15 octobre 2025
Dialogue entre le mouvement de construction d’un canal sur la rivière Massacre à Ouanaminthe (Haïti) et le projet de Ciudad alternativa de Ciénaga et los Grandules à Santo Domingo
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Dialogue entre le mouvement de construction d’un canal sur la rivière Massacre à Ouanaminthe (Haïti) et le projet de Ciudad alternativa de Ciénaga et los Grandules à Santo Domingo

Dialogue entre le mouvement de construction d’un canal sur la rivière Massacre à  Ouanaminthe (Haïti) et le projet de Ciudad alternativa de Ciénaga et los Grandules à  Santo Domingo.

Hancy PIERRE,Professeur de Travail social et spécialiste en Relations Internationales.

Le présent article tient lieu à  nous interpeller sur les débats autour de la planification technique versus la planification participative dans le cas de la construction d’un canal à partir de la Rivière Massacre en vue d’arroser 3,000 ha de terrains de la plaine Maribaroux.C’est aussi l’occasion de relier deux expériences de populations locales de deux pays différents autour des problèmes de travaux publics.Il s’agit du projet de Ciudad Alternativa autour de la rivière Ozama à Santo Domingo par rapport au projet de déguerpissement de la part du gouvernement dominicain d’alors à l’encontre des pobladores qui vivaient dans la Ciénaga.Puis, pour ce qui concerne l’expérience haïtienne, nous nous référons au mouvement de Ouanaminthe visant à contruire un canal sur la rivière Massacre qui est  objet d’interdiction du gouvernement dominicain.

Il est intéressant de voir coïncider deux expériences autour de rivières en l’occurrence la Rivière Ozama et la Rivière Massacre respectivement en République dominicaine et en Haïti.En effet,le mouvement de Pobladores lié au projet de Ciudad Alternativa remonte à 1996 alors que le mouvement de Ouanaminthe est en cours de développement depuis la première quinzaine du mois d’aout 2023. Nous voudrions mettre en exergue la méthodologie de planification participative dans le cadre de Ciudad Alternativa pour éclairer l’expérience de Ouanaminthe et en même temps explorer les alternatives de concertation entre des mouvement sociaux dominicains et ceux d’Haiti en guise de garantir le bien être des habitants transfrontaliers menacés dans leur intégrité sociale, économique et identitaire.

Le volontarisme et l’action politique ont guidé les deux expériences tel est un des points de leur convergence.Les travaux ont été aussi jugés en marge des standards techniques et de l’intervention de l’Etat.Il est un fait que l’Etat se présente généralement comme un ennemi commun aux mouvements sociaux qui se caractérisent par le principe d’opposition et celui du changement.Dans le cadre du néoliberalisme la participation est à la remorque du plan technocratique.Ainsi l’argument technique tend à prendre le dessus des expériences populaires et démobiliser les populations en situation.On comprend alors le poids de  l’argumentation technique pour convaincre le mouvement social de Ouanaminthe et l’Etat haïtien à abandonner le projet dans une ambiance de ferveur de la participation communautaire.En effet, les politiques publiques ne sont pas de l’apanage exclusif de l’Etat au regard de la planification technocratique ni des intérêts ou de la raison d’Etat.Les populations peuvent à partir de la base et des mouvements sociaux influencer les politiques publiques et les politiques étrangères peu importe le role régalien conféré à la présidence, aux chancelleries en particulier.Faudrait-il sous- estimer de “groupes de particuliers” tel qu’étiqueté le mouvement de Ouanaminthe autour de la Rivière Massacre.D’où notre leitmotiv à susciter le débat intellectuel et universitaire sur le contentieux autour de la Rivière Massacre et la recherche de pistes pour une relation dialogique entre les deux peuples aussi bien qu’entre les deux Etats.

 A présent, il revient de circonscrire l’expérience de Ciudad Alternativa autour de la Rivière Ozama à Santo Domingo comme réponse à un décret du gouvernement pour interdire des occupations des pobladores des abords de la Ciénaga pour construire des logements insalubres. Il a été en la circonstance déclenché une vaste mobilisation de pobladores ayant l’appui d’autres secteurs de la société dont des églises, des universitaires, des architectes, anthropologues, artistes, étudiants et ONG. Des tensions sont permanentes dans le processus d’articulation des savoirs populaires et des savoirs techniques. Le dialogue, la transparence et l’honnêteté ont été des atouts à la réalisation du projet qui est parvenu à avoir l’appui de l’Etat et la révocation du décret de déguerpissement. Mais ce n’était pas facile à l’Etat de consentir un investissement dans la participation populaire à travers la planification participative. Tout a abouti à un projet de rénovation adéquat qui traduit les aspirations de la population au moyen  de la médiation des universitaires dont des architectes, anthropologues et travailleurs sociaux dans leur relation dialogique avec l’Etat et la société civile.

L’experience de Ouanaminthe pourrait être guidée par celle du  Mouvement de Pobladores autour de  Ciénaga. Ce qui serait un prétexte et une porte d’entrêe dans des relations de dialogue avec les mouvements sociaux dominicains pour porter les deux Etats à dêfinir des politiques étrangères au bénéfice  des deux peuples et  pour le bien-être des habitants transfrontaliers. Ce, dans le respect mutuel au regard des principes de souverainetê, d’intêgritê et d’indêpendance.

Le mouvement de Ouanaminthe a evolué. Le volontarisme tend à  cohabiter avec la stratêgie technique de professionnels de l’ingénierie et de l’architecture et aussi à l’êcoute des universitaires. La solidarité va au-delà de Ouanaminthe et des forntières haïtiano-dominicaines. Le nouveau comité de la société civile autour du CANAL aurait opté pour le dialogue, l’honnêteté , la transparence et la médiation avec d’autres secteurs et l’Etat haïtien.

Repères bibliographiques

 -Angela Miles  (1987)“Réseau mondial et mailles locales:l’alternative du mouvement féministe” in Juan-Luis Klein et autres ( sous la direction de) (1987), Au-delà du néolibéralisme.Quel role pour les mouvements sociaux?Presses de l’Université du Québec, Québec.

-Seno A. Cornely (1987), “planeamiento tecnocratico o participativo.Diferencia de estilo o de sustancia?in Revista Accion Critica

-Alain Touraine (1984), Le retour de l’acteur, Fayard, Paris.

-Luiz Augusto Tigu (1999), “Una experiencia de participacion colectiva.El plan Cigua.Entrevista a Andres Navarro”. In revista Estudios sociales no 115 , Enero -Marzo 1999, Santo Domingo.p 21-44.

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