Rivalité, vanité violente d’egos égaux en leur banalité…

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Par Camille Loty Malebranche

Le besoin de rivalité tient en général de la trivialité d’une sensibilité d’asthénie existentielle, de banalité de soi qui pousse aux conflits de personnalité comme pour se signifier à soi-même.La rivalité ne naît que lorsque deux individus mutuellement banals, réciproquement insignifiants se cherchent une différence non dans l’intrinsèque mais par la vanité de critères qualitatifs plats sans importance. Dans le cas contraire, il y aura agressivité, haine de la part du taré en mal de conflits mais pas de rivalité, même en cas d’agression infligée à celui qu’il prend pour cible, qui, néanmoins devra se défendre si nécessaire…

Deux imbéciles qui achètent des voitures chères pour se « mesurer » comme si une voiture était une unité de mesure du mérite humain, deux femmes qui exhibent leur arrière pour voir laquelle attirera plus de regards mâles sont l’illustration du nivellement vulgaire et de caniveau de l’objet extrinsèque de la rivalité qui est toujours insanité d’égos égaux dans leur banalité, vanité de la bassesse du sentiment, platitude du regard sans vision, misérabilisme de la conscience lamentable. Quand il y a conflit idéel, idéologique ou méthodologique, il n’y a pas de rivalité mais combat pour des valeurs. Un chrétien affirmera sa foi et la charité contre le matérialisme philosophique sans être en rivalité avec ceux qui prônent ce matérialisme; le but étant de faire primer une vision et non de se mesurer extrinsèquement à la personne des matérialistes. En science, c’est la démonstration des hypothèses qui tranchera en cas de désaccords entre scientifiques ou écoles et non la personne desdits scientifiques, à moins qu’ils délaissent la science pour s’abaisser à comparer la marque déposée de leurs instruments. En politique, l’idéologie n’est pas rivalisante mais persuadante et, s’il le faut, révolutionnaire. Un philosophe comme un idéologue politique tout en combattant l’idée adverse ne cherche pas à se mesurer à la personne des tenants du contraire. 

En dehors du champ vil des conflits de personnalité propre aux rivaux de tous acabits, il est à remarquer que les pires heurts entre les hommes ou les catégories humaines siéent toujours à l’altérité prochement ressemblante que très peu différencie. Quand l’autre n’est pas tout à fait autre et que la différence, en un rien de circonstance et de temps, peut s’effriter imperceptible, la place de cet autre devient comme la place du rival qui se reconnaît tant et tellement audit autre, qu’il s’y confond lui-même.

Les hargneux de rivalité, pour revenir à cette tare humaine, sont des inconfortables en crise d’identité, qui veulent prendre forme par l’éviction de leur sosie leur rappelant leur grise évanescence, leur morne inessentialité comme soi disant différents, leur absence de signes forts comme signature de leur être sans ipséité significative et voguant dans la quasi indifférenciation. Car les hommes d’importance, à signatures puissantes, sont des eccéités sans équivoques; ils ont des envieux, des contempteurs, des imitateurs avoués ou hypocrites, des plagiaires éhontés, des haïsseurs morveux, des dénigreurs médisants, des diffamateurs baveux, bref, des boycotters aigris crapuleusement ostraciseurs, des baragouineurs hurleurs et toutes sortes de ruminants complexés d’infériorité avec leur rumination scolaire ou vulgaire, mais pas des rivaux. Il est donc fondamental de distinguer, les rivaux, ennemis semblables, des envieux et complexés d’infériorité qui persécutent et cherchent à nuire à ceux qui leur sont trop supérieurs et qu’ils ne peuvent tenter d’atteindre qu’en essayant de les détruire… Mais la grandeur d’un homme d’exception est inattaquable, et ses admirateurs, même silencieux, sont légion malgré la bruyance de la horde des balourds et des matamores faisant mine de pouvoir le dénigrer, cherchant vainement en leur turpitude à le ravaler.

L’esprit d’envergure, la personnalité vraiment marquante transcende les petites platitudes de la rivalité courante car ils ont peu de pairs et leurs conflits avec autrui, quand cela arrive, sont strictement idéels mais jamais de personnalité, n’étant en aucun cas superficiels. D’ailleurs, la solitude des sages et des génies, même entourés de la cohue, tient précisément à leur extrême rareté, l’unicité d’expression de leur prestance existentielle marquante, remarquable à leur empreinte puissamment différente qu’identifient ceux qui en ont la hauteur de réceptivité.

L’altérité au milieu des altérités au niveau de leur expression d’eux-mêmes, est la grandeur des génies, des sages, des hommes et femmes d’exception, toujours extraordinaires et bien plus autres que les autres semblables qui caractérisent et forment l’espèce en général.

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
https://intellection.over-blog.com/article-rivalite-et-evanescence-112411708.html

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