Par Pierre Robert Auguste (PRA)
Si l’autorisation par le Conseil de Sécurité de l’ONU de la force multinationale s’aligne
facilement à la théorie onusienne de protéger un État membre, il faut, au-delà de toute
émotion satisfaisante, s’interroger sur les manquements de cette résolution.
En limitant l’appui à une seule institution sécuritaire du pays, la PNH, alors qu’il y en a deux, la résolution ignore les FADH, pourtant constitutionnellement chargées de la défense de l’État national. L’atteinte ne peut être plus intentionnelle contre la dignité du pays et, conséquemment, contre l’esprit de la Charte de l’ONU garantissant la souveraineté, l’autodétermination de chaque État membre, pleinement responsable de l’organisation de sa propre sécurité. Cette disposition de la charte onusienne est tronquée aux dépens d’Haïti et sa geste sublime de 1804 réalisée par l’unique armée indigène, renversant l’ordre mondial injuste de l’esclavage et universalisant les droits de l’homme. Quoi qu’on veuille, on ne pourrait ensevelir l’acte héroïque du 1er janvier 1804.
Attendre trois mois pour être effective, l’intervention internationale ne se crédite d’aucun
sérieux. Ou bien les décideurs internationaux ne mesurent pas l’ampleur du danger qui pèse sur le peuple, ou bien ils versent délibérément dans la dramaturgie de faux semblants caractéristique des interventions de l’ONU en Haïti. L’assemblée générale des États membres doit pouvoir demander compte des résultats effectifs et non virtuels ou surfaits sortis de laboratoires commandités.
Entretemps, préfigure-t-on ce que peuvent faire les gangs-terroristes? Croit-on qu’à l’annonce de l’envoi des forces internationales, ils vont se réfugier dans des cachettes?
On est plus près d’une nouvelle tour de Babel, figurative de cette intervention que de réponses claires, réfléchies d’une opération sincèrement dévouée dont la subsidiarité félonne conduira à l’imposition d’une constitution préfabriquée et du choix de nouveaux dirigeants, qu’on appellera à proprement ou mauvaisement parler une nouvelle classe politique. Tout est fait pour ça et non prioritairement pour la sécurité nationale. Il nous dira c’est notre affaire. Qui peut?

