A l’annonce du mauvais temps, une mer menaçante achèvera sa course sur le rivage immobile, marquant sa retraite en caressant délicatement le ventre sablonneux pour y enfouir les déchets charriés.
Cette métaphore reflète la récente explosion de textes et discours, tous construits sous le prétexte du devoir de contredire des assertions et nouvelles que les mêmes auteurs auront préalablement contribué à produire. La liste des individus indexés par la justice haïtienne et ceux sanctionnés à l’international évoque étrangement un scénario de film des années 70, « Z ». Le citoyen sait que cette liste sera bientôt soumise à une sélection, épargnant d’un côté les habiles négociateurs, sacrifiant de l’autre les inutiles au projet, mais crédibilisant l’ensemble. Tout comme dans le fameux procès contre les Duvalier, le pays ne verra jamais l’ombre des montants qui lui auront été dérobés.
La question de l’éligibilité de Guy Philippe se pose, même si les élections ne sont pas à l’ordre du jour, sauf pour débattre de leur improbabilité. Pourquoi anticiper si tôt cette question, sinon dans l’intention de la suggérer ? Une visite du premier ministre au quartier général des FADH a été utilisée de manière surprenante pour faire croire à une remise de 30 millions de gourdes que les membres de l’état-major auraient gardés pour eux. Cette stratégie souligne l’inutilité apparente du ministre de la défense au sein du cabinet ministériel, nécessitant même la visite personnelle du premier ministre pour s’enquérir des besoins de l’institution.
La mutinerie sollicitée par les professionnels du désordre n’aura probablement pas lieu, en raison de la dépendance extrême du haut commandement envers le ministère de la défense, occupé par des ignorants de la chose militaire et des antimilitaristes avérés. Cependant, la mise à pied du directeur de la Bsap, unité ayant gagné la confiance de la population à Wanament, témoigne d’une absence totale de réflexion et de l’inexistence de stratégie au sein du gouvernement, à moins que l’objectif ne soit, contre toute logique, d’alimenter le chaos.
Les questions incontournables se posent : qui sont-ils et que veulent-ils ? Je sais que je ne suis ni indexé ni sanctionné, alors certaines choses doivent m’échapper. Cependant, ce dont je suis certain, c’est d’avoir observé chaque jour ces enfants des rues, de 6, 10, 16 ans, tenant une toile dans la main, offrant leurs services contre une aumône. Ces enfants, à qui on enlèvera bientôt ce morceau de tissu pour le remplacer par une pierre, puis par une arme contre la pierre. Ils sont nos fils, qui alimenteront les gangs, rendant impossible le retour à un État de droit. Sur cet aspect, à la question « qui sont-ils ? », je répondrais : ils sont NOUS ! Quant à « que veulent-ils ? », je suggérerais : discutons-en maintenant !
Pour les autres aspects, je me contenterai d’écouter les plus érudits.
Patriotiquement,
Ashley Laraque