La rencontre inédite des monarques saoudien et haïtien : Entre histoire, humour et « Tweets »

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L’Edito du Rezo

Dans le royaume d’Arabie Saoudite, berceau ancestral de la monarchie, une scène inattendue et pour le moins cocasse s’est déroulée vendredi dernier. Deux monarques, l’un saoudien et… l’autre, pour le moins inusité, haïtien, se sont rencontrés dans un ballet diplomatique teinté d’humour, de promesses et de particularités historiques.

Si l’un des monarques détient une légitimité ancrée dans l’histoire millénaire des Al Saud, l’autre, Ariel Henry, médecin de formation, s’est frayé depuis 2004 au conseil des sages de 7 gren’n 5, un chemin politique étonnant, à la manière d’un coup de théâtre contemporain. Dans l’arène politique haïtienne, les coups bas sont les ombres furtives qui dansent derrière le rideau des discours.

L’Arabie Saoudite, connue pour son fondateur Abdulaziz Al Saud, a vu émerger une monarchie solidement établie au fil des décennies. Cependant, cette stabilité contraste étonnamment avec les péripéties politiques d’Ariel Henry en Haïti qui s’est fait passer en juillet 2021, après le lache assassinat du « filleul », pour le digne héritier du bandi legal Michel Martelly. Les deux se cherchent un autre héritier tout comme en 2015, lors de la « deuxième tragédie électorale PHTK, » sous les yeux de l’OEA, des Nations-Unies, de la Minustha, de la Caricom…tous, se plaisent-ils les dents serrées, à répéter, les « amis » du peuple haïtien. Un mot qui a bon dos.

Ariel Henry, loin du modèle traditionnel, qui, depuis son lieu de villégiature, se permet au Jour de Vertières, à travers des diatribes pré-enregistrées, de prodiguer des leçons de patriotisme à ceux refusant de courber l’échine, est parvenu au pouvoir non par les voies classiques mais par un tweet retentissant du Core Group, un « syndicat d’ambassadeurs », dirait le Sénateur Joseph Lambert sanctionné par ses « amis de longue date ». Un « tweet » qui a résonné tel un écho politique, le plaçant sur le devant de la scène sans mandat préalable, mais avec une confiance indéfectible en la pérennité de son règne que lui font croire André Michel, Edmonde Beauzile…

Dans leur rencontre pleine de… pardon, d’harmonie, l’on suppose, les deux monarques, le faux du vrai, ont échangé des anecdotes sur l’accession au pouvoir. Si Ibn Saud pouvait se targuer d’une unification tribale complexe, Henry, lui, avait pour alliés l’OEA, BINUH et un zeste d’ingéniosité politique cynique. La comparaison entre les deux ne s’arrête pas là. Alors que le prince héritier saoudien, Mohammed bin Salman, façonne l’avenir de son royaume avec des réformes audacieuses, jusqu’à envisager de se lancer dans l’organisation du Mondial, Henry, conseillé par Isabelle Salvador sur recommandation de La Lime, envisage de tenir des élections, un concept quelque peu étranger à son homologue saoudien.

Cependant, le ton humoristique de cette rencontre ne doit pas faire oublier les enjeux sérieux qui se dessinent. Ariel Henry, inspiré par une ambition quasi-royale, souhaite organiser des élections à la manière des scrutins de 2010 et 2011, avec la ferme intention de placer son héritier sur le trône. Une démarche légitimée, bien entendu, par le soutien de l’OEA, l’ONU, BINUH, CARICOM et d’autres acteurs internationaux qui semblent étonnamment enclins à participer à cette farce politique sans les haïtiens.

Cette rencontre improbable des monarques arabe et haïtien, entre une tradition séculaire et une modernité politique inattendue fruit de conciliabules entre copains-coquins, offre un tableau unique où l’humour et l’histoire se rencontrent. Deux mondes, deux approches, mais une certitude persiste : dans les méandres de la politique mondiale, parfois, un simple « tweet » peut écrire l’histoire d’un royaume, même si ce royaume est maintenu en équilibre précaire par la tolérance du peuple haïtien, dont les réactions demeurent imprévisibles.

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