deux textes Allez voter et Nous n’irons pas à la plage dimanche pour encourager à aller voter ceux qui voulaient que madame Manigat devienne présidente d’Haїti. Dans d’autres textes j’ai conseillé des méthodes courantes au Canada et aux ÉUA pour « faire sortir le vote » selon l’expression consacrée.

De Montréal j’ai fait au moins autant pour la campagne de Mirlande Manigat que plusieurs de ses collaborateurs en Haїti. Cela s’est su car bien avant la fin de la campagne plusieurs connaissances, dont des proches de la candidate, me voyaient déjà dans tel ou tel poste et me suggéraient quoi demander. Combien y-en-a-t-il qui m’ont dit de ne pas les oublier le moment venu. Cela voulait dire deux choses: La première est qu’on m’associait à la campagne de Mirlande Manigat, et ils n’avaient pas tort. La deuxième est que plusieurs qui ne me connaissent vraiment pas ont cru que je m’y étais impliqué dans l’espoir d’un retour d’ascenseur. Mon impression était que même la candidate l’a cru car lors de notre dernière rencontre deux jours avant le deuxième tour dans le bureau de Wilmine Raymond St-Pierre rue Capois quand je lui ai annoncé que j’allais retourner à Montréal dès après les élections elle m’a répondu de me préparer à revenir bien vite car « on va avoir besoin de vous ici ». J’ai tout de suite compris pourquoi on allait « avoir besoin de moi » et j’ai spontanément répondu ceci : « Je suis ici d’abord pour le pays, ensuite pour Leslie Manigat et finalement pour vous qui êtes la femme de Leslie. À aucun moment je n’ai participé à votre campagne pour avoir un poste. » Même si je me suis souvent reproché d’avoir répondu en ces termes qui paraissaient arrogants, je ne regrette nullement aujourd’hui d’avoir donné cette réponse, Pourtant je ne pouvais pas savoir en 2010 qu’il y aurait 13 ans plus tard en Haїti un Haut Conseil de la Transition et qu’elle en serait un membre important.

Où en sommes-nous? À l’arrivée de Michel Martelly au pouvoir, même si les pratiques politiques n’avaient pas changé de nature il y a eu une accélération remarquable dans les domaines de la corruption et du pillage des caisses de l’état. Pire que tout, la violence criminelle organisée dont les OP et les chimères avaient le monopole a été systématiquement prise en charge par le pouvoir politique et par des politiciens aux ordres de la bourgeoisie. Les kidnappings, les viols, les demandes de rançons, les incendies criminels sont devenus quotidiens. Les guerres entre gangs surarmés se sont multipliées, et le gouvernement complice et lâche leur a abandonné certaines des prérogatives de l’état en faisant croire qu’il voulait les combattre. D’où la demande adressée à la « communauté internationale » d’envoyer des soldats se substituer aux forces de l’ordre nationales pour combattre les gangs et ramener la paix et la sécurité dans le pays. Il est vrai que les bandes armées avaient fait de Port-au-Prince un « pays lock » où personne ne pouvait circuler en sécurité même pour aller à l’école ou à l’hôpital. Il est vrai qu’on apprenait chaque jour que tel parent, tel ami, tel ancien collègue ont été kidnappés et certains tués. Il est vrai qu’on apprenait en même temps que des femmes de tous âges ont été violées puis assassinées et leurs corps jetés aux chiens errants. Il est vrai qu’on apprenait aussi que des membres de le PNH, préposés au maintien de l’ordre, professionnels de la répression du banditisme s’enfuyaient devant les gangs quand ils n’en étaient pas des membres actifs. Il est vrai que plusieurs des habitants de la zone métropolitaine de Port-au-Prince étaient prêts à accepter n’importe quoi pour être libérés de l’enfer des gangs. N’importe quoi mais pas une occupation. Il est également vrai, et je l’ai reconnu, que NOU BEZWEN YON KOUT MEN de l’extérieur. Mais ce n’est pas ce qu’ont demandé Ariel Henry et ses ministres à la « communauté internationale » qui n’a pas eu la réaction qu’en attendait le gouvernement. Au contraire c’est la population qui a décidé de se donner le KOUT MEN en affrontant les gangs dans ce qu’elle appelle OPÉRASYON BWA KALÉ dont on ne peut pas à l’avance prédire l’issue. Il faut remarquer que ce KOUT MEN aurait pu (aurait dû) venir de l’intérieur sous une autre forme avec l’aide de la « communauté internationale » dont la contribution aurait pris la forme d’une assistance technique dans les domaines de la justice, de la défense et de la police. Ce n’est pas ce que Ariel Henry ni les gouvernements qui ont précédé le sien ont demandé. Ils ne peuvent pas se surprendre que lasse de mourir de misère et de violence la population ait opté pour l’auto-défense. Il est donc hypocrite de leur part d’avoir imaginé cette machine appelée Haut Conseil de la Transition pour faire diversion et faire croire aux citoyens que la situation les préoccupe alors que son unique objectif est de démobiliser le peuple engagé dans L’OPÉRASYON BWA KALÉ. Pendant que les membres du HCT se réunissent dans des forums sur l’insécurité et autour de tables bien garnies en vue d’aboutir à un « consensus national pour une transition inclusive (!!!) et des élections transparentes » les gangs bientôt embourgeoisés, premiers bénéficiaires de l’inclusion, futurs ministres, directeurs généraux, sénateurs, députés, maires, pourront continuer à violenter les citoyens à qui on aura enlevé ce mouvement de résistance et d’auto-défense. Le HCT est une magouille de plus pour désarmer le peuple et le maintenir en permanence dans la misère et la dictature.

Le HCT est tout le contraire de ce à quoi Leslie Manigat pensait quand il promettait de « changer la vie ». On peut lui reprocher sa « percée louverturienne », mais on reconnaitra qu’il l’a faite par besoin du pouvoir comme moyen et non par amour du pouvoir en soi. Il n’aurait pas fait n’importe quoi pour du pouvoir (quel pouvoir?) surtout pas d’aller copiner avec Ariel Henry moins de deux ans après l’assassinat du président Jovenel Moїse et seulement quatre mois après qu’il ait demandé à la « communauté internationale » de venir s’occuper des affaires du pays en l’occupant. S’il l’avait fait il eût pensé se trahir lui-même et qu’il trahissait en même temps tous ceux qui sont morts pour Haїti avec l’espoir que les générations à venir poursuivront leur œuvre et leurs combats. Il eût pensé trahir ce peuple maintenu dans l’esclavage de la misère et de l’ignorance, ce peuple insoumis qui a toujours résisté, même sous les occupations qui nous ont été imposées ou que des traîtres de chez nous ont sollicitées. Il résiste encore aujourd’hui à l’oppression des gangs et de leurs patrons dans le mouvement BWA KALÉ, spontané il est vrai, mais dont le message implicite est que la liberté ne peut s’acquérir que dans une lutte de libération indigène. Personne ne peut libérer personne et lui donner la liberté en cadeau. Leslie Manigat aurait considéré comme une trahison toute association avec un gouvernement illégitime qui entreprend une contre-lutte contre les efforts du peuple pour se libérer des gangs d’abord et finalement du corset de non-humanité dans lequel il est entravé. Les Haїtiens veulent être des hommes libres, c’est-à-dire des hommes tout court.  Leslie Manigat aurait trouvé le vrai nom du HCT : LE HAUT CONSEIL DE LA TRAHISON.

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