La Mesquinerie, cette dégénérescence existentielle…

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Par Camille Loty Malebranche

Le mesquin est un miséreux dans l’être, qui bloque et entrave l’effort d’autrui à l’élévation. La mesquinerie est le recours à l’ostracisme et au freinage crapuleux de toute sortes contre autrui par le mesquin trop fragile dans son statut et trop inconfortable dans ses privilèges pour laisser l’autrui de valeur atteindre son potentiel. Creuser maladivement des abîmes imaginaires et dresser des murs fictifs de haine, pour empêcher le succès des autres dont il se sent inférieur, voilà du mesquin, l’existentielle démarche qu’il pratique avec sinistre ferveur, comme une religion pathologique, comme un culte maléfique et pathogène.

La société bourgeoise de consommation, parce qu’elle excite des inepties de classes, avec son entêtement de performance et de compétitions forcenées le plus souvent injustes voire déloyales, est un terreau de tératogénie mentale et de contamination caractérielle, où prolifèrent des mesquins comme du champignon vénéneux dans un terrain toxique.

Parmi les tares de civilisation, la mesquinerie est sans doute la pire pierre où achoppent les rapports humains, les relations interclasses ou interpersonnelles par les aspérités artificielles des haines latentes et irrationnelles et des discriminations les plus bâtées.

La mesquinerie et sa peste infectieuse envahit les familles et crée de fausses dissensions entre proches parents excités par l’idéologie globale en leur propre bêtise d’un respect et d’un amour qui ne se donnent qu’à condition de réussite sociale. Le mesquin, c’est aussi ce prétendu ami qui croit dominer, vous dominer et veut vous imposer ses vues d’aliéné, vous infliger « se » qu’ils sont – le sujet assujetti qu’ils sont – d’un système qu’ils défendent et promeuvent sans même en prendre conscience! J’en connais qui sont de purs tyrans inassumés, sournois arrogants, faux camarades qui vous suggèrent ou pire, vous impatronisent le fonctionnement collectif avec les inepties et comportements idéologiques, économiques du système qu’ils posent en ultimatum de leur amitié! Ah! Infecte interaction! La fréquentation d’un mesquin est toujours une gageure qui se termine souvent en malentendu, heurt et blessure! La mesquinerie est si proche de l’aliéné social qui, au lieu de combattre l’ordre systémique malfaisant, s’acharne stupidement sur son semblable! Comme à l’allégorie chrétienne du pourceau et de la perle, le mesquin agresse l’amitié donnée pour les immondices du cloaque idéologique des réflexes.

La mesquinerie, cette déchéance haineuse du dépassement intrinsèque, semble devenir la seconde nature de l’homme de la civilisation matérialiste, englué qu’il est dans les faux dépassements, les ersatz mégalomanes du délire de puissance. Serait-ce parce que l’homme tristement collé à la banalité illusoire de l’éphémère, est rapetissé, amenuisé, vidé de tout statut de personne et figé dans son individuation!?

Vide et Béance existentielle

En fait, la mesquinerie n’est autre chose que l’expression du vide intérieur, de la béance où l’individu et la société contemporaine se tassent si effacés, si ténus, qu’ils en finissent par ne plus vouloir être, se réfugiant dans la haine de toute élévation, de toute consistance. La mesquinerie, cette tare par excellence de la société bourgeoise qui voit particulièrement se multiplier les petits-bourgeois comme race prolifique-prolifératrice, est l’incapacité quasi aboulique d’élévation, doublée de la haine de tout ce qui est spirituellement ou intellectuellement grand et authentique. C’est la triste reddition de l’individu à la logique des bas-fonds, une sorte de syndrome des abîmes. C’est la résurgence de l’homme des cavernes, incapable de dépasser le stade du reflet pour être substance. Miséreuse ombre ne pouvant ni ne voulant même pas être âme, taraudée dans ce que j’appellerais son aboulie ontologique!

Nous ne surmonterons les légions de mesquins et leurs platitudes pourrissant la vie d’autrui, que par une autre société axée sur l’homme et non sur les objets de consommation où le corps et le mental sont eux-mêmes marchandises et où l’establishment attise l’attachement des individus à la valeur d’échange, aux titres et aux réflexes de classe ou d’intérêts platement égoïstes. Une société dont l’effigie ne sera pas la mesquinerie érigée en valeur de dispersion des individus pour le contrôle des cerbères systémiques.

Que, par-delà la tour carcérale de l’actuelle mentalité systémique d’horreur et de déshumanisation, surgissent la projection et le rêve d’une société désaliénée et humaine!

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
https://intellection.over-blog.com/article-de-la-mesquinerie

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